Skip to content Skip to sidebar Skip to footer

Critique : Ma Maman est en Amérique

Sur CloneWeb, nous suivons le développement de Ma Maman est en Amérique depuis bien longtemps. Après avoir découvert la bande dessinée, en 2010, nous avions fait un saut au Salon du Livre Jeunesse de Montreuil pour y découvrir les premières images. Un autre salon l’année suivante nous a permis de rencontrer le dessinateur Emile Bravo. Puis sont arrivés Annecy et les premières images publiques.

L’attente était donc à son comble et la peur de la déception tout aussi importante. Nous avons enfin pu voir le film. Il sort le 23 octobre dans les salles en même temps que Gravity.

Et on peut d’ores et déjà le dire. Ne choisissez pas. Allez voir les deux.

 

Ma Maman est en Amérique, elle a rencontré Buffalo Bill est à l’origine une bande dessinée signée de Jean Regnaud, également auteur des aventures d’Aleksis Strogonov et de son camarade dessinateur Emile Bravo à qui l’on doit les Épatantes Aventures de Jules mais aussi le sublime Spirou Journal d’un Ingénu. Après avoir travaillé ensemble sur Strogonov dont trois tomes sont disponibles, ils ont mis en images cette histoire très très inspirée de la véritable enfance de Jean Regnaud et récompensée par le Prix Essentiel d’Angoulême en 2008.

Ce n’est pas une bande dessinée comme les autres. Les dessins façon ligne claire de Bravo laissent penser qu’il pourrait s’agir d’une histoire très jeune public mais c’est en réalité un album pour tous qui est réalisé. On y suit, chapitre après chapitre, les aventures d’un jeune garçon dans une petite ville française des années 70. Chaque chapitre est consacré à un personnage ou à une situation et est suivi par un interlude avant de passer au suivant. L’interlude est en réalité une histoire fil rouge dans laquelle Jean reçoit, via l’intermédiaire de sa jeune voisine, des cartes postales de sa maman « partie en Amérique ». De par son découpage, la quasi absence de bulles (la plupart des scènes sont racontées par Jean et le texte est dans des cadres, les personnages s’exprimant avec des images plutôt que du texte), l’album se révèle un bijou de narration et son incroyable final vient tout faire voler en éclats. Ma Maman est en Amérique tout simplement est une des bande dessinée dite « jeunesse » les plus émouvantes parue ces dernières années.

Il était donc naturel que l’œuvre finisse un jour dans les mains d’un studio d’animation. Emballé dès la lecture, le studio Label Anim se met à la tâche pour ce qui sera leur premier long métrage après une expérience en séries télés (notamment Kung Foot, diffusé sur TF1). Stéphane Bernasconi, légende de l’animation française qui nous a tous fait rêver avec la série Tintin d’après Hergé puis Blake et Mortimer, est embauché parce qu’il est doué en adaptation (et pour cause) et Jean Regnaud rejoint assez naturellement l’équipe. Cinq ans plus tard, Ma Maman est en Amérique version cinéma arrive sur les écrans. Et le résultat est aussi réussi que l’oeuvre originale.

Réalisé par Thibaut Chatel, chef d’orchestre chez Label Anim et Marc Boréal, collaborateur de longue date de Bernasconi, le film est forcément une adaptation. En fonction de l’oeuvre (remember Le Hobbit), les spécialistes de l’originale trouvent souvent des choses à dire. Il est bon de rappeler que ce qui fonctionne sur papier n’est pas aussi évident à l’écran parce que la manière de percevoir l’oeuvre n’est pas la même. Ma Maman est en Amérique le film reprend la structure et de nombreux personnage de la bande dessinée mais fait des choix narratifs qui semblent obligatoires.
Il faut par exemple transformer le récit dit par Jean en dialogues et il semblait peu évident de garder les différents chapitres et multitude de personnages. Rassurez-vous, Jean est toujours un petit garçon de six ans dans les années 70. Mais Regnaud et Stéphane Bernasconi choisissent d’insérer en plus une intrigue parallèle partie d’une cour de récréation et d’une histoire de billes. Le sentiment que procure cette histoire est donc différent de l’original. On avait l’impression de lire une biographie d’une personne en particulier et là on découvre plutôt la vie par le regard d’un gamin qui aurait pu être vous et moi. Principe assez intéressant pour celui qui découvre l’histoire et qui n’a aucun mal à s’identifier immédiatement au petit Jean.

La structure reste cependant la même puisqu’au fur et à mesure que l’intrigue avec les billes avance, Jean va découvrir les cartes postales que sa Maman lui envoie depuis différents pays du monde et que sa jeune voisine lui lit. Et pour ne pas viser uniquement les enfants, l’équipe de Label Anim insère un second niveau de lecture pour les parents que l’on découvre à travers quelques petites touches, comme les réactions du père face à la nourrice qui garde ses enfants.
Les cartes postales sont aussi un prétexte pour les réalisateurs pour offrir des séquences telles qu’elles sont perçues par l’imagination d’un garçon (et pour lesquelles le format de l’image passe en cinémascope !). Un jardin devient une jungle, la traversée d’une rue devient une expédition de cowboys à cheval…

Ma Maman est en Amérique a beau être un film tout public, il prend donc la concurrence à rebrousse poil. Et dans ce monde dominé par Disney et Dreamworks, il faut surement ça pour arriver à se faire remarquer. Pas d’animaux qui parlent, pas d’animation par ordinateur, pas de super héros ni de magie. Juste l’histoire d’un petit garçon de six ans qui découvrent la vie, ses joies, ses secrets et ses drames. Un très beau film marqué par une fin au moins aussi bouleversante que la version papier et qui vous renverra à votre enfance ou vous fera réfléchir si vous êtes un parent.

Du cinéma comme l’animation en manque trop souvent.

 

Ma Maman est en Amérique Elle a rencontre Buffalo Bill – Sortie le 23 octobre 2013
Réalisé par Marc Boreal, Thibaut Chatel
Avec les voix de Marc Lavoine, Julie Depardieu, Tom Trouffier
Une petite ville de province. Les années 70. Jean a 6 ans, il fait sa rentrée à la grande école. Quand la maîtresse demande à chaque enfant la profession de son père et de sa mère, Jean réalise qu’il n’est pas comme les autres, s’inquiète et invente une réponse : « ma maman est secrétaire ». En fait, elle est tout le temps en voyage sa maman, alors elle envoie des cartes postales à Michèle. Cette petite voisine, qui sait déjà lire, les lit à Jean et celui-ci se prend à rêver. A moins que la réalité ne soit toute autre. Et ça, entre septembre et Noël de cette année-là, Jean commence tout juste à le comprendre…

Voir les commentairesFermer

Laisser un commentaire