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Critique : Les Brasiers de la Colère

Christian Bale n’a pas chômé depuis la sortie de The Dark Knight Rises en 2012. Le comédien a été vu sur le plateau de Zhang Yimou pour The Flowers of War et tourne actuellement Exodus pour Ridley Scott dans lequel il incarne tout simplement Moïse.

Il sera également à l’affiche de deux films sortant à trois semaines d’intervalles. L’un d’eux s’appelle American Bluff, le nouveau David O. Russell dans lequel il partage l’affiche avec Bradley Cooper, Amy Adams et Jennifer Lawrence, il sera sur les écrans le 5 février prochain.

L’autre s’appelle Les Brasiers de la Colère (ou Out of the Furnace en version originale) et sortira mercredi prochain, le 15 janvier.

 

Certains cinéastes semblent voués à suivre un chemin tout tracé par et pour Hollywood. Scott Cooper est de ceux-là : son premier film Crazy Heart avait déjà fait sensation aux différentes cérémonies, valant notamment un Oscar à Jeff Bridges, et voilà que son nouveau film Les Brasiers de la Colère affiche un casting 5 étoiles. Non seulement pour Christian Bale, Woody Harrelson, Casey Affleck ou encore William Dafoe à l’affiche, mais aussi parce qu’il est produit par, excusez du peu, Leonardo DiCaprio et Ridley Scott. Pour un deuxième film, on a vu pire…

Une équipe en or, au service d’un drame flamboyant situé au cœur de l’Amérique, voilà le programme rêvé des Brasiers de la Colère, titre français en référence lourdingue aux Raisins de John Ford et de John Steinback. L’histoire de deux frères à la relation conflictuelle, l’un à l’existence fragilisée depuis son retour d’Irak, l’autre dont un accident de voiture a brisé l’amour et le sens de sa vie. Out of the Furnace en VO, c’est l’histoire des oubliés, ceux qui vivent encore dans les industries faisant autrefois la gloire et la richesse du pays, mais qui désormais sont ramenées à rien. Ces gens indispensables au bon fonctionnement de la nation et de son économie, ayant pourtant la considération la plus moindre, avec un travail difficile, dangereux et nocif pour la santé, en échange d’une misère à laquelle ils s’accoutument pour survivre.
Un contexte évocateur, dont la force n’a d’égale que l’évidence ou la simplicité, même si clairement il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Que le film soit évocateur, c’est une chose, et le drame qui s’y déroule est constitué de la même ferveur dans le récit et dans le travail de chacun.
Out of the Furnace est pour ainsi dire un film admirablement fait. Les comédiens, bien qu’ayant chacun des rôles taillés pour eux, se sont donnés dans l’interprétation comme en témoigne leurs physiques secs et affaiblis. La mise en scène de Scott Cooper se fait sobre et élégante tout en allant au cœur de ce monde crasseux, désabusé et misérable. Enfin, la photographie de Masanobu Takayanagi est somptueuse. Valeur montante du cinéma américain après avoir signé la lumière de Warrior ou Le Territoire des Loups, le japonais accouche d’une image sublime, organique et nuancée, dont les subtiles teintes cuivrées donnent du style et jouent habilement sur les ombres et les visages déchus tout en faisant preuve de naturalisme. Bref, dans sa fabrication, le deuxième film de Scott Cooper est au cordeau, embrasse son sujet et s’avère assez irréprochable.
Pourtant, il y a un gros bémol qui l’empêche d’aspirer à plus grand.

Pour le dire simplement : on a l’impression d’avoir déjà vu le film.
Marcher dans les traces des grands, c’est bien et ça peut être louable, surtout avec des références comme Michael Cimino, John Ford ou encore Kathryn Bigelow. Mais ça peut être aussi écrasant.
Sur son scénario, le film fonctionne de bout en bout : on croit aux personnages, à leurs parcours, à leurs blessures et à ce qu’ils leur arrivent durant le film, tout comme l’atmosphère est bien présente, offrant au film quelques jolis moments de tension, y compris dans son final.
Mais dès le début, on a aussi ce sentiment de déjà vu, tant on tient là le drame américain classique de A à Z, passant par ses grandes étapes obligatoires sans jamais y mettre le moindre soupçon d’originalité, d’identité ou de surprise. Et ce qui en ressort malheureusement, c’est qu’il manque au film le supplément d’âme qui en ferait plus qu’un énième drame.
Cooper a beau avoir mis toutes les chances de son côté, il ne fait que raccrocher son wagon à un train dont on connait le parcours par cœur et même si l’entreprise est loin d’être désagréable, son cheminement ultra balisé la fait rentrer dans une routine un rien assommante.
Beau film donc, mais beau film vain.

Out of the Furnace nous rappelle que le cinéma n’est pas qu’une question de recette.
Même avec les meilleurs ingrédients et un travail appliqué, si on ne sait pas faire preuve d’un minimum de fraîcheur, le plat qui en ressort a déjà été fait auparavant.
C’est exactement ce qui se produit pour Les Brasiers de la Colère : une œuvre soignée par des artistes tellement dévoués qu’ils ont oublié en chemin combien celui-ci a déjà été parcouru par le passé.

 

Les Brasiers de la Colère (Out of the Furnace) – Sortie le 15 janvier 2014
Réalisé par Scott Cooper
Avec Christian Bale, Woody Harrelson, Casey Affleck
À Braddock, une banlieue ouvrière américaine, la seule chose dont on hérite de ses parents, c’est la misère. Comme son père, Russell Baze travaille à l’usine, mais son jeune frère Rodney a préféré s’engager dans l’armée, en espérant s’en sortir mieux. Pourtant, après quatre missions difficiles en Irak, Rodney revient brisé émotionnellement et physiquement. Lorsqu’un sale coup envoie Russell en prison, son frère cadet tente de survivre en pariant aux courses et en se vendant dans des combats de boxe. Endetté jusqu’au cou, Rodney se retrouve mêlé aux activités douteuses d’Harlan DeGroat, un caïd local sociopathe et vicieux. Peu après la libération de Russell, Rodney disparaît. Pour tenter de le sauver, Russell va devoir affronter DeGroat et sa bande. Il n’a pas peur. Il sait quoi faire. Et il va le faire, par amour pour son frère, pour sa famille, parce que c’est juste. Et tant pis si cela peut lui coûter la vie.

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