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Critique : L’Epreuve

Les sorties de début mai au cinéma sont généralement calmes, à cause des blockbusters sortant fin avril et raflant tout sur leur passage et à cause du Festival de Cannes qui vient chambouler les programmations habituelles (notez d’ailleurs que Mad Max Fury Road sort un jeudi).

Les sorties de la semaine sont néanmoins marquées par le retour d’Alan Rickman derrière une caméra, par Maggie Smith face à Kevin Kline ou par le premier film de Gregory Levasseur. Notez aussi, si vous habitez Caen, la sortie du film historique Guillaume, La Jeunesse du Conquérant.

Nous nous sommes intéressés, nous, à l’Epreuve…

 

LA CRITIQUE

Même si Juliette Binoche n’a jamais disparu de nos écrans, elle restait, depuis quelques années, dans des productions plus intimistes. 2014 semblait marquer le retour sur le devant de la scène d’une des plus grandes (la plus grande ?) actrices françaises avec Sils Maria et Godzilla. Elle ne compte pas s’arrêter là, et elle montre une fois de plus son immense talent dans L’Epreuve (A thousand times goodnight en VO), film d’Erik Poppe, réalisateur de En eaux troubles, et accompagné d’un casting improbable : Nikolaj « Jaime Lannister » Coster-Waldau et Larry Mullen Jr. batteur de U2, pour qui c’est le deuxième rôle au cinéma après un remake de L’Homme du train. 
Binoche y incarne Rebecca, une des photographes de guerres les plus douées du monde. Mais après avoir été blessée dans une explosion à Kabul, elle est rapatriée chez elle. Son mari lui demande alors de choisir entre son métier où elle risque de mourir, et sa vie de famille.

Erik Poppe, le réalisateur, était lui-même photographe de guerre et une bonne partie du long métrage s’inspire de sa vie. Cela se ressent dans sa superbe mise en scène dont les deux scènes de guerre sont les plus marquantes du long-métrage. Avec un style proche du documentaire, il ne nous emmène non pas au cœur de l’action mais au cœur de l’objectif de Rebecca, tel un spectateur, rempli d’un sentiment d’impuissance face à l’horreur de la guerre. Et c’est bel et bien là le message et la vraie force du film. Le personnage de Binoche le dit d’ailleurs très bien, elle doit faire ce métier pour que les gens, la population, comprennent les atrocités du monde. Elle se sent ainsi face à un devoir d’information.

Les autres scènes, qui occupent les 2/3 du films (les scènes de famille) ne sont pas en reste. On sent vraiment que Poppe a dû de nombreuses fois faire face à ça dans sa vie personnel. Il y a ici une vraie alchimie entre Coster-Waldau et Binoche, et la famille rappelle de nombreuses fois celle de In America de Jim Sheridan.

L’Epreuve s’inscrit dans ses films à message mais surtout ultra-réaliste dans les relations entre les personnages et les situations qu’il présente. Le dernier tiers du long métrage s’avère être un superbe mélange de ces deux épreuves (la famille / le métier) et trouve son parfait équilibre. Le film est évidemment porté par une Juliette Binoche éblouissante, si bien qu’on se demande quand elle va atteindre le sommet de sa carrière tant ses prestations sont sublimes et parfaites. Le couple qu’elle forme avec Nikolaj Costar-Waldau, étonnant de justesse, irradie l’écran tout comme le reste de sa famille. Pour les fans de U2, sachez que Larry Mullen y joue un second rôle réussi.

L’Epreuve porte bien son nom. Erik Poppe livre un film réussi, poignant, très vrai et réaliste. Il montre brillamment la dureté de la guerre, toujours avec justesse et porté par un duo d’acteurs au sommet. Une vraie réussite à tous les niveaux.

 

L’Epreuve – Sortie le 06 mai 2015
Réalisé par Erik Poppe
Avec Juliette Binoche, Nikolaj Coster-Waldau, Lauryn Canny
Rebecca est une photographe de guerre de renommée internationale. Alors qu’elle est en reportage en Afghanistan pour suivre un groupe de femmes qui préparent un attentat suicide, elle est gravement blessée par l’explosion d’une bombe. De retour chez elle en Irlande, pour se remettre de ce traumatisme, elle doit affronter une autre épreuve. Marcus, son mari et Stéphanie, sa fille ainée de 13 ans, ne supportent plus l’angoisse provoquée par les risques que son métier impose. Rebecca, qui est déchirée entre les souffrances qu’elle fait subir à ses proches et sa passion de photoreporter, doit faire face à un ultimatum : choisir entre son travail et sa famille. Mais peut-on vraiment échapper à sa vocation, aussi dangereuse soit-elle ? Renoncera t-elle à couvrir ces zones de combats, et à sa volonté de dénoncer la tragédie humaine de son époque ?

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