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Critique : Le Roi Arthur, La Légende d’Excalibur

Charlie Hunnam avec une épée magique et une destinée à trouver, prêt à découper du méchant soldat et reprendre la place sur le trône qui lui est dû. Voilà un programme qui s’annonçait réjouissant.

Alors, certes, il y a eu quelques bandes-annonces horribles puis correctes. Et l’envie d’être curieux. L’histoire du Roi Arthur par Guy Ritchie peut-elle être bien ? Sauvera-t-elle un printemps des blockbusters pour le moment bien morne ?

 

LA CRITIQUE

L’histoire du Roi Arthur a été contée sur tous les supports et de toutes les manières depuis plus de mille ans. Des premiers écrits de Geoffroy de Monmouth ou Chrétien de Troyes à Thomas Malory, des Monty Python à Kaamelott en passant par les incarnations de Sean Connery ou Clive Owen, tout a été dit, fait, et tenté. Alors qu’une nouvelle version du héros mythique arrive au cinéma en cette année de grâce 2017 n’a rien de surprenant, pas plus que d’y voir un réalisateur comme Guy Ritchie cherchant à faire quelque chose de modernisé, à la fois sombre et rock’n’roll. Qu’on puisse autant se casser les dents avec un tel sujet est bien plus surprenant.

Cet Arthur (ou « Arth » comme l’appellent ses copains de rue – parce qu’ils sont cool) n’a pas beaucoup de lien avec les écrits d’origine si ce n’est le nom des personnages. Le film se déroule dans une version fantasmée de l’Angleterre où une pyramide d’apparence sud-américaine se dresse sur les collines de Cornouailles, où les Romains ont fait bâtir un Colisée à Londres et où Uther Pendragon affronte Mordred, épée magique à la main. Suite à sa victoire, le père d’Arthur décide de fuir Camelot pour mettre en sécurité sa famille et alors que son propre frère s’apprête à le trahir.
Des années plus tard, éduqué par les prostituées qui l’ont retrouvé et formé par un Chinois spécialiste des arts martiaux, Arthur se retrouve contre sa volonté face à l’épée désormais dans un rocher. Vortigern, sorte de Dark Vador ayant déployé des soldats en armures noires dans toute l’Angleterre, cherche l’héritier d’Uther pour l’abattre et ainsi récupérer l’épée qui lui reviendrait de droit.
« Arth » devra alors non seulement maitriser le pouvoir de l’arme mais aussi aider une résistance se mettant en place face au tyran.

On pourrait se plaindre à la lecture de ce pitch de ce qu’ont voulu faire Guy Ritchie et son équipe de scénaristes tant on a l’impression d’assister à une parodie dès la scène d’ouverture : éléphants de la taille de King Kong sortant du sol, mise en scène singée sur le Retour du Roi de Peter Jackson mixée au 300 de Zack Snyder… N’en jetez plus. Ou plutôt, si, continuez puisque la scène où Uther perd la vie pour sauver son fils est coupée net, sans une once de subtilité, laissant le spectateur abasourdi devant ce qu’il vient de voir.

On pourrait s’énerver sur le fait que King Arthur n’ait de lien avec les légendes qu’à travers le nom de ses personnages. Après tout, dans aucun écrit Uther n’a croisé Mordred, pas plus que Vortigern n’était l’oncle d’Arthur. Ce sont des personnages qui ne sont jamais rencontrés. Il n’y a d’ailleurs jamais eu de constructions aussi géantes que ce qu’on nous montre en Angleterre. Et si Arthur a bien jeté l’épée dans le lac, ce n’est pas pour qu’elle lui soit rendue cinq minutes plus tard dans une flaque de boue. On pourrait s’énerver sur le fait qu’aucun design ne tente jamais rien d’historique. Ou on pourrait prendre sur nous et se dire que cette nouvelle version n’est que de la fantasy et aucunement une envie de dépeindre l’Angleterre médiévale. Après tout, Charlie Hunnam qui tabasse du soldat à coup d’épée magique, il y avait là un potentiel de gros divertissement qui tâche mais devant lequel on peut prendre du plaisir.

Il n’en est rien, simplement parce que le film se révèle être une catastrophe industrielle à peine masquée où les incohérences sont plus nombreuses que les mecs ayant tenté de sortir l’épée du rocher. On a déjà évoqué des cas d’école comme Suicide Squad ou les Quatre Fantastiques, où un potentiel de bonnes idées est noyé sous une masse de grand n’importe quoi. En la matière, King Arthur se hisse en haut de l’échelle. Devant être à la base le point de départ d’un univers partagé autour des Chevaliers de la Table Ronde, le film de Guy Ritchie est le montage à la truelle de ce qui semble être deux longs métrages différents : d’un coté, l’histoire d’un héros qui cherche sa voie, dont les scènes ont été réduites à deux montages clipesques auxquels on ne comprend rien, et de l’autre une histoire de rebellion étalée sur deux heures compliquées où s’enchainent les erreurs spatio-temporelles. On citera en vrac les potes londoniens d’Arthur qui se retrouvent dans sa cachette de Camelot sans qu’on sache pourquoi, des allers retours incompréhensibles entre les deux lieux, parfois en un claquement de doigt et parfois comme si c’était toute une aventure, un serpent géant qui apparait lors d’une scène finale pour tuer tout le monde façon Jafaar dans Aladdin sans qu’on ne nous dise jamais d’où il vient où encore Arthur lui-même qui a l’oeil tuméfié sur un plan (pourquoi ?) et puis plus sur l’autre.

Difficile juste avant la sortie de savoir ce qui s’est passé. Est ce que la quête d’Arthur en solo était trop peu intéressante ? Est ce que l’histoire de base écrite par Joby Harold et David Dobkin était si mauvaise que Ritchie et son producteur Lionel Wingram ont du intervenir ? Est-ce du coté de Warner Bros que le film ne plaisait pas ? Quoiqu’il en soit, le Roi Arthur est un gloubiboulga informe dont les réécritures se voient comme le nez au milieu du visage et dont les reshots font pâle figure devant ce qui semble être les plans initiaux. On se dit en sortant de là que le spectateur a été pris pour un demeuré pendant deux heures, limite insulté, et qu’il ne verra les énormités qu’on lui met sous le nez.

Alors, certes, certains passages tiennent à peu près la route et Guy Ritchie, qu’on aime ou pas, a le mérite de tenter des choses visuellement. Charlie Hunnam est une nouvelle fois impeccable et Daniel Pemberton fait un travail remarquable à la bande originale. Mais c’est quand même la moindre des choses pour une production évaluée à 175 millions de dollars, production bien en peine à se rembourser vu les premiers chiffres.

S’il pouvait redouter une concurrence, qu’il soit désormais rassuré : Alexandre Astier a désormais un boulevard devant lui pour finir Kaamelott au cinéma et raconter sa version de l’histoire du Roi Arthur. Quand à Guy Ritchie, s’il pouvait s’éloigner le plus loin possible de la probable version live d’Aladdin qu’il doit préparer pour Disney, on ne pourrait que lui en être reconnaissant.

Le Roi Arthur, la Légende d’Excalibur – Sortie le 17 mai 2017

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3 Comments

  • par Pierre
    Posté mardi 16 mai 2017 17 h 00 min 0Likes

    Attention la critique est vraiment bourrée de coquilles et nécessiterait bien une bonne relecture…

  • par Lady Fae
    Posté mardi 16 mai 2017 23 h 12 min 0Likes

    Je sors tout juste de l’avp du Roi Arthur et alors je trouve carrément gonflé de dégommer ainsi un film qui ose, qui, grâce à une musique absolument splendide et des scènes à couper le souffle, offre au spectateur une version décoiffante de la légende Arthurienne. Fi des poussiéreux écrits de Chrétien de Troyes. Magnifiquement écrits certes mais qui au fil du temps ne suffisent plus à vous faire trembler !

    Ritchie ose et il a bien raison. Il faut certes mettre de côté la généalogie d’Arthur qui est ici un joyeux bazar. Alors non non non et non le public n’est pas pris pour un idiot ni même insulté.

    Je pense même retourner le voir…. En tout cas demain j’écris une chronique qui je l’espère donnera envie de le voir !

  • par Marc
    Posté mercredi 17 mai 2017 10 h 56 min 0Likes

    Si tu retournes le voir, je t’invite à chercher à comprendre
    – comment Arthur récupère son oeil tuméfié
    – comment ces potes de Londinium apparaissent miraculeusement dans la caverne des rebelles
    – ce que fout le serpent géant à la fin et d’où il sort
    Ce ne sont que deux ou trois exemples parmi la multitude de trucs qui ne vont pas (mais oui la musique est cool)

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