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Critique : Jean-Christophe et Winnie

Sorti un peu partout cet été, aussi bien aux USA qu’en Belgique, les premières aventures « live » arrivent enfin sur les écrans français le 24 octobre prochain, avec les voix de Jean Claude Donda (qui a a succédé à Roger Carel en Winnie), Patrick Préjean en Tigrou, Michel Mella en Coco Lapin et Hervé Rey en Porcinet.

Il ne manque à ce générique que Jean Rochefort pour introduire les personnages…

LA CRITIQUE

Aaah, la Forêt des Rêves Bleus. Cet endroit magique où un jeune garçon prénommé Jean-Christophe trouve toutes sortes de solutions pour venir en aide à ses amis Winnie l’Ourson, l’âne dépressif Bourriquet ou encore Tigrou, le tigre sauteur. Qui n’a jamais eu envie d’y passer un après-midi autour d’une table, d’un gros gâteau et d’un pot de miel ? Jean-Christophe y a passé son enfance. Mais un jour, il se fait rattraper ce qui pouvait lui arriver de pire : le passage vers l’age adulte, le pensionnat et puis carrément un vrai métier.

Nous sommes en Angleterre et Jean-Christophe (ou Christopher Robin en version originale) a désormais les traits d’Ewan McGregor. Après la Guerre (on le voit d’ailleurs au combat), il se met à travailler dans une grande entreprise fabriquant des valises, société qui ne va pas bien puisqu’en pleine reconstruction personne ne part en vacances. Son employeur lui réclame donc un dossier complet : comment trouver une solution pour réformer la boite au mieux, idéalement sans passer par le licenciement.
Très loin de ces préoccupations, Winnie se réveille seul dans la Forêt des Rêves Bleus. Il décide alors de partir en quête de Jean-Christophe, qui aura bien une solution pour retrouver ses amis.

Ce sont deux personnages qui ne se sont pas vus depuis longtemps qui vont se retrouver, deux personnages seuls. L’un a perdu tous ses amis et l’autre doit annuler un weekend à la campagne, dont l’unité de sa famille a bien besoin. Mais l’un n’a pas oublié l’autre. Winnie est venu tous les jours devant la porte de Jean-Christophe. Quand l’autre est devenu un adulte bien trop adulte, qui délaisse femme et enfants pour le travail, exploité par un patron sans scrupule (Mark Gatiss, parfait dans le rôle). Malgré la joie du personnage d’Ewan McGregor, et surtout grâce au fait qu’on l’a vu enfant dans une jolie introduction, on passe à un cheveu de le trouver antipathique.

Comme on peut s’en douter, Jean-Christophe va retourner dans la forêt pour venir en aide à son vieil ami. Après une introduction classique et efficace, le réalisateur Marc Forster va faire vivre à son personnage principal -qui pour une fois est humain- un vrai parcours pour lui permettre de retrouver goût à l’enfance.
La naïveté de Winnie l’Ourson, la simplicité avec laquelle il exprime des idées font mouche, surtout face à cet adulte dont l’enfance n’est pas si loin. Pourquoi faut-il arrêter de s’émerveiller des choses simples ? Pourquoi arrêter de croire aux monstres sous les lits (ou ici, aux éfélants) ? Pourquoi arrêter de jouer ? Pourquoi, soudainement, s’arrête-t-on de faire des choses qui provoquaient en nous des émotions ? Marc Forster pose ses questions et fait pleurer le spectateur qui s’est senti montré du doigt.

Le réalisateur est techniquement bien aidé. La forêt où le film est tourné est superbe, l’idée d’y glisser des illustrations comme dans les livres d’Alan Alexander Milne fonctionne bien. La musique de Jon Brion,  qui reprend des thèmes des précédentes incarnations, est sympathique. La photo de Matthias Koenigswieser est à tomber à la renverse. Mais, surtout, les effets visuels pour donner vie à Winnie et ses camarades sont bluffants de réalisme. Difficile de savoir ce qui est en images de synthèse et ce qui a été tourné en prise de vue réelle mais le travail est absolument dingue. Jim Cummings, doubleur habituel de Winnie, fait un travail remarquable et quelques nouvelles voix anglaises viennent lui donner le change (dont Peter « Doctor Who » Capaldi en Coco Lapin). Reste à savoir si la version française tiendra autant la route. Il ne nous manquera alors que Jean Rochefort pour nous narrer tout ça.

Un peu dommage que le film cède à une certaine facilité dans le dernier acte. On sent l’envie d’amener les animaux dans Londres, une idée louable si l’ours Paddington n’était pas déjà passé par là. Et puis cette fin prévisible à souhait… Mais ce n’est finalement pas si grave : on s’est pris d’affection pour les personnages et on a désormais envie de voir comment tout ça se termine et même s’il faut passer par une course-poursuite un peu trop hystérique.

Il y a aussi, forcément, quelque chose de Hook dans le film de Marc Forster. Difficile de ne pas penser à Steven Spielberg qui avait déjà traité le sujet. Ca n’empêche pas Jean-Christophe et Winnie d’être un très beau film, très très émouvant.
Il vous fera pleurer, vous, les parents, sans le moindre doute. Il touchera forcément moins vos enfants, mais ce sera pour eux une belle porte ouverte pour leur permettre de découvrir ensuite la Forêt des Rêves Bleus.

Jean-Christophe et Winnie, de Marc Forster – Sortie le 24 octobre 2018

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