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Critique : Invictus

Chaque nouveau film de Clint Eastwood est un évènement en soi. Invictus est un peu plus particulier puisqu’il évoque un petit morceau de l’Histoire d’Afrique du Sud. Qui plus est, c’est l’excellent Morgan Freeman qui incarne Nelson Mandela.
Nous avions donc toutes les raisons d’être dans la salle…

Le film sort ce mercredi dans les salles. Vous l’avez vu ? Venez en parler

Invictus, sortie le 13 janvier 2010
Réalisé par Clint Eastwood
Avec Morgan Freeman, Matt Damon
En 1994, l’élection de Nelson Mandela consacre la fin de l’Apartheid, mais l’Afrique du Sud reste une nation profondément divisée sur le plan racial et économique. Pour unifier le pays et donner à chaque citoyen un motif de fierté, Mandela mise sur le sport, et fait cause commune avec le capitaine de la modeste équipe de rugby sud-africaine. Leur pari : se présenter au Championnat du Monde 1995…

 

Un peu à la manière d’un Woody Allen ou, dans une moindre mesure des frères Coen, Clint Eastwood est désormais réglé comme une pendule. Chaque année depuis Mémoires de nos Pères, l’interprète mythique de l’Inspecteur Harry nous livre sans faute une nouvelle réalisation avec une ferveur et un résultat qui vaut systématiquement le respect. En signe de cet investissement incroyable à la carrière de réalisateur, il nous faisait ses adieux devant la caméra l’année dernière avec Gran Torino, film qui aura tôt fait de mettre tout le monde d’accord tant ce passage à témoin était humaniste et humble. Désormais réalisateur jusqu’à l’os, le père Eastwood revient avec un projet ambitieux sur les débuts de la présidence de Nelson Mandela et la méthode incroyable utilisée par ce dernier pour rallié tout un peuple déchiré par l’apartheid. Et une fois n’est pas coutume, on n’ pas été déçus…

Invictus est un film surprenant de par la grande humanité qui s’en dégage et ce dès le générique du film résumant à l’aide de fausses images d’archives l’arrivée de Mandela au pouvoir et le soulèvement de la communauté noire d’Afrique du Sud qui sentait désormais qu’elle avait la parole face aux blancs qui de leur côté craignaient d’être chassés du pays. En très peu de temps, le réalisateur arrive à retranscrire toute la grandeur de Mandela et à donner énormément de sympathie pour lui, alors même que le spectateur est pris de court par l’efficacité immédiate du long métrage qui se révèle très juste et sans lourdeur.
Surtout, on prend conscience aussitôt des enjeux énormes auxquels le nouveau président était confronté et c’est ce qui permet à Eastwood de nous intéresser d’emblée à cette mission apparemment impossible. Mandela, qui voulait fédérer blancs et noirs pour tirer un trait sur l’apartheid et faire avancer le pays, décida de rassembler tous les habitants d’Afrique du Sud autour d’un grand évènement, à savoir la coupe du monde de Rugby, ce qui été pour ses collaborateurs inimaginable sachant que l’équipe nationale, les Springboks, devait être supprimée…
Une page de l’histoire va alors se dérouler, aussi incroyable et méconnue soit elle.

La première grande force du film réside dans sa mise en scène qui, non content d’être d’une grande sobriété et de donner dans l’émotion sans jamais trop en faire, arrive à symboliser les problèmes sociaux de l’époque et leur évolution simplement, en utilisant non sans humour l’équipe chargée de la sécurité du président comme métaphore des conflits raciaux de l’époque avec légèreté et efficacité, arrivant même à rendre ces personnages attachants.
Car c’est l’une des grandes qualités d’Eastwood depuis plusieurs films, réussir à donner de l’importance à un panel très large de personnages tous aussi variés les uns que les autres, que ce soit des rôles principaux à d’autres plus secondaires, sans jamais perdre de vue ses objectifs ou sacrifier l’écriture de quelque manière qui soit. En effet, le scénario visiblement très documenté est absolument passionnant et raconte avec détails la naissance d’une nation d’une façon si inattendue soit elle que l’on se demande pourquoi n’y a-t-il pas eu de film sur le sujet plus tôt tant l’histoire est atypique et forte. La reconstitution de l’époque se révèle elle aussi d’un très bon niveau et sur les matchs de rugby (qui occupent une part importante du film, l’enjeu n’étant pas une simple coupe…), la réalisation est dynamique, sans temps mort et d’une lisibilité honorable pour les rendre suffisamment prenants. Cependant, on notera quelques petits soucis sur certains plans de foule renforcés à grands coups d’effets spéciaux qui sont pour le coup très visibles, nuisant quelque peu à l’immersion et à la fidélité de l’ensemble.

Le second point sur lequel on peut que le long métrage brille totalement concerne le casting qui frôle la perfection. Certes, on en attendait pas moins à la vue du scénario et quand on sait l’importance apportée aux personnages mais sur ce point là, Eastwood fait un quasi sans faute avec tout d’abord un Morgan Freeman absolument divin dans le rôle de Nelson Mandela, qui d’ailleurs aurait réclamé cet acteur pour l’interpréter, fait non étonnant quand on voit combien Freeman sonne juste et arrive à donner tant de présence, de carrure et de profondeur à son personnage, collant parfaitement à l’image que l’on a de ce personnage historique majeur. A ces côtés, Matt Damon est fidèle à lui-même dans le rôle du capitaine d’équipe François Pienaar, c’est-à-dire tout simplement impeccable.
Le duo principal fonctionne donc sans aucun problème et est entouré d’acteurs talentueux et impliqués dans le projet.

On notera cependant quelques erreurs au tableau dont la présence étonne d’autant plus au milieu d’un résultat de si haut niveau. Si tout d’abord et comme précisé précédemment, certains effets spéciaux sur le public lors des matchs de rugby sont loin d’être du plus bel effet, on remarquera aussi une scène à priori amusante avec un avion (n’en disons pas plus) mais dont la réalisation annule tout effet tant l’image est alourdie par des effets là encore en demi teinte et ultra synthétiques, dans le mauvais sens du terme. Surtout, Eastwood commet une fausse note en fin de film avec une utilisation ultra abusive de ralentis, usant beaucoup trop longtemps de l’effet et le faisant virer à la parodie en ayant laissé le son direct lui aussi à vitesse réduite, produisant ainsi le rire chez le spectateur là où la scène est sensée être un summum de suspense et d’héroïsme.
Cependant, la conclusion gomme aussitôt ce point noir surprenant et l’émotion reprend le dessus dans un final simple, évident et pourtant d’une efficacité instantanée, ce qui sera renforcée par un générique montrant les acteurs véritables de cette histoire humaine unique, appuyant un peu plus la fidélité du long métrage à l’histoire en comparaison.

Avec Invictus, Eastwood signe donc un film ultra prenant, dans lequel on se plonge complètement quand bien même on connaît la conclusion et qui se démontre d’une humanité et d’un optimisme désarmants, multipliant les moments de grâce et nous faisant (re)découvrir un passage méconnu et tout simplement hallucinant de l’histoire contemporaine, servi par un grand message d’espoir, d’une grande justesse. Un grand film, à n’en pas douter.

– Victor

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2 Comments

  • par Misutsu
    Posté lundi 11 janvier 2010 15 h 54 min 0Likes

    Tiens je ne savais pas qu’il était de Eastwood ce film. Qu’est-ce qu’il est productif cet homme là, increvable et hyper talentueux. J’attends de voir ça :)

  • Trackback: 5 bonnes raisons de voir… Invictus | Fully HD

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