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Critique : Exodus, Gods & Kings

Dernière « grosse » sortie de l’année 2014 et non des moindre : Exodus.

Nous vous avions déjà parlé des Dieux et des Rois de Ridley Scott dans une courte vidéo tournée à l’issue de la projection à laquelle nous avions assisté. A quelques heures de Noël, date sûrement pas choisie au hasard par la Fox pour sortir un film d’après la Bible, revenons plus en détails sur la dernière réalisateur de l’homme derrière Gladiator.

Où est donc la carrière de Ridley Scott ?

 

La carrière de Ridley Scott a lentement commencé à décliner après la sortie de Kingdom of Heaven. Même si American Gangster est tout à fait regardable, Prometheus ou le très mal écrit Robin des Bois ne sont que des exemples indignes du réalisateur d’Alien et Blade runner et malgré des qualités techniques quand même évidentes. Alors qu’on aimerait bien le voir sur un vrai projet original et couillu, Scott continue à travailler sur du déjà-vu, à savoir la suite de Prometheus, la probable suite de Blade Runner et l’adaptation d’une histoire biblique rendue culte par de précédentes oeuvres l’ayant portée à l’écran : l’histoire de Moïse.

Faut-il vraiment résumer le texte ? Sans pour autant avoir lu la Bible, tout le monde a vu Les Dix Commandements de Cecil B. DeMille ou plus récemment Le Prince d’Egypte, l’une des premières productions animées du studio Dreamworks. Moïse est un hébreux recueilli par la famille royale d’Egypte et élevé comme l’un des leurs. Alors qu’il découvre ses origines et que les Hébreux sont réduits en esclavage, il est chassé du pays par Ramses. Il reviendra, non sans avoir parlé à Dieu, en sauveur de son peuple.

Exodus s’ouvre sur Moïse et Ramses adultes se préparant pour une impressionnante bataille où on pourra découvrir leurs talents à la guerre et où l’un sauvera l’autre comme venait de l’annoncer une prophétie. Pas question de berceau et de bébé sauvé des eaux, bien que ce sera évoqué, Scott préférant rentrer directement dans le vif du sujet pour évoquer la personnalité de Moïse et sa relation avec son frère adoptif.
On passera rapidement sur la polémique qui n’a pas eu lieu d’être sur la « couleur » des acteurs retenus par Scott, qui préfère engager des célébrités américaines pour faire un film bankable plutôt que de chercher à embaucher des acteurs égyptiens. On passera dessus parce qu’on ignore les origines ethniques de Moïse, il pourrait tout à fait être berbère, mais aussi parce que si le cinéma devait décrire la réalité, le film (et beaucoup d’autres) aurait dû être tourné en ancien égyptien et pas du tout dans la langue de Shakespeare, comme Mel Gibson l’avait fait avec Apocalypto. On prend donc pour acquis qu’on est devant une œuvre de fiction, basée elle-même sur des textes dont la véracité historique reste à démontrer.
Ceci étant posé, on peut se féliciter de la haute tenue des acteurs, Christian Bale (surtout vers la fin, comme Charlton Heston) et Joel Edgerton en tête. De la même manière, réjouissons nous une nouvelle fois des prouesses techniques de Ridley Scott. Le réalisateur sait toujours autant tenir une caméra et profite de son confortable budget de 140 millions pour offrir une très belle fresque, soigneusement mise en scène.

A vrai dire, les scènes prises séparément sont toutes très réussies. Les dialogues sont ciselés et tout est tourné dans de splendides décors. Mais le fil conducteur, lui, est bien mince. Les motivations qui poussent Ramses à virer Moïse d’Egypte sont bien légères, autant que sa conviction à venir délivrer un peuple auquel il paraissait pourtant si peu attaché. La structure du film dans son ensemble est donc bancale : pourquoi rallonger certaines scènes inutiles pour raccourcir celles essentielles au récit ? On passera sur certaines incohérences comme le fait Moïse entraine des hommes au tir à l’arc sans qu’on sache vraiment à quoi ils serviront. Est-ce qu’à l’instar de Kingdom of Heaven, Scott a dû se retenir pour sortir une version light ? Aura-t-on un director’s cut pour le blu-ray ? Tout est possible. Quoiqu’il en soit, Exodus se contente de 2h40 quand Les Dix Commandements prenaient les 3h30 nécessaires à raconter toute l’histoire.

On peut également s’interroger sur la personnalité de Moïse qui, au lieu d’apparaitre comme un prophète rapportant du désert la parole de Dieu, apparait d’avantage comme un chef de guerre revenu se battre pour défendre son peuple. Bale y incarne un Moïse de bien peu de foi. Est-il vraiment croyant ? Le jeu de l’acteur et le personnage le montre d’avantage comme autre chose et les échanges avec Dieu -qui a ici l’apparence d’un petit garçon- laissent parfois présager que tout cela pourrait bien être dans sa tête. Bien qu’obligé de montrer les différentes plaies qui ont touché l’Egypte comme l’écrivait la Bible, Exodus cherche donc à se défaire de son aspect de film biblique, préférant rationaliser certains évènements, comme l’avait déjà tenté de faire Darren Aronofsky avec son Noé. On comprend que Scott et sa production veulent ratisser large et pas seulement viser les plus touchés par l’histoire mais ça ne fonctionne pas. Les textes bibliques incluent des évènements mystérieux, mystiques, la fameuse main de dieu. A l’écran, il faut que ça soit transposé par de la magie. Et l’ôter en cherchant à la remplacer par la science et des éléments plus explicables n’aide en rien.

Que reste-t-il d’Exodus ? Un film techniquement irréprochable, malheureusement plombé par une structure trop bancale et une foutue volonté de faire réaliste au lieu de se laisser aller à la magie. Ridley Scott remonte donc un peu la pente, mais elle est encore bien longue et bien raide.

 

Exodus: Gods And Kings – Sortie le 24 décembre 2014
Réalisé par Ridley Scott
Avec Christian Bale, Joel Edgerton, John Turturro
L’histoire d’un homme qui osa braver la puissance de tout un empire.
Ridley Scott nous offre une nouvelle vision de l’histoire de Moïse, leader insoumis qui défia le pharaon Ramsès, entraînant 600 000 esclaves dans un périple grandiose pour fuir l’Egypte et échapper au terrible cycle des dix plaies.

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