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Critique : Edge of Tomorrow

Dans l’optique de revivre plusieurs fois les mêmes évènements comme le personnage qu’il incarne, Tom Cruise s’est offert une journée marathon le 28 mai dernier en « revivant » trois fois l’avant-première de son film à Londres au matin, à Paris en début d’après-midi puis de l’autre coté de l’Atlantique.

Un évènement pour insister sur un point : nous sommes dans la même configuration que dans Un Jour sans Fin ou Source Code, si ce n’est que l’histoire se déroule pendant une invasion de créatures venues d’ailleurs.

Mais que peut bien valoir le film de Doug Liman ? La très longue production n’avait rien de rassurante et la preview en mars dernier n’était guère convaincante. Et pourtant…

 

Au milieu des suites, reboots et autres préquels, Edge of Tomorrow fait presque figure d’outsider Hollywoodien. Bien qu’adapté d’un roman japonais devenu manga, le nouveau blockbuster emmené par Tom Cruise propose une histoire d’invasion extraterrestre dans laquelle le plus célèbre des scientologues se retrouve coincé.
Obligé de revivre les mêmes évènements en boucle dès qu’il meurt, sa malédiction pourrait bien être la clé du conflit…

Malgré un scénario un tant soit peu original, on ne peut pas dire que Edge of Tomorrow soit 100% inédit tant le film multiplie les influences. Déjà dans son production design, à base d’armures méchas et d’ambiance militaire bien macho, qui rappelle Aliens de James Cameron (la présence de Bill Paxton n’y est pas étrangère), ou dans les affrontements face à des créatures féroces façon Starship Troopers. Plus flagrant encore , la structure même du récit, dont la boucle temporelle semble toute droit sortie d’Un jour sans fin ou du plus récent Source Code. Et justement, cette fameuse boucle temporelle qui constitue le cœur de l’intrigue permet au film de maintenir un rythme d’enfer durant la majeure partie de sa durée. En passant par les fondamentaux de ce type de scénario, avec une exposition pleine de petits détails qui feront le sel de la répétition et de l’évolution du personnage au fil des boucles, le réalisateur Doug Liman montre un vrai entrain pour les possibilités offertes ici. Sans oublier d’en mettre plein la tronche, l’un des évènements répétés étant un débarquement façon D-Day où les nazis sont devenus des monstres goudronnés, le film pose des bases solides pour que son concept tienne la route et surtout parvient-il étonnamment à s’en amuser. Blockbuster rime ici avec vrai divertissement fun et léger, comme en témoigne un humour surprenant au premier abord, que ne renieraient pas les productions Marvel Studios récentes.
Contrairement aux films d’encapés, ce comique très burlesque et dynamique, qui pourrait vite tuer toute dramaturgie, est totalement justifié par le procédé répétitif du film. Obligé d’avancer pas à pas pour se frayer un chemin au milieu du conflit, Tom Cruise a le droit à l’erreur en étant insensible à la mort, ce qui donne lieu à bon nombre de situations cocasses et de gags façon Tex Avery testostéroné. Une idée ludique et réjouissante sans être abusive pour autant, grâce à une vraie maitrise de scénario de la part de Christopher McQuarrie et ses collègues.

En effet, il est question de conflit mondial dans Edge of Tomorrow, donc l’ambiance n’est pas totalement à la déconnade, comme en témoigne l’atmosphère du film assez rafraichissante. Situé en Europe, cette guerre désespérée évoque 39-45 sans détour, ce qui change un peu des sempiternels destructions massives de villes américaines auxquelles on a le droit habituellement. Au travers d’une introduction rapide faites de journaux télés, le décorum est posé efficacement et rapidement, sans s’étendre trop sur cette toile de fond qui aurait peut être gagnée à être approfondie.

Mais là n’est pas le principal, le héros devant donc avancer petit à petit. Les scénaristes tiennent assez bien les rênes en réussissant à éviter la redite puisqu’on voit les étapes qui marquent des avancées significatives pour le héros tout comme certains de ses nombreux échecs. On a aussi droit à certains essais plus importants sur le plan émotionnel et psychologique du personnage, grâce à l’idée simple mais ô combien efficace de nous montrer parfois des lieux pour la première fois alors même que le héros y est déjà passé à moultes reprises. Sur un principe scénaristique à même d’être rébarbatif, les enjeux et l’intérêt se maintiennent bien pendant une heure vingt.

Le bât blesse malheureusement durant la dernière demi-heure qui se prend les pieds dans le tapis. Sans trop en dire, la crédulité face au récit tombe en ruines face à l’énormité soudaine des actions commises par les personnages et le final tombe dans les travers les plus faciles du blockbuster Hollywoodien, refusant d’assumer sa logique dramatique de bout en bout. L’ultime twist sonne comme une facilité totale doublé d’un foutage de gueule tant la conclusion est expédiée, sonnant comme la preuve s’il en est que Tom Cruise a peut être trop la main mise tant on a du mal à y voir autre chose qu’un contrôle abusif de son image trop parfaite.

Le comédien n’en reste pas moins excellent dans un rôle taillé pour lui et un registre qu’il maitrise depuis longtemps, tout comme on est agréablement surpris par une Emily Blunt véritablement excellente dans son personnage de guerrière bad ass avec un charisme très convaincant. Avec une bande son très conventionnelle sur laquelle plane l’ombre d’un Zimmer et une mise en scène propre, le film ne brille pas particulièrement dans cette saison estivale, surtout qu’il possède quelques petits défauts agacants. Les extra terrestres ultra rapides ont tendance à diminuer la lisibilité de l’action, ce qui nous pousse à vous conseiller de favoriser la version 2D pour éviter le scintillement du relief. Par ailleurs, la fin assez sombre du film pâtis elle aussi d’un visionnage en 3D pour peu que votre cinéma ne soit pas très à cheval sur la luminosité. Cela étant, Edge of Tomorrow a le mérite de faire passer un bon moment parcouru d’idées rigolotes, ce qui lui suffit à remplir son cahier des charges.

Tom Cruise est de retour avec certes la subtilité d’un bulldozer mais une science du divertissement certaine. Si on omet sa dernière demi-heure ultra poussive, Edge of Tomorrow constitue un film d’action ludique et fun, avec un univers soigné et une série d’idées rigolotes. Jamais transcendant, le film échoue à proposer quoi que ce soit de mémorable, ce qui risque de lui coûter cher au box office, mais cela ne l’empêche en rien d’être plaisant, ce qui est déjà amplement suffisant.

 

Edge of Tomorrow – Sortie le 4 juin 2014
Réalisé par Doug Liman
Avec Tom Cruise, Emily Blunt, Bill Paxton
Dans un futur proche, des hordes d’extratterrestres ont livré une bataille acharnée contre la Terre et semblent désormais invincibles: aucune armée au monde n’a réussi à les vaincre. Le commandant William Cage, qui n’a jamais combattu de sa vie, est envoyé, sans la moindre explication, dans ce qui ressemble à une mission-suicide. Il meurt en l’espace de quelques minutes et se retrouve projeté dans une boucle temporelle, condamné à revivre le même combat et à mourir de nouveau indéfiniment…

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