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Critique : Bienvenue à Suburbicon

Tout le monde veut éviter de sortir face à Star Wars Les Derniers Jedi et le raz de marée attendu. Alors les sorties cinéma de ce mercredi 6 décembre débordent.

Vous aurez le choix entre Alain Chabat en Père Noël, le retour de l’ourson le plus mignon d’Angleterre, un polar belge avec Olivier Gourmet. Et la nouvelle réalisation de George Clooney, avec Matt Damon et Julianne Moore. Bienvenue à Suburbicon.

 

LA CRITIQUE

1959, Etats-Unis. La ville de Suburbicon (littéralement « icône de banlieue ») est paisible. Les habitants sont blancs, riches et beaux. Ils ont des grandes maisons, un beau jardin avec des pelouses bien tondues. Il ne se passe pas grand chose. Bref, le rêve américain. Gardner Lodge (Matt Damon) y mène une vie tranquille avec sa femme, en chaise roulante suite à un accident de voiture et sa soeur jumelle (Julianne Moore, jouant les 2), et leur fils, Nicky (Noah Jupe). Un soir, la famille Lodge se fait cambrioler et agresser. Pendant la même période, juste à côté de chez eux, s’installe une famille de personnes de couleur. Évidemment, ils vont vite se faire accuser et tous les habitants de la ville vont commencer à vouloir les chasser.

Difficile de résumer plus des 10 premières minutes du film sans passer dans le spoiler le plus total. Le film démarre d’ailleurs de façon très étrange : une voix off nous ouvre un vieux livre avec de belles illustrations façon La Belle au bois dormant. Serions-nous dans un conte ? Difficile de savoir où George Clooney veut nous emmener tout de suite. Pire encore, ce côté « conte » nous désarçonne, puisque l’ensemble a, au delà de ça, un côté très réaliste, un peu à l’inverse de Fargo et de son encart « ceci est inspiré de faits réels ». Coïncidence ? Suburbicon est écrit par … Les Frères Coen. Le long métrage de Clooney n’est d’ailleurs pas sans rappeler celui de Joel et Ethan, tant l’idée de base est la même (une famille de monsieur-tout-le-monde vu de l’extérieur) et le déroulement quelque peu similaire par moment.

Néanmoins, hormis ce quart d’heure très étrange, on comprendra vite où en veut venir le réalisateur (et on comprend d’autant plus ce qui l’a séduit dans ce scénario tant on connait son point de vue politique). En plaçant son récit glaçant dans les années 60 avec une montée en crescendo hallucinante, Clooney entend mettre un beau coup de pied dans la fourmilière de l’Amérique raciste de Trump, l’inactivité des policiers face à certaines violences urbaines et globalement toute la suprématie blanche qui atteint son apogée dans les 15 dernières minutes.

En plus de cette tendance très Fargo, Bienvenue à Suburbicon va même lorgner du côté, parfois d’Hitchock (version Fenêtre sur cour). On reste, impuissant et extrêmement mal à l’aise face à une injustice profonde où les personnages, bien écrits, sont profondément idiots. Le final viendra alors exploser à la face du spectateur où celui-ci verra alors tous les parallèles que Clooney et les Coen établissent entre cette Amérique de conte de fée (comme montré au début) pas forcément bien pire que la réalité.

D’un point de vue purement technique, Clooney offre ici une mise en scène faussement lisse accentuant encore plus ce sentiment de malaise, nous mettant pour 90% du récit au niveau d’un enfant, qui est lui, le seul véritable spectateur de l’ensemble, le tout teinté d’un humour très noir propre au Coen. Si Matt Damon n’a plus rien à prouver de son talent, c’est bel et bien Julianne Moore qui lui vole la vedette tant son (ses) rôle(s) sont magistraux. Oscar Isaac en second rôle est également délicieux.

George Clooney a la rage et ça se voit. Avec Suburbicon, il montre tout le mal qu’il pense de l’Amérique de Trump. On comprend rapidement pourquoi il a choisi ce scénario aiguisé des frères Coen. Et après un film médiocre où il faisait principalement jouer ses potes, ça fait plaisir de le voir ainsi. Une vraie réussite.

Bienvenue à Suburbicon, de George Clooney – Sortie le 6 décembre 2017

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