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Critique : Belle et Sébastien

Un enfant et son chien, c’est banal, c’est presque rien. Mais la vie tourne bien avec Belle et Sébastien…

C’est du moins ce que disait le générique de la série d’animation lors de sa diffusion dans les années 80 sur la trois. Aujourd’hui Belle et Sébastien revient, sur grand écran cette fois. Le petit garçon a les traits de Félix Bossuet, trouvé spécialement pour le rôle. Belle est toujours fidèle à son surnom et la caméra est portée par Nicolas Vanier.

Hasard du calendrier, Belle et Sébastien sort dans les salles une semaine avant une autre adaptation de dessin animé culte : Albator. Le passage sur grand écran leur réussira-t-il ?

 

Si vous avez une quarantaine d’années, vous vous souvenez sans doute avec émotion des premières diffusions de Belle et Sébastien, feuilleton télévisé écrit et réalisé par Cécile Aubry. Oui, nous sommes en 1965 et le jeune Mehdi vit des aventures mignonnes avec son magnifique Montagne des Pyrénées dans les Alpes françaises. 13 épisodes seulement, et sans doute beaucoup plus dans vos souvenirs, et deux suites : Sébastien parmi les Hommes et Sébastien et la Marie Morgane.
Si vous êtes plus jeune, la série originale vous parlera moins que le dessin animé réalisé par NHK et qui fera les beaux jours de Fr3. Nous sommes en 1983. L’action est transposée dans les Pyrénées -c’est sans doute plus logique pour le chien- et pendant cinquante deux épisodes, Sébastien (doublé par Flora Balzano, qui fera aussi la voix d’Astro Boy) cherche désespérément sa mère.

Trente ans plus tard arrive la version de Nicolas Vanier, qui veut reprendre la trame de la série originale, oubliant au passage qu’on n’écrit pas un film de cinéma comme une série télé.

L’histoire est en effet la même : César recueille à sa naissance le jeune Sébastien, un petit garçon orphelin. Le gamin, qui ne doit pas avoir plus de cinq ou six ans, quand le film commence va se retrouver sur les traces de « la bête » qui bouffe les moutons des alentours et découvrir qu’il s’agit en réalité d’une magnifique chienne montagne des Pyrénées, tellement superbe qu’il l’appellera Belle. Le jeune orphelin trouvera un compagnon chez le chien, qui lui -battu par ses précédents propriétaires- trouvera un maitre. Tout aurait pu se dérouler pour le mieux s’ils n’étaient pas entouré par une belle bande de chasseurs bras cassés, tous persuadé qu’un chien est responsable du massacre des troupeaux. Il s’ensuit alors une histoire d’opposition entre le petit garçon et les chasseurs, et tout cela aurait pu être éminemment sympathique.

En effet, Nicolas Vanier nous fait profiter des superbes paysages alpins et de son talent de documentariste. Le film est vraiment joli, et les plans aériens ne font que renforcer cette impression. Ajoutez y quelques animaux mignons et la magie pourrait prendre. Les fans de Mehdi seront ravis de voir qu’il a bien grandi et que la chanson de la série de Cécile Aubry est utilisée à bon escient. Bref, le film recèle quelques idées et le démarrage est vraiment agréable.
Mais les scénaristes se prennent vite les pieds dans le tapis.

Le film évoque quelques lieux et quelques épisodes de la série (le refuge, l’avalanche, le jour de Noël) mais y ajoute… des nazis ! Oui, l’histoire se déroule en 1944 et comme par hasard le médecin du village mène une double vie et fait passer des Juifs en Suisse, en veillant à ne pas se faire prendre par les patrouilles de soldats. Le Point Godwin est très vite atteint, et on se demande bien ce qu’ils foutent là puisque tout ce qui tourne autour d’eux est fait n’importe comment. Fabien Suarez, Juliette Sales et Nicolas Vanier en oublient presque qu’il s’agit d’une histoire banale, presque rien, entre un petit garçon et son chien et s’enlisent dans une sous-intrigue historique, dont le dernier acte est un ramassis de n’importe quoi cumulant clichés et facilités scénaristiques. Le film frôlait par moment le ridicule (après tout, le petit garçon incarnant Sébastien n’est pas très bon) mais s’enfonce comme les réfugiés s’échappant en Suisse s’enfoncent dans la neige.

Qu’est ce qui a pu se passer pour que l’écriture soit aussi désastreuse ? Cécile Aubry avait écrit des épisodes bien distincts et on pourrait croire que les scénaristes ont cherché quelque chose pour les lier entre eux. Mais ils ont oublié au passage qu’on écrivait pas une série télé comme on écrit un film de cinéma. On ne peut donc pas se permettre d’oublier le premier acte de l’histoire en chemin pour terminer sur quelque chose de radicalement différent.
Et puis peut-on encore se permettre autant de facilité en 2013 ? Belle et Sébastien version cinéma est une série télé avec de très gros moyens, qu’on aurait sans doute découvert avec plaisir en plusieurs ou sur une chaine type HBO ou un réseau à la Netflix. Mais la France n’est pas prête à faire ce genre de pari, donc pousse le film sur grand écran.

 

Belle et Sébastien – Sortie le 18 décembre 2013
Réalisé par Nicolas Vanier
Avec Félix Bossuet, Tchéky Karyo, Margaux Chatelier
Ça se passe là-haut, dans les Alpes. Ça se passe là où la neige est immaculée, là où les chamois coursent les marmottes, là où les sommets tutoient les nuages. Ça se passe dans un village paisible jusqu’à l’arrivée des Allemands. C’est la rencontre d’un enfant solitaire et d’un chien sauvage. C’est l’histoire de Sébastien qui apprivoise Belle. C’est l’aventure d’une amitié indéfectible. C’est le récit extraordinaire d’un enfant débrouillard et attendrissant au coeur de la Seconde Guerre mondiale. C’est l’odyssée d’un petit garçon à la recherche de sa mère, d’un vieil homme à la recherche de son passé, d’un résistant à la recherche de l’amour, d’une jeune femme en quête d’aventures, d’un lieutenant allemand à la recherche du pardon. C’est la vie de Belle et Sébastien…

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