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Critique : Avant Toi

Ce mercredi sort dans les salles l’histoire d’un poisson bien connu qui a des troubles de la mémoire immédiate. Mais débarquera également Avant Toi, réalisée par la Britannique Thea Sharrock bien connue outre-Manche pour mettre en scène des pièces de théâtre (dont Equus avec Daniel Radcliffe).

Après avoir réalisé la mini-série Henri V avec Tom Hiddleston, la voici aux manettes de son premier long-métrage, histoire d’amour entre Emilia Clarke (Game of Thrones) et Sam Claflin (Hunger Games).

 

LA CRITIQUE

Deux ans après « Nos Etoiles Contraires », voici venu le nouveau tire-larmes hollywoodien adapté d’un roman de Jojo Moyes. « Avant Toi » raconte l’histoire d’amour condamnée entre un tétraplégique décidé à se faire euthanasier en Suisse et sa jeune aide-soignante. Préparez vos mouchoirs.

Si « Avant Toi » débute comme une romance banale entre une jeune femme excentrique et un homme amer et brisé par la vie, l’histoire prend vite un tournant plus sombre, et évoque un sujet trop rarement vu au cinéma, qui est celui de l’euthanasie. A ce titre, et peu importe votre avis sur cette question épineuse, le scénario offre suffisamment d’avis nuancés pour que le film s’élève au-dessus des romances actuelles (et inutile de dire qu’il a rouvert le débat aux Etats-Unis). Il offre en effet de vraies pistes de réflexion, et pour cela, il faut saluer l’effort fait. On se retrouve avec un plaidoyer touchant pour le choix des personnes à mourir dans la dignité, pour ne plus avoir à souffrir quotidiennement, mais le film ne diabolise pas pour autant ceux qui y sont opposés et leur donne la parole avec des arguments concrets.

Malheureusement, si les thématiques d’ « Avant Toi » sont relativement bien traitées, le reste s’apparente à une romance tragique qui tarde à prendre son envol. Au point que l’on se dit qu’au lieu d’une romance expédiée en deux scènes, il aurait peut-être fallu ne créer qu’une amitié entre les deux protagonistes ? C’est ce qu’avait brillamment fait « Me, Earl and the Dying Girl », sorti l’an dernier, et qui évoquait la fin de vie d’une jeune fille qui refuse de continuer son traitement contre la leucémie. On se doute que l’intention de l’auteur est de montrer qu’un amour, même fort, ne peut pas toujours transcender les difficultés ; le message véhiculé, bien que pro-choix, est finalement très sombre, voire plus réaliste qu’on pourrait l’imaginer, mais à l’exception d’une scène en particulier, l’émotion n’affleure pas vraiment.

Dommage que l’écrin servi pour une histoire pareille soit si classique, et longuet. La mise en scène de Thea Sharrock ne brille pas spécialement, la bande-originale est sirupeuse. Quant à la fidélité de l’adaptation, signée de Jojo Moyes elle-même, elle est plutôt respectueuse à un détail près : le passé douloureux de Lou a été complètement éclipsé, au motif de ne « pas vouloir se focaliser sur cela pour ne pas alourdir l’histoire ». Ce qui est regrettable car c’est l’une des facettes les plus intéressantes du personnage – la plus douloureuse aussi, mais qui explique aussi son comportement et son mode de vie. Au lieu de cela, Lou est réduite à être une jeune femme bavarde aux tenues excentriques, à la limite du cliché, là où Will a le droit à un traitement plus complexe. Cela étant, le personnage n’est pas aidé par le jeu d’Emilia Clarke, tout en sourcils et mimiques forcées. Loin de ses dragons de Game of Thrones, la jeune actrice ne brille pas particulièrement, même si son alchimie avec Sam Claflin, ici dans son meilleur rôle depuis un bon moment, sauve certaines scènes du naufrage, à défaut de sauver le film.

Avant Toi aurait pu être une romance efficace si elle ne mettait pas autant de temps à démarrer. Au final, ses thèmes et sa conclusion plus dramatique qu’on aurait pu le penser sauvent le film de la médiocrité. Mais au vu du potentiel du roman, on ne peut s’empêcher de constater que l’adaptation passe à côté de ses scènes les plus fortes et qu’elle lisse à outrance des personnages pourtant forts sur le papier (on pense notamment à Katrina, la sœur de l’héroïne). Dommage.

Avant toi, de Thea Sharrock – Sortie en salles le 22 juin 2016

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