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Critique : A Most Violent Year

On a pu la voir briller cette année dans Interstellar, Mademoiselle Julie ou encore The Disappearance of Eleanor Rigby. L’année prochaine, elle sera à l’affiche des films de Ridley Scott et Guillermo del Toro.

Lui pilotera un X-Wing dans la franchise la plus attendue de 2015 puis sera le mutant Apocalypse pour Bryan Singer.

Jessica Chastain et Oscar Isaac font partie de cette nouvelle génération de comédiens dont la carrière atteind des sommets. Ils devaient se rencontrer. C’est ce qu’a fait J.C Chandor avec A Most Violent Year, dernière grosse sortie cinéma de l’année 2014.

 

Deux films auront suffi à J.C Chandor pour se faire une petite réputation solide.
Il faut dire qu’après avoir montré les coulisses de la crise financière à Wall Street, le cinéaste s’était retrouvé seul sur un bateau avec Robert Redford, montrant dès lors un appétit pour les films risqués et les défis à relever.
Voici donc son nouveau bébé, A Most Violent Year, dans lequel Oscar Isaac & Jessica Chastain vont bien avoir du mal à gérer un business au moment même où la période est délicate pour ce dernier.
Sur le papier, il semble qu’on ait à faire à un projet plus sage que précédemment et pourtant, l’air de rien, J.C Chandor puise grandement son inspiration ici chez Martin Scorsese. Tiens donc ?

Le héros du film, campé par Oscar Isaac, est un immigré qui a réussi à monter une entreprise de pétrole respectable et conséquente, s’apprêtant à faire un investissement considérable dans le but d’asseoir sa place sur le marché. Le risque est calculé mais réel, car au moment même du prêt à la banque et d’assurer ses arrières, une vague de violence tombe sur New York, certains chauffeurs sont braqués brutalement, et une avalanche de procès infondés menacent l’édifice professionnel. Que ce soit dans l’ambiance eighties, la musique ou le parcours du personnage principal, difficile de ne pas penser aux grandes heures de Scorsese avec des films comme Les Affranchis ou Casino, même si J.C Chandor ne va pas se vautrer dans la citation pantagruélique façon American Bluff. A l’inverse de son confrère David O. Russell qui poussait les potards à fond pour tomber dans le pastiche grotesque, Chandor va tout doucement, mais sûrement, détourner les codes du grand film de gangster américain classique.
Et ce pour une raison somme toute très simple : ici, le héros n’est pas un gangster.

Si ses origines peuvent y faire penser, ou même sa vie en général, le personnage d’Oscar Isaac cherche à tout prix à être droit dans ses bottes. Mais comment faire pour rester intègre dans un monde fait de corruption, de tricherie et de mensonge ? C’est là la grande thématique du film et l’enjeu qui va soutenir tout le récit, avec le parcours d’un homme dont les moyens humbles, logiques et raisonnables vont parfois être bien faibles face à un environnement aussi hostile.
Le récit va mettre le couple en difficulté de bien des manières, en tendant systématiquement la perche pour passer de l’autre côté de la loi afin de mieux observer leur comportement dans l’adversité, et les solutions qu’ils emploient pour s’en tirer ou non. En parlant de couple, Jessica Chastain n’est pas là pour faire les potiches de service, et apporte une dynamique particulière au récit, à un degré différent de la thématique de base, pour mieux enrichir l’univers du film et son scénario. C’est de toute façon principalement dans une suite de relations et de binômes que le récit gravite et puise ses ressources pour avancer, chaque duo illustrant l’une des facettes de ce type qui se démène comme il peut dans une jungle dont il ignore jusqu’aux frontières.

Bien qu’assez classique, et finalement sans grande surprise dans son déroulement, A Most Violent Year repose donc intégralement sur ce principe d’inversion des codes, plongeant son spectateur dans un récit qu’il semble connaître et qu’il a vu des dizaines de fois, avant de progressivement et subtilement déplacer le champ de valeurs que l’on pensait être celui des personnages.
Rien de révolutionnaire en soit, mais juste un peu de fraîcheur pour le genre, surtout que l’ensemble a fière allure. Filmé en grand angle avec un scope d’une classe instantanée, le film s’avère impeccable visuellement et va à l’essentiel tout en donnant une certaine ampleur au parcours de ce type. Même si quelques scènes sont assez forcées pour caractériser certains personnages et les approfondir (celle avec le cerf par exemple…), Chandor parvient systématiquement à justifier ses choix par les conséquences qui découlent de chaque action.

En fin de compte, la seule chose qu’on peut reprocher à l’ensemble, c’est ce côté horlogerie minutieusement millimétrée. Tel un bon élève ayant appris sa grammaire sur le bout des ongles, Chandor la réapplique au doigt et à l’œil sans faire la moindre faute, mais sans transcender quoi que ce soit non plus, avec un léger manque de folie. Car tout ce qui manque à sa nouvelle copie, c’est foncièrement un supplément d’âme, le petit truc en plus qui aurait pu le différencier de son modèle écrasant pour de bon. C’est très beau, campé par des comédiens en pleine possession de leurs moyens et le récit monte en puissance mais pourtant, il manque cette étincelle qui emmènerait le spectateur plus loin. En l’état, J.C Chandor marche ouvertement dans les traces d’un géant sans jamais trébucher et comme il le fait avec humilité et à l’instant de son héros sans tricher, ce serait déplacé de ne pas saluer l’effort.

 

A Most Violent Year – Sortie le 31 décembre 2014
Réalisé par J. C. Chandor
Avec Oscar Isaac, Jessica Chastain, Albert Brooks
New York – 1981. L’année la plus violente qu’ait connu la ville. Le destin d’un immigré qui tente de se faire une place dans le business du pétrole. Son ambition se heurte à la corruption, la violence galopante et à la dépravation de l’époque qui menacent de détruire tout ce que lui et sa famille ont construit.

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