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Critiques SXSW : Manhattan Stories, Us & Them, Lake Bodom

C’est qu’il deviendrait presque routinier de vous parler des films découverts au SXSW alors que nous sommes quand même à des milliers de kilomètres de Paris, en plein Texas pour enquiller les séances.

Au programme donc cette cession : un thriller social, un bon gros film de hipsters et une tentative de film de genre finlandaise, chose assez rare là-bas…

 

Us and Them (2017) de Joe Martin

Une jeune femme part en week-end dans la maison de campagne familiale pour présenter son compagnon à ses parents. Sauf que le bougre n’est pas qui il prétend être, et s’avère être un homme de la classe ouvrière qui prend en otage la famille pour faire entendre ses revendications sociales.

Partant sur un postulat engagé assez fort, Us and Them n’est jamais feint dans la rage dont il fait preuve, et témoigne d’un vrai ras-le-bol tangible et authentique, en mettant le doigt là où ça fait mal concernant les souffrances du peuple face aux élites indifférentes aux malheurs de ceux qu’elles sont censés protéger. Malheureusement, Joe Martin ne peut s’en tenir à ça et décide de gonfler son film en éclatant sa structure narrative et en lui donnant une partie gangsters losers pour charger le tout en humour noir façon Guy Ritchie, à grands renforts de morceaux rock. Une intention qui court-circuite complètement l’intention de base, et donne un aspect bicéphale au film, où la justesse des revendications est nivelée par du « cool » un peu vain.
Reste quelques scènes fortes, et un casting dans l’ensemble très impliqué, pour permettre à Us and Them de rester une proposition intéressante malgré ses tares.

 

Manhattan Stories (Person to Person) (Sortie le 18 avril 2018) de Dustin Guy Defa

Avec Person to Person, on peut dire qu’on a notre film de hipsters de cette édition 2017 de SXSW.

Il y est question de plusieurs personnages, un collectionneur de disques sur le point de trouver une perle rare, un reporter loser qui va tout faire pour impressionner la nouvelle venue ou une adolescente en plein désarroi sur son identité sexuel, qui vont chacun vivre leurs petites vies New-Yorkaises au sein d’une journée où ils seront éventuellement amenés à se croiser. Éventuellement, parce qu’à vrai dire ce n’est pas le cas pour tous ! Tourné en 16mm et diffusé dans une copie 35mm qui n’a pas manqué de sauter pour nous rappeler la supériorité et la fiabilité des bonnes vieilles projections pellicules, Person to Person est un manuel du petit Woody Allen illustré, sans avoir forcément le génie d’écriture de son modèle. Dustin Guy Defa parvient quand même à créer un film étrange, l’aspect old school de sa photographie et de la texture de l’image jurant totalement avec sa contemporanéité, et l’écart entre certaines intrigues n’ayant aucune justification. Cela étant, avec une galerie de comédiens assez drôles et quelques situations farfelues, la chose finit par faire son effet et s’avère agréable à suivre, à défaut d’être mémorable. D’ailleurs, on devrait retrouver les spectateurs de la séance et leur demander si quelqu’un se souvient déjà avec vu le film. Avec un peu de chance, ils confondront sûrement avec un Woody Allen…

 

Lake Bodom (2016) de Taneli Mustunen

Comme d’autres festivals, SXSW aime à trouver les œuvres émergeantes de pays pas forcément rôdés aux genres auxquels ils s’adonnent. Ici, c’est la Finlande qui s’y colle avec Lake Bodom, premier film « de genre » local depuis des décennies.
Et pas question de prendre trop de risques, puisqu’on est dans un slasher banal, avec une bande d’ados qui part en week-end auprès d’un lac célèbre pour un fait divers sordide ayant lieu des années auparavant, à base d’adolescents retrouvés massacrés au couteau. Vous ne devinerez jamais la suite…

Le problème quand on s’attaque à un genre aussi codifié, c’est de réussir à incarner suffisamment ces codes pour que le visionnage soit plaisant, et de réussir à les travailler, si ce n’est les pervertir, pour tirer son épingle du jeu. Manque de bol, Lake Bodom échoue sur toute la ligne, avec seulement 4 héros à tuer potentiellement en 1H30 de film, ce qui rend la chose bien maigre en meurtres, et surtout un scénario lénifiant qui pense avancer à coups de twists ultra prévisibles. La photo a beau être soignée, on est devant un film qui n’apporte rien au genre tout en peinant grandement à le représenter dignement. Pire encore, Lake Bodom semble l’appauvrir, le ramenant à peau de chagrin sans les dimensions sexuelles et moralisatrices qui pouvaient le caractériser, ni aucune imagination gore ou quelle qu’elle soit. Un échec sur toute la ligne, dont la seule chose réellement mortelle est l’ennui qu’il provoque.

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