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Critique : Young Ones
Si ce mercredi tous les regards seront tournés vers le nouveau film de Luc Besson (qui n’a pas été montré en avance aux médias web en France, on se demande bien pourquoi), il ne faut pas pour autant négliger les autres sorties. Bien au contraire.
Sortiront également l’indispensable Detective Dee 2 mais aussi Young Ones de Jake Paltrow, un film post-apo réunissant Michael Shannon, Nicholas Hoult, Elle Fanning ou encore Kodi Smit-McPhee. Une mise en bouche en attendant la route furieuse de Mad Max ? Pas impossible.
Alexis l’a vu et livre un avis un peu plus mesuré que celui de Jean-Victor.
Avec un monde qui part à vau-l’eau, le post-apocalyptique devient un genre de plus en plus prisé par les réalisateurs. À la fois un nouveau départ pour l’humanité que le théâtre de sa déchéance, ce thème de l’après fin du monde convainc aussi les producteurs, autant capables de nous sortir de très grosses productions (le prochain Mad Max : Fury Road de George Miller) et des long-métrages à moindre budget mais sachant toujours tirer le meilleur parti de ce qu’il possède (La Route de John Hillcoat).
Young Ones se situerai plutôt dans la seconde catégorie où un auteur placé derrière la caméra nous donnerait son regard sur la survie de l’humanité sur une Terre désertifiée par on ne sait quelle guerre ou cataclysme géologique.
Jake Paltrow est bien le frère de sa sœur Gwyneth. Il signe ici son second long-métrage après un premier en 2007 intitulé The Good Night avec en tête d’affiche son plus proche parent. Pour un réalisateur, sa carrière est plutôt clairsemée entre le cinéma et la télévision et il ne revient au grand écran que quatorze ans après. Auteur, producteur et réalisateur de Young Ones, Jake Paltrow a certainement dû longtemps porter son projet qui marche sur les traces de la célèbre saga de George Miller, mais également sur les plates bandes de The Rover dont il partage quasiment le même contexte. Young Ones serait d’ailleurs un possible épisode antérieur au film de David Michôd.
Les bouleversements du climat ayant fait de l’eau la denrée rare, l’économie américaine s’est adaptée en fonction des lois du marché. En même temps, les terres cultivables du Midwest sont devenues arides et plus rien n’y pousse. Le récit suit la vie d’une famille survivant dans une ferme paumée au milieu de nulle part. Le brave père de famille un tantinet obstiné de croire dans le retour de la pluie sur ses terres qu’il sait encore fertiles. Le western est invoqué dès l’ouverture. Mais lequel ?
Au premier mort, Jake Paltrow fait référence à l’un cadres les plus marquants de Mort ou vif où Sam Raimi avait poussé jusqu’au bout la possibilité graphique développée dans les westerns spaghetti. Si le réalisateur de Young Ones pense sa citation justifiée, très bien. Faudrait-il encore qu’il laisse respirer ces plans qui sortent vraiment de l’ordinaire afin que nous en prenions pleinement la puissance de l’imagerie qu’ils véhiculent. Avec une division du film en trois chapitres chronologiques et inégaux indiqués par des cartons, le clin d’œil à Tarantino n’est pas loin non plus. D’autres fulgurances arriveront de ci de là durant le long-métrage avec des emprunts formels à Steven Spielberg ou même aux cinéma d’exploitation des années 60-70.
C’est un peu fourre-tout, mais pourquoi pas. Il y a quelques idées matérielles très intéressantes comme cette arme associant un fusil de chasse à un fusil à pompe, une mule robotique ou un harnachement mécanique pour permettre à des personnes handicapées de se déplacer dans une moindre mesure, signe que la technologie à toujours cours dans ce futur dystopique. Une partie de la civilisation s’est réfugiée dans des zones habitables où la vie est moins difficile. Le casting est aussi très honnête. Jake Paltrow aura su convaincre Michael Shannon, Elle Fanning ou Nicholas Hoult d’être les têtes d’affiches de sa modeste production.
Cela étant, un problème subsiste. Ce fameux plan tiré de Mort ou vif s’avère employé à plusieurs reprises durant Young Ones. Intervenant à des moments bien précis, la construction spécifique de ce cadre a du mal à répondre à une logique de rythmique ou de correspondance de plan à plan, surtout que Sam Raimi faisait évoluer en permanence son découpage et ses cadres dans son long-métrage. Une terrible question se pose alors. Jake Paltrow est-il trop paresseux pour ne pas transformer au fur et à mesure ses plans ou bien pensait-il avoir été le seul à avoir vu (ou se rappeler) de Mort ou vif et des autres films qu’il cite dans le sien (et que nous trouvions, par corolaire, que sa mise en scène est incroyablement novatrice) ?
Dans les deux cas, le bas blesse lourdement sur la capacité de quelqu’un à porter son film tout seul, sans avoir à piquer des idées chez les autres. Young Ones partait sous les meilleurs hospices et son scénario avait de quoi faire du neuf. Mais à vouloir faire dans l’artifice plutôt que dans l’efficace, Jake Paltrow s’est perdu en route, jusqu’à sortir de son chapeau un final similaire à l’Arrakis de David Lynch.
Young Ones – Sortie le 06 août 2014
Réalisé par Jake Paltrow
Avec Michael Shannon, Nicholas Hoult, Elle Fanning
Dans un futur proche, l’eau est devenue rare, suscitant convoitise et violence. Dans ce climat hostile, Ernest Holm veille sur sa ferme, son fils Jerome et sa fille Mary, et nourrit l’espoir de rendre ses terres à nouveau fertiles. Tout comme Flem Lever, qui fréquente Mary en secret et n’a qu’une idée en tête : s’emparer des terres d’Ernest quel qu’en soit le prix.