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Critique : Yesterday
La musique a le vent en poupe au cinéma. Après le film sur Elton John et celui inspiré par la musique de Bruce Springsteen, place aux Beatles. Ou plutôt place à un univers où la musique des Beatles n’existe pas. L’univers de Yesterday.
LA CRITIQUE
D’un coté nous avons Richard Curtis, le spécialiste de la comédie romantique à qui Hugh Grant doit ses lettres de noblesse. Le scénariste de Coup de Foudre à Notting Hill et Bridget Jones a également mis en scène l’excellent Good Morning England ou encore Love Actually. De l’autre coté, Danny Boyle : Trainspotting, La Plage, Sunshine, 127 Heures, Steve Jobs… Et au milieu, les chansons d’un des groupes les plus importants de l’histoire de la musique, les Beatles.
Pour une rencontre moins explosive qu’espéré mais néanmoins de belle tenue.
Yesterday raconte l’histoire d’un jeune chanteur anglais, dont la carrière ne décolle pas. Il chante dans des bars et tout le monde s’en fout sauf ses potes et sa manageuse (Lily James, toujours impeccable). Mais tout va basculer quand, suite à un accident, il va se réveiller dans un monde où les Beatles n’existent pas. Il comprend alors qu’il peut faire découvrir au monde leur musique tout en en récupérant les crédits. Mais est-ce bien honnête ?
Il y a forcément quelque chose de classique dans cette histoire d’un jeune musicien qui se croyait sans avenir jusqu’à ce qu’il se fasse repérer. Ascension fulgurante, doutes… chute ? La différence, ici, c’est la musique puisque Jack (c’est son nom) n’a rien à composer. Il doit juste se souvenir des chansons des Beatles, retrouver les airs, les paroles, remettre de l’ordre. Et faire découvrir la puissance des mélodies à une époque qui considère Ed Sheeran (dans son propre rôle) comme l’un des plus grands auteurs compositeurs. Évidemment tout repose sur la musique et les paroles cultes pour le spectateur qui se fait emporter par le boulot de Lennon et McCartney. Et comme on s’en doute, tout cela donne droit à des situations bien cocasses (les lieux mythiques des Beatles n’existent pas, pas plus … qu’Oasis !).
Danny Boyle s’amuse avec le scénario, plus simple que les précédentes histoires qu’il a eu à mettre en scène mais avec pas grand chose, quelques cadres bien choisis, quelques utilisations d’écrans, il rappelle qu’il est un fantastique metteur en scène quelque soit le sujet. La première chanson des Beatles, Yesterday, chantée par l’impeccable Himesh Patel, filmée tout en douceur au bord de la mer est un moment d’une perfection absolue. Le cadre, le montage et la chanson sont parfaits. Signalons d’ailleurs le travail de Daniel Pemberton à la bande originale, qui s’empare des notes des Fab Four, des instruments utilisés dans les titres cultes pour en retirer des sons et des mélodies en accord parfait.
Malheureusement, toutes ces qualités vont souffrir d’un ventre mou dans le second acte. En cause l’écriture de Richard Curtis qui, en plus d’être toute aussi prévisible que dans ces précédents longs, met trop de coté l’aspect musical pour se focaliser sur une histoire d’amour dont on aurait pu se passer. Certes, le personnage de Lily James fait encore plus douter et se remettre en question le héros mais il aurait pu tout aussi bien évoluer sans elle. Ca se ressent jusque dans la mise en scène de Boyle, qui perd le feu trouvé au démarrage pour proposer des séquences plus classiques.
La conclusion, parfois hésitante, parfois évidente, vient remettre un peu d’ordre dans tout ça et rajouter une dose d’émotion qui avait fini par disparaitre. Yesterday n’est pas un grand film comme pouvait le laisser penser l’association de tous ces talents anglo-saxons, ça n’en est pas pour autant moins une sympathique comédie romantique qui a le mérite de rappeler, s’il en était besoin, que les Beatles sont toujours le plus grand groupe de musique du monde.
Yesterday, de Danny Boyle – Sortie le 3 juillet 2019