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Critique : Wrong

Après avoir tué des gens avec un pneu, Quentin Dupieux revient avec un nouveau film intitulé Wrong.

Difficile de passer à coté du long-métrage en ce moment, entre le placardage des affiches « à l’envers » où le ciel est en bas et le fait que le film ait été présenté au Festival de Deauville en présence de son équipe.

Reste à savoir si c’est un bon film. Ou un moins bon. Vrai ou faux, en quelques sortes.

 

 

Artiste désormais à multiple facettes et casquettes, Quentin Dupieux alias Mr.Oizo confirme sa passion nouvelle pour le cinéma, désormais attendu au tournant dans le monde entier après le buzz autour de son pneu tueur Rubber. Son troisième film s’appelle donc Wrong, et raconte une nouvelle histoire quelque peu farfelue : celle d’un homme qui a perdu son chien. Oui, c’est tout.
Enfin pas complètement…

Tenir 1h30 sur l’histoire d’un mec à la recherche de son fidèle tout ça peut paraître absolument virtuose dit comme ça mais finalement, une fois devant Wrong, ça n’a rien de sorcier. D’ailleurs, qui a dit que Dupieux tenait la durée ? Nombreux sont ceux qui déjà sur Rubber se disaient que le film était un poil long et pour cause, il était plus ou moins pensé comme un « moyen-métrage » gonflé en long de l’aveu même de son auteur (en off évidemment). Du coup, Wrong s’écarte dès les premières scènes de son idée de scénario prétexte qui n’est là que pour lancer une succession de scènes sans queue ni tête dans lesquelles ils se passent des trucs… sans queue ni tête, évidemment.
On appelle ça l’absurde paraît-il, comme le film semble le clamer en long, en large et en travers, semblant recouvert d’une énorme étiquette à chacun de ses plans affichant ABSURDE avec une fierté dégoulinante. On n’est apriori pas contre, vu que Rubber nous avait plutôt amusés malgré des limites claires mais autant dire que sur ce coup là, le père Dupieux ne s’est pas foulé des masses, voir pas du tout.

Produit en vitesse éclair, Wrong porte le tempérament de son auteur, celui d’un homme qui n’en a rien à cirer de raconter quoi que ce soit pourvu qu’il amuse la galerie au pire ou l’énerve au mieux.
Car des bonnes idées, Wrong en a quelques unes, qui se compte sur les doigts d’une main et font le cœur de certaines scènes. Entre un individu mystérieux qui pousse notre héros désespéré dans de nouvelles pratiques spirituelles pour rentrer en contact avec son ami canin ou un lieu de travail qui n’en est pas un (vous comprendrez…) et à l’environnement des plus inconfortables, il faut bien admettre que le film parvient à maintenir l’illusion dans son introduction et durant certains passages. Comme pour Rubber, Dupieux joue la carte du « Trop bizarre ! », et compile des situations détachées les unes des autres qui trouveront évidemment une connexion vers la fin. Ces situations sont peu nombreuses donc, et c’est finalement ce qui va vite se ressentir tant le long métrage va se mettre fissa à tirer sur ses maigres ficelles pour meubler sa durée. Les amoureux de l’humour de répétition seront aux anges, chaque situation loufoque étant appelée à être revue régulièrement dans le film étant donné le faible nombre de ces dernières. Ca semble quelque peu emmerdant, et ca l’est d’autant plus que ce « film-trip » comme on peut l’appeler ne raconte plus rien.

Rubber ne brassait pas large, mais avait pour lui son personnage principal unique auquel Dupieux donnait vie et maintenait l’illusion tant voir ce pneu boire, se déplacer et tuer avait quelque chose de presque fascinant. Le « monsieur tout le monde frustré passant son temps à se ronger les ongles » servant de héros à Wrong n’a évidemment pas la même force d’attraction, et si vous avez le malheur de ne pas rentrer dans le délire du film, vous allez vite vous rendre compte que la chose tourne à vide. Car malgré son ambiance un peu décalée, ou devrais-je dire absurde, sa galerie de personnage absurdes eux aussi et son déroulement absurde pour finir, Wrong oublie la normalité en chemin et fonce tellement tête baissé dans sa prétendue folie qu’il ne fait que brasser du vent, sans rien traiter en fond et faisant finalement le con pour pas grand-chose. Ca suffit à certains pour qualifier la chose de « David Lynch de la comédie », et on verra dans quelque temps si ils s’en souviendront encore…

Wrong, c’est le film typique de l’artiste branchouille qui veut asseoir sa patte en usant et abusant des mêmes effets tout en sachant la réaction que ça provoquera en face. Un projet artistique louable pour certains, mais qui avouons-le manque cruellement de matière.
On n’enlèvera pas quelques idées rigolotes au film, mais l’absurde pour l’absurde a ses limites et quand on le clame à ce point, c’est franchement suspect.

Wrong – Sortie le 5 septembre 2012
Réalisé par Quentin Dupieux
Avec Jack Plotnick, Eric Judor, William Fichtner
Dolph a perdu son chien, Paul.
Le mystérieux Master Chang pourrait en être la cause. Le détective Ronnie, la solution.
Emma, la vendeuse de pizzas, serait un remède, et son jardinier, une diversion?
Ou le contraire. Car Paul est parti, et Dolph a perdu la tête.

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