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Critique : Western, Nouvelles Frontières
Dès ce lundi soir, Canal+ Cinéma consacre sa semaine au western et diffusera neuf films dont deux inédits, les excellents The Dark Valley (le 14/11 à 20h50à et Slow West avec Michael Fassbender (le 15/11 à 20h50)..
Les festivités commencent ce lundi soir avec The Homesman de Tommy Lee Jones suivi du documentaire « Western Nouvelles Frontières » réalisé par Marius Doïcov et notre camarade Julien Dupuy que vous aviez pu voir dans une précédente Emission. Il sera rediffusé le 15/11 à 00h10 ainsi que le 21/11 à 18h55.
Dans sa grande tradition américaine, le western est-il mort? C’est de cette question, volontairement provocatrice, que Marius Doïcov et Julien Dupuy sont partis en réflexion avec ce documentaire. S’il a fait les beaux jours de l’Âge d’or hollywoodien, ce genre spécifique à l’histoire de la conquête de l’Amérique et de la fondation des États-Unis n’est plus si rentable aujourd’hui. Mark Mc Creery en témoignera avec comme cruel exemple le Lone Ranger, sur lequel il fut le directeur artistique après Rango. L’injuste échec au box office du dernier film de Gore Verbinski n’offre guère d’espoir sur les attentes des spectateurs vis-à-vis du western moderne. Pourtant, le scénariste David Webb Poeples de l’oscarisé Impitoyable de Clint Eastwood s’effare extatique en se remémorant face caméra de ce que le fou Mad Max: Fury Road possède de western en lui.
Pourtant, malgré que les Américains semblent s’être désintéressés de ce genre fondateur de leur cinéma, d’autres s’empressent désormais d’emprunter ses codes pour le transposer ailleurs dans le monde. The Salvation du danois Kristian Levring, le 800 balles de l’espagnol Alex de la Iglesia, The Dark Valley de l’autrichien Andreas Prochaska ou le My Sweet Pepperland de l’irakien Hiner Saleem, diffusés sur Canal Plus Cinéma dans le cadre de la semaine Nouveau western, sont autant d’indices que le western n’est pas mort, mais, mieux encore, trouve une autre vie en dehors du continent américain. En 2013, il est même question d’un remake japonais d’Impitoyable, réalisé par Sang Il-lee. Bien après John Ford ou Howard Hawkes, ce genre s’internationalise. Le mythe de la frontière s’imprime sur d’autres décors que la célèbre Monument Valley et chacun de leurs protagonistes développent de nouvelles pistes sur le héros (ou anti-héros) de western.
Pendant ce temps, le genre est laissé aux États-Unis au bon soin du cinéma indépendant. Entre le Shérif Jackson des frères Miller et le fantastique The Homesman de Tommy Lee Jones, le western continue d’exister sous de nouvelles formes. L’échange avec le compositeur Marco Beltrami révèle cette passion générale pour ce genre qui ouvre des possibilités infinies à la création. L’inventivité du musicien démontre cette envie qui existe encore en Amérique pour le western et répond à cette faim des réalisateurs étrangers de fusillade dans désert en CinémaScope. Le tout sous l’avis du vieux sage John Carpenter, dont la carrière a été pétrie dans les films de John Ford, le documentaire Western: Nouvelles frontières est un état des lieux assez optimiste sur la possibilité que le western perdure en s’étendant au reste du monde, même si la perspective que celui-ci ne soit abandonné au profit des sagas de super-héros en collants n’est guère encourageante.