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Critique : Watchmen (2019)

Nous avons vu les quatre premiers épisodes de Watchmen. La série de Damon Lindelof d’après la bande dessinée éponyme rassemble Regina King, Don Johnson, Jeremy Irons ou encore Jean Smart. Elle sera diffusée en France sur OCS à partir du 21 octobre prochain.

 

LA CRITIQUE

Réaliser une série se déroulant dans l’univers de Watchmen, voilà un projet bien casse-gueule. La bande dessinée d’Alan Moore et Dave Gibbons parue à la fin des années 80 parait inadaptable et seul Zack Snyder s’y est cassé les dents (et même si son film a des qualités indiscutables).

Si vous n’avez jamais ouvert le bouquin, sachez que l’histoire se déroule en 1985 dans un monde uchronique où Richard Nixon est toujours président et où les USA ont gagné la guerre du Vietnam. Il y est question d’un groupe de super-héros sans pouvoir (et du Dr Manhattan, un scientifique qui récupère, lui, des pouvoirs quasi-divins suite à un accident) et d’une nouvelle Guerre Mondiale qui menace d’éclater. La BD montre des personnages aussi complexes que les relations qu’ils nouent entre eux, le tout à travers une construction originale (tout un chapitre est raconté de manière symétrique, une histoire de pirates « Tales of the Black Freighter » est régulièrement évoquée, etc…). Le boulot de Moore et Gibbons est tellement énorme, dans tous les sens du terme, qu’on ne peut que vous encourager à le lire.

Ceci étant posé, la série écrite et produite par Damon Lindelof, se déroule bien plus tard. Nous sommes donc en 2019 à Tulsa dans l’Oklahoma, toujours dans un monde parallèle bien différent du nôtre. Robert Redford est désormais Président, les voitures roulent toutes à l’électricité et les téléphones portables n’existent pas. Les évènements de la bande-dessinée, eux, ont bien eu lieu : le Vietnam est désormais un État américain,  la population doit se protéger de pluies de petits calamars et les MinuteMen sont le sujet d’une émission de télévision.
A Tulsa, donc, les policiers protègent leur identité avec des masques et sont aidés par des héros en costume dont Sister Night, héroïne de la série. Ils doivent faire face aux reprises des violences d’un gang portant des masques de Rorschach et s’attaquant à la population noire. Le meurtre de l’un d’eux va déclencher une série d’évènements dont le retour de Laurie Blake désormais agente du FBI.

Difficile d’en dire plus sans plonger dans l’univers des spoilers. Mais Watchmen la série surprend. Par son introduction très radicale et son premier épisode étonnant. Damon Lindelof y traite abruptement de la question du racisme aux USA. Il y montre également des personnages loin d’être manichéens, au passé et aux relations compliquées. En cela, et malgré un niveau d’échelle bien différent, il parvient à rappeler la bande-dessinée. Et si certains éléments sont très bien, d’autres montrent que le créateur a de biens gros sabots : certains rappels, clins d’œils et autres références sont bien lourdes, voire dispensables. D’autres sont presque choquants pour une série américaine (un objet à la fin de l’épisode 3 nous a fait halluciner. Sérieusement ?). Et d’autres, dont un vendeur de journaux, sont bienvenues.
Il faut aussi citer le personnage d’Ozymandias, qui a désormais les traits de Jeremy Irons, et dont l’histoire n’a pas le moindre rapport avec l’intrigue principale, venant se caler dans le récit comme les documents de fin de chapitre de l’œuvre originale.

A la fameuse question « Who watches the Watchmen ? » (« qui surveilles les Gardiens ? ») en 2019, Lindelof répond en mettant en avant les forces de police plutôt que de véritables justiciers masqués. Les flics de sa série ont des armes bloquées qu’un seul une décision d’une haute autorité leur permet d’utiliser. Trop de bavures ? Des policiers trop ingérables ? La mort de l’un d’entre eux, au coeur du premier épisode, est-elle vraiment ce que l’on croit ? Il faudra attendre de voir l’intégralité de la série pour pouvoir répondre à ces questions.

Ce qui ressort des quatre premiers épisodes que nous avons vu correspond à ce que Damon Lindelof avait vendu pendant la production : ce n’est pas une suite de Watchmen mais bien une histoire dans l’univers de. Avec ses qualités et ses défauts. Avec des acteurs impliqués, une réalisation soignée (dont de très belles transitions à la Spielberg), un bel univers et des personnages intéressants. Avec une dose de mystère qui nous fait nous demander si le scénariste ne va quand même pas chambouler la BD en fin de compte. Mais aussi avec une bande originale trop discrète par rapport à des chansons omniprésentes (Trent Reznor et Atticus Ross ont déjà fait mieux) et des éléments dont on se serait passés.

Mais le ressenti final lorgne surtout vers la frustration. On aurait sans doute apprécié quelque chose de plus proche des personnages originaux. Watchmen version Damon Lindelof n’est pas une mauvaise série. Mais après quatre épisodes, on se rend compte qu’elle est bien anecdotique face à l’oeuvre d’Alan Moore et de Dave Gibbons.

Watchmen, de Damon Lindelof – à partir du 21 octobre en US+24 sur OCS

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