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Critique : Voyage vers la Lune
Netflix multiplie les projets dans l’animation. Après Klaus, The Willoughbys et en attendant My Father’s Dragon (Cartoon Saloon) ou Pinocchio (Guillermo del Toro), voici venu le temps de Voyager vers la Lune.
LA CRITIQUE
Il y a dix ans (!) nous rencontrions Glen Keane pour une longue interview. Il venait alors à Paris accompagner la sortie de Raiponce, sa dernière collaboration avec les studios Disney. Depuis, de l’eau et quelques courts métrages ont coulé sous les ponts. L’animateur a créé sa propre société de production pour se lancer dans une carrière solo. Et pour son premier long, il s’est associé au Studio Pearl ainsi qu’à Netflix. Et il a décidé de nous emmener carrément sur la Lune. Un film aussi beau que bancal.
L’histoire se passe dans une Chine romancée. Ayant bien du mal à trouver sa place au sein d’une famille recomposée, la jeune Fei Fei va se construire une fusée pour aller sur la Lune. Son but est de prouver l’existence de la Déesse de la Lune, comme la légende chinoise le raconte. Sur place, parce qu’elle va bien sûr y arriver, les choses ne vont pas se passer comme prévu.
Co-réalisé avec John Kahrs, à l’origine du fabuleux court métrage Disney Paperman, Voyage vers la Lune est un très joli film où les talents de dessinateur et de réalisateur des deux anciens du studio américain se sentent. Le chara-design, l’animation et l’ambiance visuelle globale transpire leur talent. On peut aussi citer les séquences rappelant la fameuse légende, dessinées à la main façon estampe et où Keane rappelle qu’il est un immense dessinateur. On pense aussi à des petits personnages sur la lune dont les expressions faciles sont en 2D. Et on se souvient que Kahrs avait habilement mêlé 2D et 3D dans son travail.
Over the Moon a été monté au Festival d’Annecy. Du moins c’est en 2017 quand l’animateur était venu présenter Dear Basketball (et que nous l’avions à nouveau interviewé) que la production a eu l’idée de l’embaucher. Une idée ambitieuse malgré les défauts du long métrage. S’ouvrant sur une très (trop) longue introduction où les chansons se multiplient comme dans la Belle et la Bête, Voyage vers la Lune pêche par un scénario déjà vu mille fois ailleurs et des personnages auxquels on a bien du mal à s’attacher. La jeune Fei Fei est très bien mais tous les autres protagonistes sont introduits à la truelle, et la fameuse déesse de la Lune ne parvient jamais à être intéressante – et même si elle est introduite de manière très étonnante. Tout le deuxième acte, sur le satellite de la Terre, rappelle les péripéties de Vice Versa. En fait, pendant plus d’une heure et demi, on a malheureusement l’impression de découvrir du sous Disney. La regrettée Audrey Wells, autrice de The Hate U Give et décédée depuis, a bien du mal à faire décoller le projet.
Le film plaira néanmoins aux plus jeunes. Il est rythmé, coloré, il y a mille personnages mignons (dont un lapin !) et quelques animaux issus de la légende originale. Vos enfants passeront un moment surement formidable. Vous qui lisez ces lignes, par contre, c’est moins évident. Ca nous empechera pas de suivre avec encore autant d’attention les prochaines aventures de Glen Keane dans le monde de l’animation.