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En interview, la réalisatrice Mélanie Laurent explique que le projet Voleuses est né de sa frustration de ne pas avoir assez de femmes de tous les jours incarner des héroïnes. Après un film en costume (Le Bal des Folles, 2021) et l’adaptation d’un roman de Nic « True Detective » Pizzolatto (Galveston), la voici donc aux commandes de Voleuses, d’après la bande dessinée de Rupert, Mulot et Vivès « La Grande Odalisque » elle-même une adaptation officieuse de Cat’s Eyes de Tsukasa Hōjō.
Alex et Carole sont deux voleuses de talent, liées par une amitié fusionnelle. Au service de Marraine (Isabelle Adjani, toujours dans des rôles similaires), elles ont envie de liberté. Une dernière mission, pour laquelle elle vont recruter Sam, jeune pilote automobile, et elles pourront mener leur vie telles qu’elles l’entende. Pour de bon ?
La BD s’ouvrait pas un vol au Musée d’Orsay. Le film en reprend quelques idées pour montrer les deux voleuses fuyant à travers une forêt des méchants à la James Bond, le tout dans une scène de poursuite horriblement filmée et bien trop sur-découpée mais se terminant en joyeuse camaraderie. L’introduction est à l’image du film : bordélique mais attachant.
Attachant parce que la BD de Rupert, Mulot et Vivès, très librement adaptée, permet à Mélanie Laurent et ses coscénaristes Cédric Anger et Christophe Deslandes de faire une chouette histoire de femmes portée par deux actrices à fond, qui s’offrent des répliques très drôles. Le rire franc de Laurent laisse penser que la réalisatrice et ses comédiennes se sont éclatées sur le tournage et l’humour qui ponctue le récit fait mouche à chaque fois. C’est l’aspect « comédie » de la comédie d’action qui fonctionne donc le mieux, grâce à des personnages que le récit prend le temps de poser, pour les rendre attachantes. C’est d’autant plus chouette que Voleuses se débarrasse de la vulgarité très masculine pour livrer une jolie histoire d’amitié, ou même plus, puisque les héroïnes flirtent avec la bisexualité.
Le reste est … plus compliqué. Ne comptez pas trop sur les rares scènes d’action. D’abord parce qu’avoir fait du personnage d’Adèle Exarchopoulos permet de vite régler les problèmes venant d’ennemis sans trop avoir à chorégraphier des combats. Et puis surtout, le récit patine, n’ayant jamais vraiment grand chose à raconter pour mieux s’enfoncer dans une conclusion bâclée. Qu’est ce qui s’est passé pour qu’on en arrive là ? Le tournage a-t-il été compliqué ? Le budget pas à la hauteur des ambitions ? Quoiqu’il en soit, si vous veniez pour des scènes de vol façon Catwoman/Cat’s Eyes, vous risquez d’être déçu.
Le résultat est bancal. A vous de voir si vous voyez le verre vide ou plein mais Mélanie Laurent nous a proposé mieux par le passé. On se dit qu’avec les personnages, elle aurait sans doute mieux fait de monter une série pour mieux développer son univers et marcher sur les plates-bandes de la future série francisée Cat’s Eyes.
Voleuses, de Mélanie Laurent – Disponible sur Netflix le 1er novembre 2023