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Critique : Venom

Voulant profiter jusqu’au bout de ses droits sur les personnages de Spider-Man, Sony Pictures tente son univers avec des seconds couteaux issus des aventures du Tisseur.

Avant de voir Kraven le Chasseur (qui n’aura personne à chasser puisque Peter Parker est chez Kevin Feige), Black Cat ou encore le vampire Morbius, voici donc Venom avec Tom Hardy dans le rôle d’Eddie Brock.

 

LA CRITIQUE

Faisons un petit bond en arrière. Souvenez-vous du début des années 2000. Loin de Kevin Feige, du MCU et du DCU, Sam Raimi et Bryan Singer avaient ouvert avec Spider-Man et X-Men la porte à toute une flopée de films de super-héros, parfois pour le meilleur et souvent pour le pire : Daredevil, Elektra, les 4 Fantastiques, La Ligue des Gentlemen Extraordinaires, Punisher ou Ghost Rider un peu plus tard. Raimi enchainait les épisodes de sa trilogie impeccable sur l’homme araignée, avec un Spider-Man 2 au sommet et un troisième opus décrié à tort, qui offrait de superbes séquences d’actions malgré une production compliquée. On se souvient encore des critiques violentes à l’égard de Tobey Maguire en roue libre ou encore d’un Venom considéré comme à la ramasse.

Imaginez à la même époque un film sur Venom (super-méchant soit-dit en passant super ringard qui respire à plein nez les années 90 malgré sa base de fans)  réalisé par l’équipe de Daredevil.

Ce n’est pas juste votre imagination. Et nous ne sommes pas en 2003, mais bien en 2018.  devant un film à 100 millions de dollars. Avec un Ruben Fleischer se prenant pour Mark Steven Johnson.

Pas de surprise ici, on y suit Eddie Brock, visiblement youtubeur-journaliste à succès à San Francisco, essaye de faire tomber la Life Foundation, une fondation scientifique ayant récupéré différents symbiotes de l’espace. Pas de bol pour lui, c’est le journaliste qui va finir par perdre son travail, sa copine et son appart…
Six mois plus tard, alors qu’il n’a plus rien, une scientifique décide de l’appeler pour l’aider et le fait entrer en secret dans les laboratoires.  Il devient alors Venom et devra faire face à Carlton Drake, le chef de la Life Foundation, qui lui, deviendra Riot, un symbiote « leader », beaucoup plus fort.

Si on n’attendait plus grand chose de Venom au vu des différents trailers ultra-cheap, on avait néanmoins une curiosité un peu malsaine pour vérifier si toutes nos craintes allaient se confirmer. Malheureusement pour nous, la ringardise a dépassé nos espérances pour nous proposer un film complètement bloqué au début des années 2000 et avec constamment le cul entre deux chaises, oscillant entre l’humour d’ado débile et le dark d’ado émo.

La scène de transformation de Brock en Venom caractérise très bien le film : une SDF lui saute dessus et essaie de lui lécher l’oreille / le mordre / le tuer. On y voit le symbiote environ 2 secondes et la scène se termine là. Rien d’iconique, rien de spectaculaire, surtout quand on compare avec cette scène là. L’histoire, linéaire au possible, peine à nous intéresser, surtout quand elle n’a absolument rien à raconter.

Au delà des personnages creux (le personnage de Michelle Williams est complètement lambda, mais le pire restant celui de Riz Ahmed qui n’a absolument aucun arc scénaristique, et est juste là pour froncer les sourcils), les enjeux  sont également inexistants. Avec le recul, on se demande en fait quel a été la véritable menace du film puisque ni les habitants de San Francisco ni les personnages gravitant autour de Brock ne sont mis en danger. Et tout comme ceux qu’ils incarnent, les acteurs aussi sont aux abonnés absents : Michelle Williams fait de la figuration, Riz Ahmed s’en tape totalement et Tom Hardy se demande encore pourquoi il a signé pour 3 films, quand il ne passe pas pour un guignol ridicule.

Non content de faire n’importe quoi, le clou du spectacle est attribué au personnage de Venom, un symbiote trop lol qui fait des petites blagues à Tom Hardy (« moi aussi, je suis un loser là d’où je viens ») et se transforme parfois en conseiller conjugal quand ce n’est pas un symbiote trop mignon trop gentil qui tue uniquement les gens méchants.

Le spectateur a déjà totalement perdu son intérêt pour un dernier acte aussi laid qu’ennuyeux, où on peut observer quelques pixels combattre, empruntant ici et là quelques effets de styles à Sam Raimi. La seule personne qui semble y croire, ici, c’est Ruben Fleischer. Le réalisateur propose quelques scènes faussement cool, tapant  lourdement du coin du coude le spectateur en lui disant « regarde mes money shots t’as vu comme je fais bien les ralentis ? ».

En somme, Venom est un peu notre Daredevil des années 2018 : moche, mal joué, avec une réalisation qui se la raconte alors que c’est simplement ringard. On ne peut même pas rire en se moquant avec quelques bières, c’est juste terriblement ennuyeux. La meilleure scène résidera dans la deuxième scène post-générique : un extrait de Into the Spiderverse (la première scène post-générique étant extrêmement gênante).

Vous avez sûrement mieux à faire.

Venom, de Ruben Fleischer – Sortie le 10 octobre 2018

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