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Critique : Tucker & Dale fightent le mal

Le fan d’Alan Tudyk que je suis depuis son rôle de Wash dans la série Firefly de Joss Whedon se réjouit de pouvoir parler de Tucker & Dale dans lequel il tient un des deux rôles principaux.

Nous avons en effet déjà vu le film à l’Etrange Festival (voir la critique) mais sa diffusion au Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg était l’occasion de porter un regard supplémentaire et de vous en dire un peu plus.

Et la conclusion est toujours la même : c’est vachement mieux. Vivement sa sortie en salles prévue pour début 2012.

Tucker & Dale fightent le mal – Sortie en 2012
Réalisé par Eli Craig
Avec Tyler Labine, Alan Tudyk, Katrina Bowden
Tucker et Dale sont deux gentils péquenauds venus se ressourcer en forêt. Ils y rencontrent des étudiants venus faire la fête. Suite à un quiproquo entraînant la mort d’un des jeunes, ces derniers pensent que Tucker et Dale sont des serial killers qui veulent leur peau, alors que nos héros pensent que les jeunes font partie d’une secte et qu’ils sont là pour un suicide collectif ! C’est le début d’un gigantesque malentendu dans lequel horreur et hilarité vont se mélanger.

Restons dans la tendance comédie pour ce troisième compte-rendu des films du Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg avec Tucker & Dale fightent le Mal de l’américain Eli Craig. Tourné au Canada, il s’agit de son tout premier long-métrage en tant que scénariste. Nourri aux films de genre, l’auteur nous propose une comédie horrifique placée sous le signe de la parodie, et dont la simplicité de l’intrigue n’a d’égale que son efficacité.

Après une introduction façon faux-documentaire en caméra portée, le film démarre sous de fausses allures de buddy movie. Tucker est un homme comblé car il vient d’acquérir la maison de vacances de ses rêves, une petite cabane au fond de la forêt. Dale, son ami de toujours, l’y accompagne, pour un séjour qu’ils s’imaginent fait de parties de pêche et de rénovations en tous genres. Les choses auraient pu en rester là pour nos deux gentils péquenauds mais c’était sans compter leur rencontre fatale, sur une aire d’autoroute absolument glauquissime, avec une bande d’étudiants tendance bcbg venus camper et faire la fête dans cette même forêt. Et c’est précisément de la confrontation de ces deux mondes que tout oppose que va naître le principe même du film, le quiproquo.

Dès ce moment, le réalisateur n’aura de cesse de parodier les ressorts classiques des films d’horreur, pour lesquels on sent chez lui une véritable tendresse. Mais si cela fonctionne ce n’est pas seulement grâce à sa dimension ultra-référencée qui n’est que la cerise sur le gâteau pour les amateurs, et qui, n’en abusant pas, ne perd jamais les autres en route. Bien plus, ce qui étonne dans Tucker and Dale, c’est le soin apporté aux moindres éléments du film. La lumière et les décors sont soignés, remplissant à merveille le cahier des charges du genre, les _nombreuses_ scènes gores sont incroyablement fun et jouissives pour qui aime les morts improbables dopées à l’hémoglobine à la façon d’un Destination Finale, et les acteurs sont tous très en forme, avec une mention spéciale pour Tyler Labine, parfait dans son rôle d’un Dale pataud à souhait, sorte de redneck malgré lui. Mais c’est surtout le travail du rythme qui, ici, est d’une étonnante habileté et confère au film sa plus grande réussite. Suivant, pour mieux les détourner, les codes du slasher movie, Eli Craig nous propose une succession de scènes à sketch à l’humour burlesque qui, loin de nuire à la cohérence et au développement de l’intrigue, font au contraire monter la tension narrative jusqu’à son apogée.

A ce retournement de situation correspond le passage à un autre type de parodie, celui du survival horror avec ses incontournables, tueur fou et damoiselle en détresse inclus. Le rythme change alors, le rire se fait moins systématique mais aussi plus sincère. Si le ressort narratif du quiproquo est utilisé à plein durant toute la première partie du film, le réalisateur a l’intelligence de l’abandonner au bon moment, avant qu’il n’en vienne à lasser le spectateur par sa prévisibilité et son caractère extrêmement répétitif. Les personnages en présence, ceux du moins qui ont survécu, sont davantage exploités et gagnent en épaisseur. De la parodie découle inévitablement le cliché, mais il évite ici l’écueil de la gratuité pour permettre d’instaurer entre le réalisateur et les spectateurs une réelle complicité, et ouvrir une réflexion, peu profonde certes, mais bien amenée et plutôt convaincante, sur le poids des apparences.

Si le vrai visage du Mal dont le titre se fait l’écho tarde à se révéler, comme tous les boggeyman il est néanmoins immortel. La boucle est alors bouclée. Rejouant pour les films d’horreur la partition brillamment écrite par Edgar Wright avec Shaun of the Dead pour les films de zombie, Eli Craig tape dans le mille avec finesse.

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