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Critique : Trois Jours et Une Vie
Deux ans après La Confession, le réalisateur de Made in France et Le Convoyeur revient avec un nouveau film, le premier dont il n’a pas écrit le scénario. Un challenge donc pour celui qui aligne devant sa caméra Philippe Torreton, Sandrine Bonnaire, Charles Berling ou encore le jeune Jeremy Senez. Pour Trois Jours et Une Vie.
LA CRITIQUE
Il avait déjà écrit pour le petit écran mais c’est avec Au Revoir Là-Haut et sa collaboration avec Albert Dupontel que l’écrivan Pierre Lemaitre s’est fait connaitre des cinéphiles. Deux petites années après ce succès pour lequel il est reparti avec un César, le revoici avec Trois Jours Et Une Vie, adaptation de son propre roman paru en 2016. Avec cette fois, Nicolas Boukhrief, réalisateur de l’efficace Made In France, derrière la caméra.
Difficile de ne pas spoiler un élément de l’intrigue pour évoquer cette histoire se déroulant sur trois périodes. On commence à l’aube de Noël 1999 à Olloy, un petit village des Ardennes belges proche de la frontière française. Antoine, douze ans, détruit sa cabane suite à une série d’incidents qui ont de quoi marquer un petit garçon. De colère, il y lance une buche sur son jeune voisin, qui s’effondre et meurt sur le coup. Alors, Antoine décide non pas de tout avouer ou d’appeler les secours mais de cacher le corps. Du haut de son jeune âge, il planque le cadavre et retourne au village s’enfoncer dans le mensonge.
Et si on spoile cet élément de l’intrigue, c’est bien parce que l’identité du coupable de la « disparition » n’est pas un secret. Dans une histoire policière, soit le coupable est inconnu et on est autant surpris que l’enquêteur soit on sait qui il est et tout l’intérêt réside alors dans la manière utilisée pour parvenir à la vérité. La série Columbo, notamment, fonctionne sur ce principe. Mais on pense surtout à des productions Netflix récentes, Dans Leur Regard et l’incroyable Unbelievable qui évoquent sur différentes époques des crimes et leurs enquêtes avec un fort aspect psychologique.
La réalisation de Nicolas Boukhrief est aussi sobre qu’efficace. Le réalisateur se fait discret mais sait délivrer des scènes marquantes, dont l’une a littéralement fait réagir toute la salle où nous avons vu le film et l’autre, autre point pivot de l’histoire, s’est révélée impressionnante. Le metteur en scène sait également diriger ses comédiens, tous très bons. Et on se prend à regretter à ce que Margot Bancilhon n’ait pas plus de rôles au cinéma.
Tout aurait pu reposer sur l’enquête et les mensonges du petit garçon mais un évènement va tout bousculer, permettant à Lemaitre et Boukhrief de faire un bond dans le temps, pour évoquer la suite de l’histoire une décennie plus tard quand le petit Antoine est devenu adulte. Et de se demander comment gérer une telle situation à l’âge adulte… Prenant jusque là (le premier acte est formidable et le second se suit grâce à des comédiens « adultes » impliqués), Trois Jours et Une Vie s’effondre dans une troisième partie forcée, bien trop rapide, et en particulier dans une scène hors de propos où l’un des personnage change radicalement de comportement.
Lors de l’avant-première, l’un des producteurs du film évoquait le fait que ce genre de sujet passe désormais par le petit écran. On se demande alors ce qu’aurait donné le sujet en mini-série avec un peu plus de temps pour poser ses personnages et surtout ce dernier acte qui, heureusement, ne casse pas trop le délire d’un film déjà bien riche.
Trois Jours et Une Vie, de Nicolas Boukhrief – Sortie le 18 septembre 2019