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Critique : Dernier Train pour Busan
A Cannes, les Séances de Minuit permettent aux festivaliers de sortir un peu du cadre des films d’auteurs qu’ils découvrent en journée pour se plonger quelques heures dans du cinéma de genre.
Après Love de Gaspar Noé montré en 2015, il est possible de voir cette année dans ce cadre Gimme Danger de Jim Jarmusch, Blood Father de Jean-François Richet ou encore Bu-San-Haeng, le train vers Busan…
LA CRITIQUE
La première séance de minuit du 69ème Festival de Cannes aura été électrisée à souhait par le cinéma fantastique coréen avec Train to Busan de Yeon Sang-ho. Bon choix de la part du comité de sélection comme fusible aux nombreux festivaliers sous pression après le premier tiers écoulé de l’événement cinématographique. Invasion de zombies féroces sur la péninsule de Séoul à Busan, station balnéaire très connue pour son grand festival du film. Cependant, la situation catastrophique se résumera au sein d’un train à grande vitesse reliant les deux villes !
Un film de zombie dans un train, il fallait l’inventer ! Les Coréens l’ont fait et pas de n’importe quelle manière.
Il est étonnant de voir le réalisateur Yeon Sang-ho s’exprimer dans un blockbuster. On le connaissait plus coutumier de long-métrages confidentiels et expérimentaux, à l’instar de ses deux très sombres films d’animation The King of Pigs et The Fake. Pourtant, celui-ci semble à son aise dans l’exercice si l’on omet son démarrage.
En effet, après un pur prologue de série Z, Train to Busan voit soudain son rythme au calme plat. La raison à notre introduction au duo principal : un père divorcé et sa jeune fille qui lui demande d’être plus présent et aussi de la laisser voir sa mère qui habite à Busan, alors qu’eux sont à la capitale. Mais c’est une fois passé ces quinze minutes de scènes de vie de famille que nous allons rentrer assez vite dans le vif du sujet. Les traditionnels codes du genre sont élégamment respectés. Des doutes, des interrogations, des situations inhabituelles et vient la première attaque, discrète sur le quai, au départ du train, à l’insu de tous.
Le plus navrant en découvrant le très fun Train to Busan est la ressemblance du train à grande vitesse avec nos TGV français. Les mêmes constructeurs et la SNCF ont effectivement participés à la construction de ces TGV coréens. Alors pourquoi n’avons nous pas eu cette idée par chez nous ? Une attaque de zombies dans un Paris-Marseille ? Ou un Paris-Cannes, tiens ! Il faut croire que nos amis coréens ont plus d’ambition et d’envie dans la mise en œuvre de ce type d’idée folle.
Passé cette drôle de sensation familière, les premiers passagers se font violemment chiquer au cou par les infectés qui se propagent de wagon en wagon. La panique s’empare des lieux et ce huis clos à plus de 300km/h se révèle super efficace. La mise en scène de Yeon Sang-ho ne souffre nullement de l’exiguïté de son décor en deux dimensions. Cette terrible contrainte le pousse sans cesse à renouveler la façon de lutter face aux zombies affamés et à proposer de nouvelles manières de relancer l’action de son long-métrage.
Mieux encore, comme Romero à sa grande époque, le réalisateur fait de son film de genre une œuvre sociale (dans les grandes largeurs, bien entendu). Toute une galerie de personnages divers remplit ce Train to Busan ? Ce fameux père divorcé, qu’interprète Gong Yoo à l’écran, toujours en costard et pensant à ses fonds d’investissements va apprendre de cette aventure. L’individualisme et le chacun pour soi qu’inspirent les règles du capitalisme ne seront pas forcément les voies les plus propices à survivre dans cet enfer. Yeon Sang-ho poussera même le vice à faire se diviser les passagers effrayés les uns des autres que l’un d’eux ne se transforme à son tour.
L’action non stop ne souffrira d’aucun temps mort. Le réalisateur varie sans cesse les situations et fait évoluer les rapports de force entre les protagonistes et la horde de zombies à leur trousse. Un suspense haletant vous tiendra en haleine jusqu’à la dernière minute et de grands moments de bravoure vous attendront immanquablement dans ce très fun et efficace Train to Busan.
Dernier Train pour Busan, de Sang-Ho Yeon – En salles le 17 août 2016
2 commentaire
par thierry
Ca m’amuse toujours de lire des trucs du genre: « pourquoi n’avons nous pas eu cette idée par chez nous ».
Mais je peux vous dire qu’on y a pensé, pas cette histoire là précisément, mais des idées tout aussi amusante et même bien plus folle que cela sont conçues et écrites chaque année et ne trouve jamais de financement, c’est tout.
Vous vous pointez avec le concept de zombie dans le tgv et tout le monde vous rie au nez et vous renvoi dans vos foyer.
(sans parler des responsable des transports d’ici, qui ne s’auraient surement même pas donné la peine de lire ce « truc »)
Cela fait plus de vingt ans que je bosse dans la post prod et j’en ai lu des projets de genre très ambitieux qui n’ont jamais trouvé de financement.
Alors c’est sur, dans le lot, il y avait des histoires folles, porté par des réals improbables, mais aussi des trucs vraiment impressionnant, qui, porté par un bon réal aurait donné des supers films.
C’est le système, et notre poids culturel qui bloque ce genre de création, pas les créateurs. (vous pouvez appliquez cela a la télé, c’est pareil).
Ce film donne envie, en tout cas.