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Critique : Titeuf, le film
Titeuf et son créateur Zep commencent à être partout dans les médias, que ça soit sur les ondes ou à la télévision pour parler du passage au long-métrage du personnage créé par l’auteur du Guide du Zizi Sexuel et du très bon Happy Sex.
N’écoutez pas la promo qui vend un film d’animation évoquant une fête d’anniversaire. Le coeur de l’histoire de Titeuf Le Film est moins drôle puisqu’il est question de divorce. Mais le divorce des parents de Titeuf, dans son univers de cour de récréation, ça a forcément de quoi prêter à sourire.
A sourire ou à rire d’ailleurs ? Réponse dans la critique du film…
Titeuf, le film (3D) – Sortie le 6 avril 2011
Réalisé par Zep
Avec Donald Reignoux, Maria Pacôme, Jean Rochefort
Catastrophe ! Nadia fête son anniversaire et Titeuf n’est pas invité ! Pourquoi ? Comment a-t-elle pu l’oublier alors qu’il soigne son attitude over-séductive à chaque fois qu’il la croise ? Mais un séisme plus important encore va secouer la vie de Titeuf et la faire basculer dans le chaos car décidément les adultes, une fois de plus, sont vraiment trop nuls… Titeuf, pareil à lui-même, va tenter de comprendre ce qui lui arrive et va multiplier les stratagèmes désastreux pour réparer sa vie… tout en ne perdant pas de vue son objectif : être invité à l’anniversaire de Nadia !
Titeuf est un personnage de BD créé par Zep qui a vu le jour en 1998 dans un premier album alors en noir&blanc et absolument hilarant intitulé sobrement « Dieu, le sexe et les bretelles ».
12 albums plus tard (le 13e est prévu pour juin prochain), le personnage de cour de récréation a été décliné à toutes les sauces, que ça soit en série animée, en jeu vidéo et même en exposition dans le cadre du fameux Zizi Sexuel et son guide.
Quoi de plus normal donc que de voir ce gamin arriver sur grand écran. Et pas question de bouder notre plaisir : les longs métrages d’animation français sont bien trop rares.
Manifestement très présent lors de la réalisation, ayant beaucoup dessiné et écrit pour son histoire, Zep a fait appel pour lui donner un coup de main au studio Moonscoop, déjà responsable de la série animée mais aussi d’une version des Quatre Fantastiques et de Tara Duncan.
Grand bien lui en a pris puisque l’animation est très soignée et très respectueuse des dessins d’origines. On se demande quand même ce qui est passé par leur tête en ce qui concerne la 3D relief. Il n’existe pas à ma connaissance de long-métrage en animation classique qui, juste là, soit en 3D. Des Disney comme La Belle et la Bête et bientôt le Roi Lion ont eu droit à des passages post-convertis, mais il s’agissait de séquence incluant des images de synthèse et des mouvements de caméras (comme la fameuse scène de la mort de Mufasa avec les gnous) pouvant justifier une telle utilisation.
Titeuf est un personnage complétement plat, la plupart du temps dessiné de profil et évoluant dans un univers tout aussi simple. Le relief est donc sans intérêt, à tel point qu’on ne profite même pas comme dans certains longs métrages d’une profondeur de champs. On est manifestement là face à un argument purement commercial, uniquement destiné à engrager quelques euros supplémentaires pour les locations de lunettes dans les salles.

Enfin, un dernier point « technique » : confier la bande originale à Jean Jacques Goldman et à quelques uns de ses complices (dont une apparition de Johnny Halliday qui prête à sourire) était une bonne idée puisque son univers musical un peu gentil semble complétement correspondre à celui créé par Zep.
Coté histoire, on est bien dans l’enfantin. La bonne nouvelle, c’est que Zep écrit très bien. D’abord, et si vous me lisez régulièrement vous savez que je n’aime pas ça, quand une série animée ou une bande dessinée au format court passe au long, l’auteur cherche toujours à sortir de son univers pour proposer quelque chose d’envergure, et c’est souvent foireux. Zep, lui, tient l’univers de Titeuf du début à la fin avec un scénario simple et efficace, tournant autour de Nadia mais aussi (et surtout, contrairement au pitch et à ce qui se dit en promo) autour du divorce de ses parents. Et l’homme sait parfait décrire les relations humaines, que ça soit les enfants entre eux ou le regard qu’ils peuvent porter sur le monde des adultes. Les conciliabules sur la séparation des parents du héros lors des récréations, les théories échafaudées par les copains de Titeuf sur son avenir sonnent toutes parfaitement juste.
Malheureusement, l’humour décapant des premiers tomes de la BD n’est plus présent et si on rit à quelques gags un peu sales ou à connotations sexuelles, si on profite de quelques trouvailles liées au fait qu’on est sur grand écran (comme une très bonne scène d’introduction préhistorique), on sent que le grand public voir les plus jeunes sont clairement visés. Je ne connais pas la série diffusée sur France3 mais je n’ai aucun mal à imaginer qu’elle est tout aussi aseptisée que sa version long-métrage.
L’ensemble est donc sympathique, prête à sourire grâce à quelques tentatives de double niveaux de lecture, mais n’a rien d’hilarant.

Dernier point négatif, très très subjectif : le doublage du héros. J’aime beaucoup Donald Reignoux, qui prête sa voix à Titeuf depuis la série animée. Il a fait du bon boulot en doublant Jesse Eisenberg dans The Social Network, en Haku dans Le Voyage de Chihiro ou en Andy dans la saga Toy Story mais il est ici insupportable, prenant une voix détestable et parfois incompréhensible simplement pour faire passer les différentes expressions vocales de Titeuf.
Si Titeuf est donc un film d’animation sympathique (et français pour une fois) plein de bonnes idées et bénéficiant d’une écriture soignée, il aurait cependant mérité d’être un peu plus gras, un peu plus vulgaire, un peu moins « garçon bien elevé » et on se serait marré un peu plus.