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Critique : The Voices
Ce jeudi 4 septembre s’est ouverte la 20e édition de l’Etrange Festival au Forum des Images à Paris.
Une fois la cérémonie terminée et un court-métrage étrange mais rigolo signé Winchluss, la salle pleine à craquer a peu découvrir le nouveau film de Marjane Satrapi, rassemblant Gemma Arterton, Ryan Reynolds et Anna Kendrick. S’il ne sort que le 11 mars 2015 pour le grand public, il devrait faire un tour dans d’autres festivals d’ici-là.
Tout ça nous offrant la possibilité de vous proposer une double dose de Gemma Arterton après la critique de Gemma Bovery qui sort, lui, le 10 septembre prochain.
LA CRITIQUE
Imprévisible Marjane Satrapi. Qui pouvait imaginer qu’après Persepolis, cette femme issue de la bande dessinée réaliserait des films aussi variés que Poulet aux Prunes et la Bande des Jotas ? Et on n’est pas au bout de nos surprises quand on découvre The Voices, pour lequel la réalisatrice ne se paie pas moins que Ryan Reynolds, Gemma Arterton ou Anna Kendrick au casting ! Un casting Hollywoodien pour un film tout sauf gentillet, dans lequel on plonge dans les méandres d’un esprit malade…
Dans une petite ville paumée d’Amérique, Ryan Reynolds incarne un homme simplet dont la vie se résume à sa profession d’emballeur/expéditeur dans une usine de baignoire. Ayant des vues sur la nouvelle employée délurée (Gemma Arterton), notre gentil garçon décide de passer à l’action suite aux conseils de ses animaux.
Oui, parce que si le film s’appelle The Voices, c’est pour les voix que le héros entend, qui se matérialisent à travers ses deux animaux de compagnie. Vous voyez l’image de l’ange et du petit diable qui tracasse quelqu’un ? Remplacez-les par un gros chien baveux et un chat roux tigré, et vous avez une petite idée de la drôle de vie que mène Ryan Reynolds, ou des discussions qui animent ses soirées. Présentant un environnement coloré et un peu kitsch, dans lequel la flamboyance industrielle des années 60 n’a rien perdu de ses couleurs pétantes à notre époque, Satrapi emballe d’emblée le film dans une atmosphère étrange, avec des personnages caractérisés à outrance dans une ville qui semblerait presque issue d’une bande dessinée. La précédente activité de la réalisatrice se sent dès les premières images d’une production léchée, aux cadres très travaillés pour combler une certaine rigidité dans la mise en scène due sans doute à des effets spéciaux délicats. Tout ça parce que sous ses airs de bonnet sympa à défaut d’être une lumière, Ryan Reynolds cache des secrets qui vont venir secouer ce beau petit monde.

Comme si voir un chat débiter des saloperies ne suffisait pas, le héros va vite franchir la ligne et révéler son côté obscur. Sorte de descente aux enfers épicée par un humour grinçant et d’une noirceur véritable, The Voices s’impose comme une relecture sous substances de Harry Portrait d’un Serial Killer. Où quand Marjane Satrapi revisite l’esprit d’un sociopathe à sa sauce. C’est dans un jeu sur les faux semblants et le point de vue que son nouveau film s’avère le plus palpitant, tant on se retrouve confronté au regard bercé d’illusions d’un personnage en total décalage avec la réalité. Lorsque celle-ci revient au galop, le choc s’avère d’autant plus terrible que le spectateur en vient à épouser la vision du personnage, nettement plus agréable mais aussi divertissante. Une vision drôle qui n’en reste pourtant pas moins macabre puisqu’elle applique un vernis merveilleux à des faits horribles.
Dans cet univers revisitant l’Americana en version pop art, les quiproquos et situations loufoques s’enchaînent avec un plaisir contagieux. D’autant plus que Ryan Reynolds s’impose comme une révélation tant il transcende son rôle de brave gaillard mal luné. Doublant les voix de ses animaux auxquels il donne des accents et une diction bien précise pour chacun, l’acteur semble s’être investit à 300% et fait plaisir à voir tant il met à mal son image de beau gosse Hollywoodien. Il n’est pas le seul à profiter de la petite sauterie, ses collègues s’éclatant dans ce qui ressemble à un microcosme candide où le conte de fée se mange en pleine face un thriller poisseux et sombre. Jonglant admirablement avec les ambiances et les ruptures de ton, on surprend Marjane Satrapi à s’éclater dans le film d’horreur pur jus et dégoulinant tout comme dans la comédie acerbe.
Mieux encore, elle semble réellement adorer ses personnages, si bien que la dernière partie qui s’écarte de ses derniers pour revenir sur les chemins du polar conventionnel s’avère en deçà du reste.
Mais qu’à cela ne tienne : The Voices est un petit plaisir de cinéma méchant au caractère bien trempé, et Satrapi s’impose comme l’une des artistes françaises ayant réussie avec succès sa première escapade outre-manche.

Tandis que Marjane Satrapi traverse l’Atlantique pour donner forme à ses idées les plus folles, elle offre la possibilité à ses comédiens de sortir de leurs gonds pour mieux s’éclater dans une fantaisie horrifico/pop qui ne néglige aucun de ses aspects pour faire froid dans le dos sans oublier de faire marrer l’assistance. Un cocktail détonnant qui fait plaisir à voir, et montre que son auteur a plus d’un tour dans son sac.
The Voices – Sortie le 11 mars 2015
Réalisé par Marjane Satrapi
Avec Ryan Reynolds, Gemma Arterton, Anna Kendrick
L’histoire de Jerry Hickfang, un homme employé dans une usine de baignoires. Un homme aimable, mais bizarre… Il tombe amoureux de la comptable, mais leur relation va prendre une très mauvaise tournure. Ses animaux de compagnie -un chat méchant et un chien bienveillant, qui ont tous les deux la faculté de parler- vont alors s’immiscer dans cette relation…
3 commentaire
par Serie streaming
Je n’attendais rien de ce film et finalement j’ai passé un assez bon moment, à voir un dimanche après midi de galère…