Skip to content Skip to sidebar Skip to footer

Critique : The Troll Hunter

Dans la mythologie scandinave, le troll est une sorte de géant représentant les forces de la nature. Mais c’est sans doute Tolkien qui l’a fait connaitre grâce aux fameux trolls de Bilbo Le Hobbit.

Le troll a toujours été, par la suite, associé à la fantasy. Troll Hunter, le film dont on va parler, prend le parti d’imaginer une des ces créatures dans un univers moderne. Après tout, on mélange bien des cowboys et des aliens, on peut donc bien montrer une créature fantastique de ce genre avec des contemporains.

Une chose est sûre : la critique qui suit n’en est pas un.

 

The Troll Hunter – Sortie le 27 juillet 2010
Réalisé par André Øvredal
Avec Otto Jespersen, Glenn Erland Tosterud, Johanna Mørck
Armés d’une caméra vidéo, un groupe d’étudiants norvégiens se lance à la recherche de mystérieuses créatures qui sèment la pagaille dans la région. Durant leur traque, ils vont découvrir un mystérieux braconnier surnommé le « chasseur de Trolls ».

 

Avec la démocratisation des moyens de tournage HD, à grands coups d’appareils photo numérique et de caméras toujours plus petites et moins chers pour une qualité d’image honorable, il ne suffit plus de réussir à faire un premier film pour se faire remarquer.
Dans un marché désormais débordant, le grand baptême se doit d’être suffisamment original ou novateur pour attirer l’intention et du coup, la guerre au High Concept n’a jamais été aussi forte. Buried, Paranormal Activity, Monsters, Le dernier exorcisme ou encore The Silent House, tous se retrouvent sous la bannière du cinéma indépendant pas cher et fait par passion, avec le but de surprendre avant tout pour mieux faire le buzz.
Ces descendants du Projet Blair Witch vont désormais accueillir un petit frère scandinave puisque l’application de cette règle jusqu’alors universelle traverse les frontières sans soucis. Vous vouliez du High Concept venu tout droit du froid de la Norvège, alors voici venu The Troll Hunter !

Ce premier film d’Andre Øvredal ne réinvente pas la poudre puisque le concept du film et sa forme sont pour le moins à la mode. Faux reportage à la caméra portée, celui ci est prétendument réalisé par une bande d’étudiants qui se sont mis en tête de vérifier une certaine légende contemporaine et locale à propos d’un homme dont la profession serait chasseur de trolls. D’emblée, difficile de ne pas repenser à Blair Witch et ses jeunes partant trouver des sorcières, mais pourquoi changer une formule testée et approuvée par le passé. Nous avons beau arriver en plein domaine givré nordique que nous ne sommes pas dépaysés tant dès les premières minutes, la forme du récit est pour le moins similaire à ce qu’on a déjà pu voir dans le domaine.
Caméra malmenée qui filme parfois un peu n’importe quoi, comme des genoux ou le sol, pour donner un minimum de cachet fait maison à la chose, The Troll Hunter reprend sans broncher la désormais bonne vieille formule de la cassette retrouvée, celle même qui avait fait la gloire de Rec.
On retrouve donc les interviews à l’arrache des habitants du coin à propos du bonhomme mystifié, tout comme l’on fait la rencontre avec les acteurs de l’histoire, qui une fois encore semblent nés de la dernière pluie par moment.
Après l’introduction d’une banalité confondante pour le genre, l’objet va trouver ce qui va constituer le moteur du récit : le fameux chasseur de troll. Personnage mystérieux, grognon et pas mal décalqué avec la réalité, ce drôle de bonhomme va alors lancer le film dans la fameuse chasse en forêt, et jouer de son ambiance un tantinet inquiétante pour nous amener progressivement la bête, d’abord à coup de cadre secoué dans tous les sens pour vous faire croire que vous avez vu un truc sans vraiment en être sûr, avant de vous montrer la chose dans son intégralité comme par miracle.

Il faut dire que de ce point de vue là réside la vraie qualité du film puisque non seulement les effets spéciaux tiennent la route sans broncher mais que surtout l’apparence assez loufoque des trolls mérite le détour. Monstre curieux et assez amusant, cette figure sacrée se voit ici représentée avec un amour certain pour son sujet et va faire face à un chasseur aux méthodes très spéciales, dont les armes ne sont autres que des lampes à U.V et des projecteurs surpuissants. C’est cet univers et cet ambiance qui font le charme de The Troll Hunter, le long métrage étant parcouru par un folklore assez unique et typique, avec son lot de scènes plutôt rigolotes notamment quand un troll fait face à un mur de lumière et se retrouve figé en pierre (ce qui donne lieu à des explications scientifiques bien senties) ou quand le chasseur se retrouve revêtu d’une armure robuste lui donnant des airs de chevaliers adepte du fer à souder.
Un cachet nordique qui comme toujours fait face à une forme implacable pour ce type de films, dont les concepts, intéressants mais très stricts, n’exigent aucun écart de conduite.

Evidemment, le réalisateur se prend comme quasiment tous ses prédécesseurs les pieds dans le tapis à un moment ou à un autre, et on a bien du mal à croire à certains scènes de tensions durant lesquelles le caméraman est en plein feu de l’action puisque le film ne peut s’empêcher de produire des effets de mise en scène et de découpage complètement impossibles avec la configuration contextuelle de ces héros casse coups. On peut comprendre que la tentation de changer les cadres et de varier subtilement les points de vue est toujours tentante, mais quand logiquement on a une seule caméra enferrée dans un coin précis, elle est censée y rester ! Aussi, le film a sûrement du craindre d’être trop peu couvert pour sortir dans le grand froid, et se retrouve donc avec un ventre mou se faisant sentir à plusieurs moments tant à force de trop vouloir en mettre, le réalisateur finit par alourdir son rythme non sans conséquences. Bon nombre de dialogues anecdotiques et de scènes de vie placées là pour appuyer l’authenticité présumée de l’histoire parsèment le film, et pour un spectateur qui attend vite de repartir se balader en forêt ou dans de grandes étendues glacées à la recherche des géants à gros nez, ces passages se posent comme de véritables boulets narratifs.
Le film aurait gagné à être plus concis donc, d’autant qu’il lui arrive d’être plutôt impressionnant sur la fin, mais cela ne l’empêche pas d’atteindre son objectif : avoir réussi à faire parler de lui !

Enième membre de la troupe des faux documentaires fantastiques, The Troll Hunter parvient in extremis à tirer son épingle du jeu par l’atmosphère atypique qui le caractérise et par une fabrication somme toute honorable. Son récit plombé d’éléments anodins nuit au pouvoir de séduction du film et il faut bien admettre que la chose finit par tirer méchamment en longueur mais le voyage se révèle plutôt rigolo et restera sûrement plus attrayant que son futur remake américain.

Voir les commentairesFermer

Laisser un commentaire