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Critique : The Town

Il y a des films dont on entend pas du tout parler pendant le tournage, et qui finisse par se dévoiler presque par hasard via une bande annonce alléchante, puis de rien plus.
C’est le cas de The Town, le nouveau film policier de Ben Affleck avec lui-même, Blake Lively (attendue dans Green Lantern) et Jeremy Renner entre autres.
Voici notre critique. Sortie le 15 septembre prochain.

The Town – Sortie le 15 septembre 2010
Réalisé par Ben Affleck
Avec Ben Affleck, Rebecca Hall, Jon Hamm
Doug MacRay est un criminel impénitent, le leader de facto d’une impitoyable bande de braqueurs de banque qui s’ennorgueillit de voler à leur gré sans se faire prendre. Sans attaches particulières, Doug ne craint jamais la perte d’un être cher. Mais tout va changer le jour où, lors du dernier casse de la bande, ils prennent en otage la directrice de la banque, Claire Keesey.
Bien qu’ils l’aient relâchée indemne, Claire est nerveuse car elle sait que les voleurs connaissent son nom… et savent où elle habite. Mais elle baisse la garde le jour où elle rencontre un homme discret et plutôt charmant du nom de Doug….ne réalisant pas qu’il est celui qui, quelques jours plus tôt, l’avait terrorisée. L’attraction instantanée entre eux va se transformer graduellement en une romance passionnée qui menacera de les entraîner tous deux sur un chemin dangereux et potentiellement mortel.

Qui aurait cru avant 2007 que Ben Affleck avait des talents cachés de réalisateur ? Personne, jusqu’à ce que l’acteur mette tout le monde derrière avec une adaptation très honnête de Gone Baby Gone dans lequel on retrouvait le frère du bonhomme, l’excellent Casey Affleck. Après cet essai assez concluant, voilà que le moment véridique du deuxième film pointe déjà le bout de son nez, avec des comparaisons pour le moins élogieuses dans la presse puisque certains journaux n’hésitent pas l’assimilation avec Michael Mann, et son chef d’œuvre absolu Heat, carrément.

Nous savions le père Affleck plutôt bon et le projet semblait prometteur, mais de là à tenir de tels propos, on avait du mal à y croire en rentrant dans la salle…

Les points communs entre The Town et Heat sont pourtant faciles à trouver mais n’en font pas deux œuvres semblables. Forcément, comme il s’agit ici d’une histoire de braqueurs au grand cœur et pas forcément aussi ripoux que leur fonction peut le laisser penser, certains ont trouvés bon de faire le parallèle risqué. Il faut dire que The Town offre son lot de fusillades urbaines aussi, mais la comparaison s’arrête là puisque les deux longs métrages ne jouent pas dans la même cour.

Ce n’est pas pour autant que ce nouveau Ben Affleck est un mauvais film, bien au contraire.

Tournant principalement autour de deux braqueurs d’un côté et de la relation pour le moins casse gueule qui va naître entre Affleck et une directrice de banque que les bougres ont kidnappés il y a peu lors d’un braquage et qui se remet petit à petit du choc sans le savoir avec l’un de ses ravisseurs qui va tomber amoureux de la donzelle alors qu’il était simplement censé la surveiller, l’homme qui avait incarner de triste mémoire un Daredevil lamentable se décide ici à donner dans le polar urbain à l’intrigue tortueuse mais ne délaissant pas une seule seconde ses personnages qui sont bien le cœur du récit et la clé émotionnelle du tout.

Si le scénario ne brille pas par son originalité, il est rondement mené grâce à un rythme bien géré faisant preuve d’un subtil équilibre entre les différentes parties de l’histoire et à sa construction reposant sur trois braquages, chacun des crimes étant le démarrage d’un acte allant faire avancer le tout en bougeant les pions et en changeant la donne, quitte à complètement la bousculer, ce qui va bien évidemment arriver comme on s’en doutait fortement.

Là où Ben Affleck réussi le pari, c’est qu’il laisse le temps à son histoire de souffler en se concentrant sur ses acteurs, qui sont pour la plupart excellents. Que ce soit Rebecca Hall qu’il semble bon de redécouvrir tant l’actrice est juste ou Jeremy Renner qui montre depuis Démineurs qu’il est à l’aise dans tous ses rôles, l’ensemble des interprètes jusqu’à Affleck lui-même fait plaisir à voir même si on posera un bémol sur la gossip girl Blake Lively dont le rôle est quelque peu facile et peut être écrit à la va vite.

Le constat est permis grâce à la mise en scène du film qui se révèle dans un sens similaire à celle de Gone Baby Gone : ici Affleck ne se laisse pas happer par des effets de style has been ou déplacés et à l’exception des éternelles vues d’hélicoptères entre deux séquences, le tout fait preuve d’une sobriété qui fait des miracles lors de certaines scènes assez calmes pour ne pas dire intimistes, durant lesquelles la longue durée des plans permet aux comédiens de jouer librement et se concentrer sur leurs émotions. Certains pourront qualifier ça d’académisme basique et s’il est vrai que l’ensemble fait preuve dans un sens d’un certain classicisme, il en ressort une vraie humilité et le tout ne manque assurément pas de classe.

On peut aussi tirer la même conclusion lorsqu’il s’agit de scènes plus rythmées comme les différents braquages et les quelques poursuites et fusillades qui s’en suivent, là encore réalisées très proprement et étant très agréables à suivre, Affleck faisant preuve de retenue et menant ces séquences mouvementées sans jamais tomber dans les codes actuelles de la shakycam ou des inserts en longue focale à tout va comme cela avait bien pu être le cas sur le même genre de scène chez Christopher Nolan notamment.
Ce constat constitue ainsi la force du film mais aussi le plus gros reproche que beaucoup pourront lui faire, à savoir que le réalisateur rend une copie propre mais sans vraiment faire preuve de nouveauté.

Ben Affleck n’a donc pas inventé l’eau chaude et ça tombe bien puisqu’il n’en a jamais eu la prétention.
Cela ne l’empêche heureusement pas d’y apporter son grain de sel et de montrer une maitrise et une compréhension honorable de la formule puisqu’à défaut de livrer un polar original, son The Town reste un film très agréable à suivre et bien mené qui suffira amplement à quiconque aime le genre.

Net, propre et sans bavure, voilà ce qui résume le mieux le nouveau Ben Affleck, dont on continuera de suivre le parcours avec intérêt.

– Jean Victor

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