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A Cannes en 2024, le festival de Cage continue. Pour ce qui aurait dû être (au mieux) une bonne série B du Marché du Film – enclos réservé aux professionnels – « Le Surfeur » débute en Séance de Minuit, offrant un peu de soleil aux festivaliers déjà fatigués au troisième jour du festival. Et comme les dernières Cageries, « Le Surfeur » est une nouvelle performance physique pour le comédien, dont la carrière a explosé dans tous les sens récemment, donnant l’impression qu’il cherche avant tout à s’épuiser à la tâche. Pour notre plus grand bonheur.
Dans « Le Surfeur », un homme revient sur la plage de son enfance pour mieux reconnecter avec son fils en allant surfer quelques sympathiques vagues et admirer le paysage de ses souvenirs. Mais un groupe d’hommes leur interdit le passage. No liv’ here, no surf’ here. Le scénariste-réalisateur Lorcan Finnegan (« Vivarium ») aligne ensuite une belle suite de rebondissements pour conserver l’intégralité du film sur cette plage et ses alentours, transformant le personnage principal au fil et à mesure de ce qu’il va devoir affronter. Véritable ode à un Nicolas Cage déterminé à s’abîmer au contact du sable et de cette bande d’hommes toxiques (pseudo-critique sociale inaboutie, car le héros lui-même n’est pas innocent), « Le Surfeur » est en soi un huis-clos à ciel ouvert, grignotant petit à petit la modernité qui fait l’homme – son téléphone, ses habitudes, ses réflexes… – pour en révéler la sombre nature.
Étonnamment, le film parvient à conserver au fil de son 1h40 une certaine stabilité, ne s’effondrant pas comme la plupart de ses contemporains dans une suite de non-sens. Finnegan va jusqu’au bout de sa démonstration, utilisant l’iconographie du surf (la plage, le soleil, les soirées au coin du feu de bois…) pour mieux jouer d’une forme de film de tribu-secte moderne que va affronter le héros. En jouant de l’individualité contre le groupe, du père rédempteur contre les conservateurs extrêmes, le film tente de soutenir maladroitement son propos avec un regard légèrement social. Mais dans tout ça, ne le cachons pas, c’est la force motrice de Cage qui est principale. On ne sait jamais trop ce qui motive le comédien, présent dans chaque séquence, chaque défi physique, chaque intention.
On en restera là pour « Le Surfeur » dont la réussite (version série B sympathique) tient essentiellement à son acteur principal. Difficile d’envisager l’existence du film sans Cage devant nous, véritablement matière à performance qui a définitivement basculé dans une autre dimension (qui est aussi celle de « Dream Scenario »). Celle où l’ego et l’humour se mélangent, car il faut abandonner un peu le premier pour foncer vers de tels rôles, et avoir une bonne dose du deuxième pour les assumer. Ne boudons pas une forme de plaisir.
The Surfer, de Lorcan Finnegan – Sortie prochaine