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Auteur de théâtre et scénariste à qui l’on doit notamment Une Heure de Tranquillité ou de La Mère, Florian Zeller est passé à la réalisation pour transposer sa propre pièce, Le Père, devenu The Father avec Anthony Hopkins. Le résultat était brillant et basait tout sur sa mise en scène. Le montage, les changements d’acteurs et de plans, nous plongeaient littéralement dans l’esprit d’un vieux père atteint de la maladie d’Alzheimer et Hopkins y brulait la pellicule.
Avec The Son, vrai/faux prequel, Zeller nous fait découvrir un couple divorcé et dont le jeune garçon vit mal son adolescence. Ne supportant plus d’être avec sa mère, il part vivre chez le père qui a construit une nouvelle vie, avec une femme plus jeune et un bébé. Mais là-bas non plus, le père était très souvent absent, les choses ne vont pas se passer comme le fils le voudrait.
Il y a forcément un gap entre The Father et The Son. Un gap technique. Le premier film devait tout à ses idées de mises en scène, à son montage et à ses trouvailles visuelles pour nous faire comprendre la folie que vivait le protagoniste principal. Dans The Son, forcément, la mise en scène de Florian Zeller est plus sage. A de rares exceptions près, comme de courts flashbacks insérés pour nous montrer les pensées du héros, cette fois porté par Hugh Jackman.
Le comédien est comme d’habitude très bon, et ses partenaires féminines, Vanessa Kirby et l’immense Laura Dern ne sont pas en reste. Seul le jeune Zen McGrath est plus en retrait. Son jeu est aléatoire, le comédien était parfois à coté et même s’il a quelques scènes brillantes.
Zeller, lui, fait autant que possible sortir sa caméra dans les rues de New York pour mieux échapper à l’impression de théâtre filmé, un piège facile qu’il évite avec habileté.
The Son fait tout reposer sur son fond, sur les thématiques qu’il aborde. Une relation père-fils, avec un père absent et un gamin mal dans sa peau. Une histoire universelle, peut-être la vôtre. Zeller fait du père le personnage principal. C’est lui qui, tout en n’étant jamais à la maison, cherche à comprendre ce fils qui ne va pas bien. Difficile de ne pas songer à nos propres expériences, de ne pas se projeter dans l’un ou l’autre des personnages. Face à lui, un gamin fermé, hermétique, surement trop complexe. Faut-il chercher absolument à justifier une raison à son mal-être ? Faut-il tout abandonner oiu simplement chercher à le comprendre. Qu’on soit un père ou un fils, on est tous forcément passé à un moment ou un autre par ces questions, ces choix. Fait-on vraiment ce qu’il faut ?
Bien calé entre Armaggedon Time et Aftersun, The Son explore un autre rouage des relations familiales et vous renvoie à vos propres souvenirs, comme le faisait déjà dans son genre le très beau film de Charlotte Wells. Certes moins efficace que son prédécesseur, il n’en est pas moins une réussite puissante. En attendant The Mother ?
The Son, de Florian Zeller – Sortie en salles le 1er mars 2023