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Critique : The Rover

Cannes oblige, pas de « Un Dimanche, Une Critique » aujourd’hui mais un papier plus classique, la Croisette ne s’arrêtant pas le week-end.

Les festivaliers ont pu découvrir ce samedi 17 mai le nouveau film de David Michod avec Guy Pearce, Robert Pattinson et Scott McNairy.
Nous vous en avions déjà parlé en janvier dernier lors de la diffusion de la première bande-annonce.

Le film sortira dans les salles le 4 juin prochain.

 

 

En 2011, David Michod nous avait mis une sacrée claque avec Animal Kingdom, pur film de gangsters qui tenait son originalité de son décor banal au possible dans lequel se déroulait toute une série de magouilles toutes plus cruelles et sordides les unes que les autres. L’homme est un loup pour l’homme chez le cinéaste australien, qui n’est pas prêt de changer de discours avec The Rover, ou la traque d’un groupe de voleurs par un Guy Pearce remonté comme jamais. L’occasion de confirmer les espoirs fous fondés sur le réalisateur, et de voir si celui ci confirme l’essai…

The Rover, c’est l’histoire d’un mec qui se fait voler sa caisse.
Ca peut paraître presque réducteur ou cliché, mais c’est réellement ça, à savoir un Guy Pearce qui n’a rien demandé à personne et qui se fait tirer sa voiture par 3 voleurs sortant d’un hold up foiré, où ils ont laissé l’un de leurs compères pour mort.
Manque de bol, le type en question (Robert Pattinson) tient encore debout et va faire équipe avec le héros pour acquérir sa vengeance.
Tenant sur un scénario dépouillé à l’extrême, David Michod va construire son film sur son atmosphère, et un univers presque post-apocalyptique. Sans tomber dans la débandade punk façon Mad Max avec lequel le film partage bien des similitudes malgré le déni de son auteur (fallait pas être australien !), The Rover sait se faire troublant quand il expose un monde qui a cédé sous la tyrannie du capitalisme, et dans lequel le continent asiatique et plus particulièrement la Chine ont pris l’ascendant au point de créer des fossés immenses avec d’autres pays pourtant riches à la base, ici l’Australie.
Devenu un vrai no man’s land, sa géographie désertique n’aidant en rien, le pays que l’on voit ici possède des épiceries qui vendent presque tout dans une optique de survie, et a vu sa population sur le déclin tomber dans une paranoïa totale. Non seulement plus personne ne s’aide, mais en plus ils règlent leurs problèmes à coup de shotgun dans la poire. Vraiment pas accueillant ces australiens.

Dans un décorum tout droit tiré d’un western contemporain, où les véhicules ensablés remplacent les chevaux, le metteur en scène déploie sa toile de fond par petites touches, avec par exemple un train de marchandise marqué de lettres chinoises passant au milieu d’un paysage déserté dans lequel il n’y a plus rien d’autre. Ces détails laissés ça et là, et par ailleurs peu nombreux, suffisent à évoquer la situation mondiale en prenant soin de mettre votre imagination en marche pour le reste. On pourrait presque regretter que cet environnement ne soit pas plus approfondi tant il sert de toile de fond à une intrigue minimaliste. En effet, la chasse à l’homme au centre du film n’est pas riche en rebondissements et repose sur de grands moments de tension. Sauf qu’à trop vouloir monter la sauce, elle finit un peu par se diluer tant la mise en scène a tendance à faire trop long. Limite contemplatif, The Rover semble se laisser aller à la facilité, les paysages désertiques ne demandant qu’à être filmés dans des cadres tous plus beaux les uns que les autres, mais finissant forcément par se ressembler au bout d’un moment. Au milieu de tout ça, le défilé de gueules a bien lieu, et on se réjouit de voir des personnages rongés et usés physiquement, à l’instar d’un Robert Pattinson bien décidé à remodeler son image en incarnant ici une sorte de retardé mental. Guy Pearce quand à lui nous rappelle combien sa carrure et son charisme sont impressionnants, surtout quand il joue les bad ass silencieux et solides comme un roc, et on ne boudera pas notre plaisir sur certaines scènes qui jouent merveilleusement bien la carte de l’électricité dans l’air et des regards assassins et imperturbables, à l’image de la première rencontre entre Guy Pearce et ses ravisseurs. Il est d’ailleurs amusant de voir combien la seule chose qui parvient à mettre un peu en déroute les hommes et leur volonté de fer sont les rares personnages féminins, qui semblent être les seules encore douées d’un peu de bon sens. Seulement la situation n’évolue jamais vraiment au fil d’une œuvre qui a posé ses enjeux en 10 minutes à peine et passe l’heure et demie suivante à les étirer sans jamais les renouveler ou les remotiver. Il y a bien ça et là quelques instants de répit au travers de péripéties chargées en ambiances glauques ou quelques traits d’humour bien évidemment très noir, mais globalement le film peine à se renouveler et étire un peu trop ses scènes sans jamais sortir ses personnages de leurs fonctions initiales. Ca empêche The Rover de dépasser son statut de petit thriller/western anxiogène, malgré une classe certaine.

L’analyse d’une race humaine presque au bout de son parcours d’autodestruction offre à The Rover un théâtre pour le moins passionnant d’autant plus qu’il est présenté avec une subtilité méthodique, mais finalement un peu accessoire à la vue de son histoire.
Dépourvu d’une scène vraiment mémorable et confondant par moment oppression et ennui, le nouveau David Michod est très élégamment filmé tout en sonnant quelque peu vain, son récit peinant à décoller tant il est presque aussi désolé que ses personnages.

 

The Rover – Sortie le 4 juin
Réalisé par David Michôd
Avec Guy Pearce, Robert Pattinson, Scoot McNairy
Dix ans après l’effondrement de l’économie occidentale, les mines australiennes sont encore en activité, et cette industrie attire les hommes les plus désespérés et les plus dangereux. Là-bas, dans une société moribonde où survivre est un combat de chaque jour, plus aucune loi n’existe. Eric a tout laissé derrière lui. Ce n’est plus qu’un vagabond, un homme froid rempli de colère. Lorsqu’il se fait voler la seule chose qu’il possédait encore, sa voiture, par un gang, il se lance à leur poursuite. Son unique chance de les retrouver est Rey, un des membres de la bande, abandonné par les siens après avoir été blessé. Contraints et forcés, les deux hommes vont faire équipe pour un périple dont ils n’imaginent pas l’issue…

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