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Critique : The Resident
Vous le savez, la Hammer a révolutionné le film d’horreur dans les années 60-70 notamment grâce au fameux duo Peter Cushing & Christopher Lee vu dans de nombreux longs-métrages.
Après une période plus que creuse, le studio renait de ses cendres avec de nouveaux projets. Vous en avez déjà vu, Laisse Moi Entrer, le remake de Morse par Matt Reeves.
L’autre production du mythique studio s’appelle The Resident et met en scène Hillary Swank, Jeffrey Dean Morgan et … Christopher Lee de retour à la Hammer pour le plus grand plaisir des fans.
Le film n’a pour le moment pas de date de sortie en France mais est déjà sorti en Irlande. Voici donc la critique d’Arkaron.
The Resident – disponible en DVD
Réalisé par Antti Jokinen
Avec Hilary Swank, Jeffrey Dean Morgan, Lee Pace, Christopher Lee
Juliet Dermer, une jeune docteur, vient s’installer à New-York pour repartir à zéro. Sa recherche d’une location la conduit à un appartement au prix imbattable tenu par le séduisant Max et son mystérieux grand-père August. Alors qu’elle se réjouit de sa nouvelle vie, une atmosphère étrange et inquiétante s’installe peu à peu dans son nouveau foyer…
Il y a quelques mois, je vous parlais dans un article un peu particulier d’un très bon livre retraçant l’historique de la Hammer, maison de production britannique tombée dans l’oubli à la fin des années soixante-dix. Rachetée il y a quelques temps, la production de nouveaux films a repris doucement mais surement. Après un Beyond the Rave promotionnel diffusé sur internet, la Hammer donne le feu vert au finlandais Antti Jokinen pour réaliser ce qui devait être la première sortie du renouveau de la maison spécialisée dans les films d’horreur. Les aléas du calendrier et des distributeurs faisant, Let Me In, remake de Morse, sort finalement avant The Resident.
Dans leur volonté de marquer ce retour, les têtes pensantes ont fait appel à Christopher Lee, emblème incontestable de l’âge d’or de la Hammer dans les années soixante, pour lui proposer une apparition plus anecdotique et symbolique qu’autre chose.
Qu’en est-il donc de ce Resident ? Après un générique simple mais assez intriguant, qui allie des visuels réminiscents de la vieille époque et un gimmick musical très contemporain, le film révèle rapidement son noyau : deux acteurs impliqués qui vont s’affronter dans un huit-clos. Économie de moyens dans les décors donc, mais aussi dans la mise en scène, qui se révèle plutôt efficace si l’on considère l’aspect thriller proéminent sur l’aspect horreur, quant à lui franchement oubliable et très peu exploré de toute façon.

En effet, Jokinen choisit la plupart du temps une narration sobre et ma foi tout à fait honnête, ponctuée de quelques trouvailles subtiles mais efficaces et surtout, rarement gratuites. Ce qui reste le plus étonnant cependant, sont les choix d’écriture de Joniken et son co-scénariste Robert Orr, qui par deux fois font pivoter leur récit sans causer la perte du spectateur. Je ne parle pas ici de quelconques révélations scénaristiques (le public est de toute façon dans la confidence), mais de changements narratifs ou stylistiques inattendus.
Le premier intervient au tiers du film, et opère un changement de focus, passant d’Hilary Swank à Jeffrey Dean Morgan. De fait, c’est tout le récit qui se retrouve embarqué dans une illustration assez perturbante de l’obsession de ce propriétaire immobilier, avouons-le plus prenante que la mise en scène d’une locataire un peu paumée. Offrant au spectateur les secrets des deux partis, le film installe ainsi une tension en filigrane qui évoluera crescendo jusqu’au second changement à environ vingt minutes de la fin : l’opposition frontale et brutale des personnages dans une chasse à l’homme haletante, hélas trop longue de quelques petites minutes.
Si les films de la Hammer produits dans les années soixante sont reconnus aujourd’hui pour leurs qualités esthétiques, The Resident souffre du choix primordial du lieu de l’action. Le New-York moderne filmé sans ambition graphique particulière n’apporte aucun charme à l’œuvre, et le traitement minimal de la photographie dans l’appartement, pièce maîtresse du huit-clos, ne convainc pas outre-mesure.

Comme mentionné plus haut, ce nouveau départ hammerien joue plus sur l’intensité du thriller que sur l’hypothétique efficacité de l’horreur, qui se résume finalement à quelques jumpscares peu inspirés. Une question évidente se pose alors : pourquoi avoir choisi un tel sujet plutôt qu’une reprise d’un des thèmes qui avaient construit l’âge d’or de l’horreur Britannique ? Pourquoi planifier son retour dans les salles obscures sans vampires, sans monstres, et sans momie ? Peut-être peut-on penser que le spectateur trouvera en la protagoniste Juliet Dermer (qui cherche à recommencer sa vie) une figure d’identification qui découvre la Hammer pour la première fois. Pas impossible donc, que The Resident soit un appel lancé à la nouvelle génération, l’invitant à s’attarder sur la renaissance improbable de la maison de production.
The Resident n’est pas un grand film, il aurait sans doute été considéré comme un Hammer mineur si réalisé quarante ans dans le passé ; cependant, l’implication totale de ses acteurs, sa réalisation plus qu’honnête et sa volonté d’aller de l’avant sans oublier son héritage (hammerien bien sûr, mais aussi celui du giallo ou du rape & revenge), en font un re-départ intéressant, et surtout, laisse entrevoir un potentiel certain.
On attend Wake Wood et The Woman in Black au tournant.