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Critique : The Replacement

Ne vous fiez pas à son titre anglais : The Replacement est le nouveau long-métrage du réalisateur espagnol Óscar Aibar. Le film est porté par Ricardo Gómez (vu dans la série Netflix Permis de Vivre) et Vicky Luengo, qu’on avait adoré ici dans la série de Rodrigo Sorogoyen Antidisturbios. Une production espagnole donc, qui s’inspire d’une histoire vraie se déroulant au bord de la Méditerranée, à proximité d’Alicante.

Avec El Sustitulo, Óscar Aibar s’empare d’un sujet : la présence de Nazis planqués sur la Costa Bianca pendant plusieurs décennies après Franco. Aribert Heim, médecin du camps de concentration de Mauthausen, avait profité de a sympathie du dictateur espagnol pour le régime nazi pour s’installer dans son pays. Le film se déroule en 1982, quand un jeune flic débarque dans le village espagnol concerné. Il se met à enquêter sur la mort de celui qu’il remplace et découvre qui sont réellement les Allemands qui profitent là du soleil.

En interview, le réalisateur espagnol explique avoir découvert cette histoire en vacances à Calpe. De passage dans un bar, il découvre des photos d’une fête où des gens portent des uniformes de guerre allemands. Se renseignant, il découvre que ce n’était pas juste une fiesta de mauvais goût mais que les uniformes étaient portés par d’anciens membres du régime nazis fêtant l’anniversaire d’Hitler. Il décide donc d’imaginer son histoire autour de l’évènement (qui est bien dans le film et est hallucinant).

Pour cela, il se focalise sur un jeune flic qui espère se planquer au bord de la mer mais se retrouve coincé : entre le meurtre de son prédécesseur et son partenaire actuel en fin de vie, il décide d’aller jusqu’au bout. Aibar fait donc tout tourner autour de la prestation Ricardo Gómez, qui incarne un flic impliqué, passionné et dont le parcours va petit à petit ressembler à une descente aux enfers. Il faut dire qu’il a face à lui une population vieillissante, dont les idées datent d’avantage du franquisme que des joyeuses années 80. Ajoutez à cela le mutisme caractéristiques des petits villages, où personne ne parle pour être tranquille et vous voyez le topo.

Aibar manque de moyens pour faire son film. Reconstituer les années 80 dans l’Espagne de 2020 n’est pas une mince affaire et ça se sent parfois. Néanmoins, El Sustitulo se révèle une excellente surprise, non seulement grâce à ses acteurs mais aussi à l’intelligence de l’écriture d’Óscar Aibar et de María Luisa Calderón. Plus on va avancer, plus le thriller policier va se révéler solide et nerveux. Le scénario est d’autant plus malin, qu’il est construit sous formes de flashbacks, avec de judicieux retours dans le présent.

Vous hallucinerez devant l’impunité dont bénéficie les Allemands de l’histoire et les amateurs de polars que vous êtes trouveront largement leur compte devant cette production à la fois un peu légère mais pourtant bien solide.

The Replacement, de Óscar Aibar – Sortie en VOD le 10 février 2022

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