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Critique : The Mortal Instruments La Cité des Ténèbres
Harry Potter et Twilight étant terminés, chaque studio se cherche une franchise pouvant attirer le public ado et remplir les tiroirs caisse sans trop se fouler espérant réitérer les scores des deux sagas pré-citées.
La dernière adaptation en date s’appelle The Mortal Instruments La Cité des Ténèbres. Sortie fin août aux USA et s’y étant bien plantée (31 millions de dollars de recette là bas pour un budget d’environ 60), le film sort petit à petit à l’étranger et a d’ailleurs fini par être remboursé (on en est à 80 millions). Mais ce score n’augure rien de bons pour les prochains tomes à adapter.
Les chiffres étant une chose, demandons nous maintenant ce que tout ça vaut à l’écran.
Non-content d’avoir ouvert la porte à la bit-lit (mélange de chick-lit, littéralement « littérature pour fille » avec « bit » pour mordre, vampire, tout ça, vous saisissez ?) médiocre et aux romans à l’eau de rose et simili porno (50 shades of Grey, True Blood et j’en passe), notre saga de vampires blanchards et de loups-garou faussement beaux gosses, le bien nommé Twilight, a également ouvert non plus une porte mais un immeuble entier à l’adaptation ciné de ces dits bouquins, déjà à la base tout nazes. Bon, déjà, on a eu la chance d’avoir eu 5 films sur l’amour naissante de Bella et Edward, Vampire Academy arrive sur nos écrans l’année prochaine (vous avez hâte hein ?), l’année dernière on a pu avoir Sublimes Créatures (souvenir impérissable devant ce chef-d’œuvre). Cette année, la poule aux oeufs d’or n’allait pas s’arrêter en si bon chemin. Vous n’êtes sans aucun doute pas passé à côté de l’affreuse déferlante Mortal Instruments, entre les hideuses affiches dans le métro et les bandes-annonce cheaps au cinéma. Le suspens étant à son comble, vous vous demandez donc si Mortal Instruments allait entrer dans notre top 10 de 2013.
Adapté du premier tome de 12 (DOUZE !) bouquins écrit par Cassandre Clare, La Cité des Ténèbres raconte l’histoire d’une jeune ado new-yorkaise, Clarissa, qui découvre un monde qu’elle seule semble pouvoir voir, remplis de vampires, de loup-garous, de monstres et de chasseurs d’Ombre (visiblement des gens avec des capuches qui combattent des méchants, on ne sait pas vraiment en fait). Elle va les accompagner pour délivrer sa mère, dont l’âme a en quelque sortes été capturée par un grand bad guy (Jonathan Rhys Meyer, qui avait visiblement des factures à payer). Dans ces Chasseurs d’Ombre, un mec dont elle tombera sous le charme dès le premier regard campé par Jamie Campbell Bower (le gamin relou de Sweeney Todd qui beuglait « I feel you Johanna » c’était lui) et son meilleur ami amoureux d’elle -notez le triangle amoureux-, campé par Robert Sheehan (Nathan de Misfits, qui a d’ailleurs arrêté la série pour s’occuper de sa carrière au cinéma, on rigole quand on voit ça). Voilà. C’est à peu près le pitch de base.
Commençons par ce qui va bien dans le film.

Voilà.
Concrètement, il n’y a à peu de chose prêt rien à sauver dans Mortal Instruments. Confier le film à Harald Zwart, réalisateur de Cody Banks, la Panthère Rose 2 et The Karaté Kid n’était peut-être pas une bonne idée. Inutile d’argumenter longtemps : on est face ici à un téléfilm M6. Réalisation de yes-man, en mode pilotage automatique, et en partie à côté de la plaque, la mise en scène ne sortira pas une seule fois des sentiers battus et surtout, n’insufflera pas le souffle épique qu’on aurait pu espérer entrevoir à certaines scènes. On retiendra un passage cependant : le premier baisé des deux tourtereaux : sur un pont, dans un jardin, avec une musique pop, sur fond vert (à l’image du reste des effets spéciaux), un arc-en-ciel et de la pluie. Ca vous met tout de suite en condition devant la chose. Le reste est sans âme et absolument sans intérêt, on s’ennuie profondément.
La faute également au scénario à l’image de tous les autres produits vampiresques qu’on nous sort constamment. Un triangle amoureux dont on n’a strictement rien à secouer, un twist bidon (à base d’inceste, oui oui), un méchant qui apparaît n’importe comment à 10 minutes de la fin, une menace inexistante. Et comme d’habitude, la moitié du film n’est pas expliqué ni compréhensible. On nous sortira l’éternel argument absolument détestable du « oui mais si tu as lu le livre tu comprends mieux ». Mais je n’ai pas lu le livre, je ne compte pas le lire, donc ce serait pas mal qu’on m’explique certaines choses, pour autant que je sois intéressé à les comprendre, tant le long métrage ne tente pas une seule fois d’impliquer son spectateur dans son développement.
Et pour incarner ces superbes personnages sous-développé ? En tête d’affiche, Lily Collins, probablement le seul intérêt qu’on pourrait porter au film tant la petite semble être impliquée dans son rôle (en plus d’être terriblement jolie). Dommage quand on voit ses acolytes qui semblent aussi peu motivés que nous, avec en tête un Jamie Campbell Bower insupportable au charisme proche d’une moule. Preuve qu’on pouvait faire plus inintéressant que Edward dans Twilight (notez quand même qu’il a joué un Volturi). Lena Headey doit avoir quelque chose comme deux phrases et on ne la verra qu’inconsciente pendant 30 minutes. Robert Sheehan est un peu convaincant dans son rôle de garçon bête et touchant mais son personnage pose tout le problème : bouche-trou pour assurer un triangle amoureux bidon. Et Rhys Meyer s’est perdu -et de toute façon on ne le voit que quinze minutes-.

Difficile de résumer un tel ramassis d’idioties. Si vous donnez des cours de mise en scène, de production, de théâtre, ce film illustrera parfaitement vos leçons des choses à ne pas faire. Le film s’est mangé aux Etats-Unis, on espère que ce sera la même chose ailleurs, histoire qu’on arrête le massacre. Au moins devant Twilight, on pouvait rigoler un peu avec quelques bières. Là ce n’est même plus le cas. Mortellement ennuyeux.
The Mortal Instruments La Cité des Ténèbres – Sortie le 16 octobre 2013
Réalisé par Harald Zwart
Avec Lily Collins, Jamie Campbell Bower, Robert Sheehan
New York, de nos jours. Au cours d’une soirée, Clary, 15 ans, est témoin d’un meurtre. Elle est terrifiée lorsque le corps de la victime disparaît mystérieusement devant ses yeux… Elle découvre alors l’existence d’une guerre invisible entre des forces démoniaques et la société secrète des Chasseurs d’Ombres. Le mystérieux Jace est l’un d’entre eux. À ses côtés, Clary va jouer dans cette aventure un rôle qu’elle n’aurait jamais imaginé.
6 commentaire
par Elisa
On notera que les acteurs du film ne sont même pas crédités sur les affiches, ce qui en dit long.
par broack Dincht
ils ne l’étaient pas non plus sur harry potter, ni les 3 héros, ni les secondaires très renommés.
par Marc
Sur celles ci, il n’y a même pas les petites lignes en bas en fait. Que dalle.
par ahbon
Bon. A part reprendre des arguments encore plus bateaux que le film lui même, tout en essayant de créer une atmosphère qui se veut »cash » afin de remettre au plus bas un film qui, au final, n’a jamais prétendu être bien haut, quel est l’intérêt de cette critique?
Sans parler du fait qu’on retient qu’un des seuls, voir le seul point positif trouvé est une Lily Collins »terriblement jolie »? Alors depuis quand l’apparence physique des acteurs donne-t-elle du crédit au film ou moins généralement à leurs prestations?
De plus, tout cet acharnement sur la bit-lip et les teens movies qui en sont tirés, n’est-il pas un peu injustifié? Ne serait-il pas simplement le fruit d’une frustration savamment mijotée?
Après tout, la bit-lip tout comme The Mortal Instrument, touchent et veulent toucher un publique d’adolescents, en tout premier. Et, plus précisément, un publique qui s’intéresse à ce genre de films et de littérature. Combien d’adolescentes n’ai-je pas entendues rêver sur Twilight, Robert Pattinson, ou même, le »terriblement joli » Jamie Campbell Bower?
On peut donc dire que The Mortal Instrument, à l’instar de Twilight and co, ne prétend pas être un film d’exception, qui pousse au questionnement et où chacun peut y voir un coté artistique des plus perfectionné.
Or, pourquoi ne pas critiquer ce film en le mettant dans son contexte à la place de démolir ce dernier ce qui rend ad consequentiam la critique du film des plus facile et même, déloyale.
par Marc
D’une frustration, carrément ?
Un mauvais film est un mauvais film. Quand il est mal réalisé, monté n’importe comment, mal rythmé, porté par de mauvais acteurs, c’est un mauvais film. Il n’y a alors pas de contexte.
Tout ça, c’est bien mignon mais on pourrait élever le niveau, non ? Il y a des générations d’ados qui ont rêvés en lisant Tolkien ou en regardant Star Wars. C’était quand même autre chose.
par ahbon
Je ne dis pas que ce n’est pas un mauvais film, je reconnais son coté bateau, overcliché et niais. Quant à la photographie du film et son montage, certes il y’a matière à critiquer et loin de moi l’envie de blâmer ceux qui s’en chargent. Non, ce que je trouve contestable, c’est le fait de cracher sur la bit-lit sans grandes raisons, juste parce-qu’entre autre elle ne serait pas d’un niveau assez »élevé ». C’est là d’ailleurs où je me permets d’utiliser le terme frustration. Quand je vois l’utilisation de phrases on ne peut plus catégoriques jugeant un genre littéraire, je trouve ça décevant. Pour citer:
»ces dits bouquins, déjà à la base tout nazes. »
Parce-que, je tiens à rappeler qu’encore au jour d’aujourd’hui, les générations continuent à rêver en lisant Tolkien, en regardant Star Wars et aussi, en s’intéressant à la bit-lit. Il ne faut donc pas croire qu’une nouveauté exclut tout ce qui l’a précédé.
J’aimerai simplement rappeler que la diversité est dans une certaine mesure synonyme d’enrichissement et que par conséquent, je trouve dommage de faire des catégories en avançant qu’un certain genre de littérature est nul et qu’il est apprécié au détriment d’un autre, sans doute plus complexe et mieux réalisé je l’accorde, alors que les deux sont conciliables.