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Pour son premier long métrage en tant que réalisateur, Jeymes Samuel s’est offert une fantaisie, comme l’explique le carton introductif : réunir dans un même long métrage des cowboys afro-américains ayant réellement existé mais qui ne sont en fait jamais croisé. Les noms que vous entendrez dans le film, Nate Love, Cherokee Bill ou Mary Fields, sont donc tous réels. Mais le cinéma s’étant majoritairement intéressé aux cowboys blancs, le metteur en scène et scénariste a fait le choix non pas de s’intéresser à un cowboy black en particulier mais de tous les rassembler dans une même histoire.
The Harder They Fall s’ouvre sur une scène en flashback. Le héros de l’histoire voit son père et sa mère se faire tuer sous ses yeux. Le méchant lui taillade une croix sur le front et disparait. Bien des années plus tard, devenu adulte, il décide de se venger.
Un pitch simple, donc, comme dans tout bon western classique. Mais une histoire qui lorgne à sa façon vers les films de Quentin Tarantino, déjà parce qu’il met en avant un héros de western afro-américain mais ce n’est pas la seule inspiration du scénariste. The Harder They Fall, à la manière d’autres histoires écrites par le réalisateur des Huit Salopards, utilise des personnages historiques pour raconter une histoire complètement fantaisiste, à coup de longues scènes de dialogues. Même si le résultat parait parfois un peu longuet, la comparaison entre le jeune réalisateur et le cinéaste reconnu se tient largement.
Aidé à la photo par Mihai Mălaimare Jr (The Hate U Give, Jojo Rabbit), Jeymes Samuel livre un western volontairement pop et coloré. The Harder They Fall regorge non seulement de grands espaces mais aussi de décors littéralement hauts en couleurs. Les bâtiments des villes sont aussi peints que leurs intérieurs sont soignés. Ca surprend forcément au début mais ça fonctionne bien avec ce qu’il veut raconter. Ca marche d’autant plus quand, dans un western où la majorité des protagonistes sont afro-américains, le réalisateur montre une ville blanche, tenue par des cowboys blancs où les maisons sont peintes à la chaux. L’opposition est frontale et explicite mais après des décennies de westerns où les héros blacks se comptent sur les doigts de la main, c’est tout à l’honneur du metteur en scène. Le tout est souligné par une bande originale dans le même ton, produite par Samuel et Jay-Z, et qui aligne Lauryn Hill ou Seal quand ce n’est pas le casting qui chante.
Le casting est aussi à la hauteur. Idris Elba est un peu en retrait pas le reste des acteurs et actrices tient largement la route. Citons en particulier, forcément, Jonathan Majors (vu chez Spike Lee) dans le rôle principal mais aussi l’incroyable Lakeith Stanfield qui, à chacune de ses apparitions au cinéma (Judas and the Black Messiah, Sorry to Bother You) brûle la pellicule.
Alors, oui, le résultat est un peu long, un peu trop bavard, et c’est le défaut de beaucoup de productions Netflix qui mériteraient d’être resserrées. Mais la très longue fusillade finale compense l’attente, une attente pas si déséagréable vu l’incroyble boulot fourni par Jeymes Samuel. On suivra sa carrière avec beaucoup d’intérêt.
The Harder They Fall, de Jeymes Samuel – Disponible sur Netflix