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Critique : The Batman

De Michael Keaton à Ben Affleck, les versions « live » de Batman sont de plus en plus nombreuses au point qu’on peut se demander quel est l’intérêt d’une énième version. Reprenant le volant de la Batmobile après l’abandon d’Affleck et de son projet en tant que réalisateur, Matt Reeves répond à la question en livrant une version impeccable du Chevalier Noir, et son meilleur film.

The Batman version 2022 commence de manière ultra-classique sur une scène de meurtre. Puis sur l’apparition du héros en cape. Un signal dans le ciel, quelques notes de musiques, une voix off pour glisser quelques réflexions sur le personnage et les bases sont posées. Bruce Wayne est un jeune homme qui vit reclus dans un immeuble en ruines avec son majordome, avec une seule obsession en tête : la vengeance. Mais quand l’Homme Mystère va dézinguer les uns après les autres quelques hauts fonctionnaires de la ville, non seulement Batman va se mettre au service de celle-ci mais peut-être pourra-t-il remonter jusqu’au meurtre de ses parents.

Tourné entre différentes villes anglaises et Chicago, le film de Matt Reeves surprend par le travail sur son ambiance. La photo par Greig Fraser est à tomber à la renverse et certaines scènes vont vous rester dans la tête tant elles sont superbes. Mais après quelques productions où Gotham n’était finalement qu’une ville américaine lambda, la version de Reeves est un croisement audacieux entre le New York crasseux des années 70 avec un coté très Taxi Driver et ce que Bruce Timm en avait fait pour la série animée. Gotham est désormais un lieu intemporel où des éléments très modernes croisent de l’ancien et du gothique.

La série animée est une des influences, parmi beaucoup d’autres en 75 ans de publications, du réalisateur qui montre pour la première fois à l’écran un Batman détective, en duo avec Jim Gordon (Jeffrey Wright, impeccable). C’est aussi la première fois que le héros a tant de place à l’écran, après de nombreux longs métrages focalisés sur le méchant de service. Bruce Wayne version civil n’apparait d’ailleurs que peu, Robert Pattinson passant un temps incroyable sous le masque. C’est enfin une des rares fois où un comédien joue le personnage, sans paraitre coincé par son costume. Val Kilmer disait (dans le documentaire « Val ») que jouer Batman était moins intéressant qu’il n’y paraissait, qu’il suffisait d’être debout pour réciter des lignes de dialogues. Pattinson, lui, aidé par les gros plans sur son visage, incarne le personnage et parvient à lui donner vie à travers de simples regards.

Il résulte de tout cela un film forcément long, qui prend le temps de raconter son histoire à travers de longues scènes de dialogues et d’échanges mais aussi avec du cinéma. Matt Reeves utilise les regards, les silences et son travail sur les cadres pour faire parler son film. Certes, c’est la base même du septième art mais les productions actuelles nous ont habitué à un rythme bien plus soutenu, avec des dialogues pensés comme des punchlines.
On retrouve dans The Batman un classicisme à l’ancienne, qui n’est pas sans rappeler en partie David Fincher (et Seven en particulier) mais aussi tous les polars noirs qui l’ont précédé et qui fait plaisir à voir.

L’intrigue aussi vire au classicisme mais elle est aidée par des acteurs impliqués et des personnages solides. Colin Farrell est méconnaissable en Pingouin (dans une version qui rappelle The New Batman Adventures) et John Turturro l’acteur qu’il fallait pour incarner cette enflure de Carmine Falcone. Mais soulignons surtout la performance magnétique de Zoe Kravitz, parfaite dans le rôle pas si facile de Selina Kyle.

The Batman est un film complexe, à la fois intemporel par son ambiance et très actuel par son propos (l’utilisation des médias, des réseaux sociaux). C’est le Chevalier Noir d’une Amérique marquée par Trump où tout est à reconstruire, un monde où les vieux hommes blancs n’ont désormais plus la mainmise sur nos vies (ils sont contrebalancés ici par une jeune femme noire qui se présente à la mairie) et où il peut finalement devenir un héros.

Avec cet astucieux mélange des genres, cet équilibre impeccable et une technicité irréprochable, le film de Matt Reeves se révèle immense. Et Batman de redevenir le héros qu’on mérite.

The Batman, de Matt Reeves – Sortie le 2 mars 2022.

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4 commentaire

  • par FABIEN
    Posté mercredi 2 mars 2022 14 h 29 min 0Likes

    Waouh Marc, tu donnes envie ! Quelle belle critique ! Je suis impatient de voir ce film.

  • par Marc
    Posté mercredi 2 mars 2022 15 h 06 min 0Likes

    Merci :)

  • par Koko86
    Posté mercredi 2 mars 2022 17 h 22 min 0Likes

    Et Paul Dano du coup ?

  • par Marc
    Posté vendredi 4 mars 2022 11 h 28 min 0Likes

    Sans vouloir trop spoiler, Paul Dano joue vachement sous une cagoule qui le masque entièrement. Difficile d’y voir un jeu. Après, sur la fin, quand il est découvert, on voit qu’il colle bien au personnage :)

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