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Critique : Tales of Halloween
Tricks or treats ? Ce soir, c’est Halloween ! La fête anglo-saxonne s’exportant en France depuis quelques années maintenant, peut-être que des enfants viendront vous réclamer des friandises.
Sur CloneWeb, nous fêtons cette journée avec Tales of Halloween, anthologie portée par différents réalisateurs dont Neil Marshall (Centurion) ou encore Lucky McKee (All Cheerleaders Die) qu’Arkaron a pu voir en festival et que nous avions déjà aperçu à l’Etrange…
LA CRITIQUE
Tales of Halloween – pas de date de sortie en France
Réalisé par Axelle Carolyn, Darren Lynn Bousman, Lucky McKee, Neil Marshall, etc.
Avec Barry Bostwick, Lin Shaye, John Savage
Le 31 octobre, les habitants d’une petite ville des États-Unis doivent faire fasse à de multiples incidents impliquant monstres, démons, tueurs et autres sorcières…
Les anthologies d’horreur constituent bien souvent un terrain glissant pour les producteurs, tout particulièrement si la réalisation est répartie entre divers cinéastes. Certes, la présence de deux ou trois bons segments est inévitable, mais cela vient au prix d’histoires particulièrement faibles ou tout simplement d’une banalité affligeante. C’est exactement ainsi que se décomposent les dix fables proposées par l’instigatrice Axelle Carolyn dans Tales of Halloween, une anthologie qui finira directement en vidéo pour de bonnes raisons.
La collection commence à vrai dire plutôt bien avec Sweet Tooth, une entrée en matière maîtrisée portant sur la légende d’un esprit revanchard venant chaque Halloween récupérer son lot de friandises, sous peine de commettre d’horribles meurtres. Réalisée par Dave Parker, cette introduction a tout pour mettre dans le bain : ambiance tendue, monstre saisissant, gore généreux, tous les éléments sont là pour promettre de passer un excellent moment.
Le rythme est ensuite maintenu par Darren Lynn Bousman (responsable du musical hybride Repo! The Genetic Opera) avec son segment The Night Billy Raised Hell, un court humoristique à l’esthétique soignée et aux blagues très réussies pour quiconque apprécie l’humour noir. Dans cette histoire, le diable entraîne un enfant dans son sillage et l’encourage à commettre des actes d’un sadisme peu commun, propices à faire rire aux éclats les spectateurs amateurs d’une telle approche.
Le couple habitué du genre Adam Gierasch et Jace Anderson (principalement connus pour Autopsy) s’en sortent honorablement avec Trick, qui se concentre sur une home invasion orchestrée par des enfants projetant de massacrer un groupe d’adultes de sang froid. Bien que reposant principalement sur son dénouement, le segment parvient à maintenir la tension en prenant un chemin plus sobre et solennel que ses deux prédécesseurs.
The Weak and the Wicked brise quelque peu le rythme avec un western urbain au héros solitaire, globalement très mal filmé par Paul Solet (connu pour son film Grace), se concluant sur deux plans finaux censés satisfaire un public à qui l’on a fait des promesses qui ne seront pas tenues. La série des segments oubliables ainsi lancée continue avec celui dirigé par la productrice Axelle Carolyn, Grim Grinning Ghost, une histoire de fantôme on ne peut plus classique et soporifique malgré deux idées de mise en scène efficaces. Idem avec le catastrophiquement kitsch et métaphorique Ding Dong de Lucky McKee (derrière le pourtant maîtrisé
Les quatre derniers segments misent plutôt sur l’humour, à commencer par This Means War (d’Andrew Kasch et John Skipp), qui porte à son paroxysme de débilité dramatique la rivalité entre voisins américains en termes de décorations horrifiques, puis avec Friday the 31st, sans doute l’un des meilleurs sketchs de l’anthologie. Dans celui-ci, le réalisateur Mike Mendez s’amuse habilement des poncifs du slasher pour transformer Jason en monstre un peu crétin, qui après avoir massacré une troupe entière de jeunes adultes, se retrouve confronté à un extra-terrestre revanchard bien décidé à lui faire payer son manque de respect. Le sang et les organes internes fusent de toutes parts dans ce mélange improbable mais séant fort bien à l’exercice.
Dans The Ransom of Rusty Rex, une comédie franchement médiocre sur deux kidnappeurs enlevant un petit démon qu’ils croyaient être le fils d’un homme riche, le cinéaste Ryan Schifrin enchaîne les situations prévisibles au possible, tandis que la plus grosse tête d’affiche, Neil Marshall, conclut avec dynamisme l’aventure dans Bad Seed, un actioner gore voyant une citrouille mutante tueuse se faire pourchasser par la police. Ce sketch permet de finir sur une note plutôt positive, bien que le ton relâché empêche au métrage de marquer efficacement les esprits.
Des points communs se retrouvent dans tous les segments, et notamment la présence de twists finaux tantôt amusants, tantôt inutiles mais surtout rarement organiques aux histoires. Les références et clins d’œil se font également légion (on compte des caméos de Joe Dante, John Landis, Adrienne Barbeau ou encore Robert Patrick), à tel point qu’on se demande parfois si certains segments ont été imaginés uniquement pour rendre une série d’hommages au cinéma d’horreur des années 70 et 80.
Le nombre et la qualité très variable des histoires fait inéluctablement penser à certains comics de l’âge d’or de la BD américaine des années 1950, en particulier les anthologies d’horreur de l’éditeur EC Comics, qui jouaient de manière similaire avec les stéréotypes du genre dans des exercices se révélant sporadiquement intéressants à travers leurs relectures des légendes, traditions et éléments fermement associés à la fête des morts aux États-Unis.
Malheureusement pour Tales of Halloween, le bas blesse d’autant plus brutalement lorsque l’œuvre est comparée à certains de ses prédécesseurs bien plus réussis, comme le classique Au cœur de la nuit (Alberto Cavalcanti, Charles Crichton, Basil Dearden, Robert Hamer, 1945), à la teneur formelle saisissante, ou le récent et thématiquement cohérent Trick’r’Treat (Michael Dougherty, 2009), qui privilégiaient tous deux la qualité à la quantité. L’anthologie Tales of Halloween ne laissera aucune trace dans l’histoire du cinéma de genre. Tout juste servira-t-elle de visionnage anecdotique pour le spectateur peu regardant.