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Critique : Sur la Piste du Marsupilami
Le Marsupilami est apparu pour la première fois sous la plume de Franquin dans l’album Spirou et les Héritiers en 1952. Il accompagnera les deux héros tant que Franquin en sera le dessinateur puisqu’il en gardera les droits pour en faire une série à part entière (et tandis que Spirou passait dans les mains de Fournier).
La série, qui compte aujourd’hui 25 albums, sera écrite par son créateur de 1987 à 1994. De nombreux scénaristes se succéderont dont le dernier est Stéphane Colman, toujours avec Batem au dessin.
Le film de Chabat n’est pas une adaptation d’un des albums mais une histoire inventée de toute pièces basée sur l’univers mis en place il y a 60 ans par le génial dessinateur belge.
Et contrairement à ce que laisse penser une bande annonce mollassone, il est plutôt réussi.
Sur la Piste du Marsupilami – Sortie le 4 avril 2012
Réalisé par Alain Chabat
Avec Jamel Debbouze, Alain Chabat, Fred Testot
Quand Dan Geraldo, reporter en quête de scoop, arrive en Palombie, il ne se doute pas qu’il va faire la plus incroyable des découvertes… Avec Pablito, guide local plein de ressources, ils vont aller de surprise en surprise au cours d’une aventure trépidante et surtout révéler une nouvelle extraordinaire : Le Marsupilami, animal mythique et facétieux, existe vraiment !!!
Avec l’élève Ducobu, Largo Winch 2 ou Astérix et les Jeux Olympiques, la BD franco-belge a montré à plusieurs reprises qu’elle avait eu bien du mal à passer sans casse par la case cinéma. Alors même que bon nombre de journalistes s’étaient insurgés sur le fait que ce soit un américain qui adaptait Tintin sur grand écran pour un résultat tout de même grandiose, nous n’avons jamais eu la chance de voir une adaptation digne de ce nom, excepté en 2000 avec Astérix & Obélix Mission Cléopâtre, dans lequel le héros gaulois se voyait remixé à la sauce les Nuls par un Alain Chabat en grande forme.
Une adaptation un peu différente, puisque finalement plus proche de l’univers Canal + que de celui de la BD au même titre que Batman le Défi était plus l’univers de Burton avec Batman que l’inverse.
Du coup, quand on a su que Chabat revenait derrière la caméra pour adapter sur grand écran l’animal à la longue queue imaginé par Franquin en 1952, on se disait que peut être la BD allait à nouveau avoir une version cinéma de qualité. Sur la piste du Marsupilami, le Mission Cléopâtre 2 ?
Inutile de présenter la bête qui nous intéresse avec son poil jaune à pois noirs et sa queue de 8 mètres, qui dans le film fait directement office de légende. Tout commence avec le personnage de Alain Chabat, un journaliste prétendu légendaire et qui se la coule douce dans l’entreprise de papa jusqu’au jour où son émission n’est plus du tout au top de l’audimat.
Se retrouvant catapulté en Palombie pour faire un reportage en situation sur la civilisation mystérieuse des Paya, les maya de la région en d’autres termes, notre reporter de l’extrême va se retrouver affublé d’un Jamel Debbouze pour guide et les deux comparses vont alors vivre une aventure forcément délirante.

La première chose qui frappe dans ce Marsupilami, c’est la vivacité de son récit, la manière avec laquelle l’histoire fuse et multiplie les personnages sans que l’on se perde une minute.
Car à la manière d’une BD de Franquin, cette version cinéma compile une bonne dizaine de personnages dont le parcours va évidemment tourner autour de l’animal mystérieux.
Ayant vite compris, comme le faisait l’auteur de base, que le Marsupilami trouvait toute sa force quand il était au centre des enjeux sans en être le héros direct, Chabat délivre une galerie de personnages haute en couleur et qui lui permet de faire respirer son scénario sans pour autant baisser en rythme ou se perdre dans des sous intrigues sans intérêt.
Chaque rôle à un but bien déterminé dans l’histoire et permet à tous de se renvoyer la balle allégrement sans que l’on ait le temps de s’ennuyer et en permettant à chaque comédien de s’amuser juste ce qu’il faut pour ne pas trop en faire, ce qui s’avère être un bénéfice pour Jamel Debbouze ou Patrick Timsit, dont les cabotineries sont ici parfaitement dosées.
D’autant que le tout baigne dans une vraie ambiance Nuls et tout ceux qui se repassent l’Intégrule en boucle et regrettent la mouche qui pète ou les péripéties de Régis vont une fois de plus s’en donner à cœur joie tant ce Marsupilami carbure à l’humour Chabat. Entre fausses pubs, répliques cultes en clins d’œil à d’autres films ou hommages délirants à la culture populaire, le comique qui régit l’ensemble fonctionne par des références bien digérées et cultive l’absurde comme Chabat sait si bien le faire.

Mais au-delà de la simple comédie riche en situations rocambolesques, Sur la piste du Marsupilami étonne sur un point auquel on ne s’attendait pas forcément : sa fabrication.
Que ce soit dans le choix de ces décors, de ces costumes ou même des cadres, le nouveau Alain Chabat a fière allure et se révèle extrêmement coloré et dynamique, d’autant qu’il dispose véritablement d’une esthétique rappelant la bande dessinée. Outre passant son simple statut de comédie pour aborder un aspect presque film d’aventure, le film parvient à ménager un véritable suspense pour ce qui nous intéresse depuis le début, et ce qui constitue à coup sûr sa plus grande réussite : le Marsupilami ! A tous ceux qui s’inquiétaient à la vue du titre ou des premières bandes annonces (par ailleurs peu convaincantes), rassurez-vous : non seulement le Marsupilami est bel et bien de l’aventure, mais aussi nous gratifie-t-il de sa présence de manière généreuse et surtout réussie. Chabat semble parfaitement avoir saisi l’esprit de l’animal et déjà l’amène t’il avec intelligence, en l’iconisant au maximum par des déplacements et sa silhouette avant de le révéler, pour lui offrir des scènes toujours impressionnantes, drôles et touchantes. Car on sent constamment dans le travail bluffant de Buff une déférence absolue au personnage et celui-ci s’avère plus vivant et virevoltant que jamais. C’est bien simple : chacune de ces apparitions est un pur instant de bonheur et d’émerveillement, au sein d’un divertissement réjouissant et démontrant une nouvelle fois tout le talent d’un auteur que l’on n’avait jamais senti aussi humble face à son sujet.
Sur la piste du Marsupilami, c’est la revanche du cinéma français sur les adaptations de BD médiocres auquel il nous a habitués. Avec un humour farfelu réglé comme du papier à musique, des images spectaculaires et un animal fantastique qui fait mouche à chacune de ces apparitions, le dernier Chabat est un bain de jouvence pour toute la famille et s’avère aussi drôle que magique.
Alors n’hésitez pas, et allez vite faire Houba houba !
3 commentaire
par gdy
Ah ben je dois dire que vous le vendez bien!!!
par Kev44600
Superbe critique, ce film est très bon je me suis bien marré et en rentrant chez moi je me suis regarder Mission Cléopâtre et La Cité de la Peur. Comme quoi pour moi Alain Chabat est le meilleur en terme de comédie française.