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Critique : Suicide Squad

Moins de six mois après la débandade qu’était Batman v Superman, Warner et DC lâchent ce qui devait être la seconde pierre d’achoppement de leur univers cinéma : Suicide Squad, réalisé par David Ayer.

Mais rassembler une bande de méchants pour en faire les gentils à la troisième place d’une grosse franchise et y réintroduire le Joker était-il une bonne idée ?

 

LA CRITIQUE

Sur papier, les origines de Suicide Squad remontent à 1959 mais il faudra attendre 1985 et John Ostrander pour que l’équipe de super-méchants mise en place par Amanda Waller et qui agit en secret pour le compte du gouvernement américain ait droit à sa propre bande dessinée. L’équipe avait déjà été portée à l’écran dans la série Arrow mais aussi dans Batman Assaut sur Arkham, long-métrage d’animation sorti en 2014 et vaguement inspiré par l’univers vidéo ludique des « Batman Arkham ».

Les voici désormais sur grand écran et pas forcément pour le meilleur.

L’histoire est dans ses très grandes lignes ce qu’on imagine être une origin story de Suicide Squad. Waller forme le groupe, convainc le gouvernement de la laisser agir et leur implante des mini bombes dans le cou, histoire d’être bien certaine qu’ils ne vont pas prendre la poudre d’escampette et retourner à leurs mauvaises habitudes de méchants. La mission ? Arrêter Enchanteresse, qui a pêté un boulon et s’apprête à anéantir la planète, ou quelque chose du genre, après avoir ravagé le centre d’une grande ville américaine.

Le film s’ouvre sur le site secret où sont retenus prisonnier Deadshot et ses petits copains, sur la chanson House of the Rising Sun des Animals. Cela suffit à nous rappeler que le film de David Ayer a été largement retravaillé depuis sa mise en chantier pour paraitre cool. Warner, ayant entendu les critiques des fans sur Batman v Superman jugé trop sombre, insère des tubes pour être à la mode. Ainsi, vous ne couperez pas à Spirit in the Sky de Norman Greenbaum ou à Seven Nation Army. Et quand vous vous direz qu’il ne manque alors que Queen dans la bande originale, vous verrez que…

Le problème, et c’est l’un des défauts majeurs du film de David Ayer, c’est qu’il est difficile de faire du cool avec des images sérieuses. Du coup, on utilise de la musique pour faire stylé comme dans les Gardiens de la Galaxie, on insère des couleurs fluos de flashbacks parfois mal foutus et on tente de focaliser le montage sur les quelques touches d’humour qui ponctue le récit. Le montage, d’ailleurs, est un joyeux bordel dans lequel est conté l’origine de certains des membres de l’équipe (Deadshot, Harley Quinn, Rick Flag) sous forme de séquences insérées n’importe où et n’importe comment dans le récit principal.

On peut lire sur Internet, suite à des témoignages de gens ayant vu Suicide Squad en projection test, que le film qui était manifestement bien foutu à la base a été largement remonté depuis, Warner désormais voulant coller à l’esprit Marvel Studios sans jamais y parvenir.

Mais ce n’est pas le seul problème. L’autre majeur, c’est que le scénario n’est jamais intéressant. On se fout de la menace globale, on se fout des péripéties et des retournements de situation et on se tamponne l’oreille de ce qu’il peut arriver aux membres du Squad. Faire de l’Enchanteresse une méchante sans intérêt et se contenter de monter une équipe prêt à tirer sur tout ce qui bouge ne suffit d’autant pas que David Ayer a bien du mal à donner du souffle à ses scènes d’actions, bien plan plan. Il y a plus à voir du coté du film d’animation Batman Assaut sur Arkham.

Dans le même ordre d’idée, le Joker version Jared Leto ne sert pas à grand chose dans l’histoire. L’acteur incarne le personnage, à mi chemin entre Jack Nicholson et Heath Ledger sans jamais arriver à y apporter quoique ce soit de nouveau si ce n’est visuellement. Le Joker est ici un grand amateur de bling bling qui porte des tatouages indiquant qu’il est cinglé au cas où on n’aurait pas compris. Ayer aime les gros sabots puisqu’il fait porter un collier « pudding » à Harley Quinn sans se soucier que ça ne fonctionnera pas dans d’autres langues que l’anglais (le mot gentil prononcé à l’attention de son Monsieur J est « poussin » en français).

Il offre d’ailleurs à son couple de fous un flashback dont on se serait bien passé, seule scène qui vient à l’encontre du personnage créé par Paul Dini pour la série animée. Oui, on peut le dire franchement : ce qui fonctionne le mieux dans Suicide Squad, c’est Harley Quinn. Margot Robbie fait un boulot extraordinaire pour incarner l’alter ego féminin du Joker et Ayer et Justin Marks au scénario reprennent le personnage comme il faut (aspect visuel mis à part). Batman version Ben Affleck fonctionnait dans le film de Snyder. Ici, Quinn sauve la mise au point qu’on a désormais hâte de les voir réunis dans un film dirigé par le nouveau Bruce Wayne.

Les autres personnages principaux sont également bien écrits et intéressants, que ça soit Joel Kinnaman en Flag ou Will Smith en Deadshot (même Jai Courtney, si si). Et une fois qu’on s’est tapé la très longue mise en route dans laquelle Amanda Waller explique son plan à de trop nombreuses reprises, on se rend compte que l’esprit d’équipe fonctionne plutôt. Dommage qu’il soit noyé dans un scénario dont on n’a que foutre et mis à mal par des péripéties sans intérêt.

Il y avait un potentiel intéressant, quelques idées, qui ont été retravaillées dans le mauvais sens pour donner un résultat peu intéressant. Avec Suicide Squad, DC cherche à faire du Marvel sans y parvenir, comme s’il n’y avait pas d’autres alternatives et sans chercher à se poser les bonnes questions.
Si on devait comparer le cinéma à la cuisine, je dirais que l’univers mis en place par Marvel, c’est du McDo. On sait que c’est mauvais pour la santé, gras, totalement aseptisé et identique d’un établissement à l’autre. Pourtant, on prend du plaisir à le consommer et à y retourner. Suicide Squad serait un snack qui cherche à faire comme en face, proposant une carte qui aurait aussi bien des burgers que des pizzas et des kebabs et qui finirait dans Cauchemar en Cuisine. Il ne manque que Philippe Etchebest pour mettre des petites claques sur la nuque de David Ayer et de ses producteurs.

Suicide Squad, de David Ayer – En salles le 3 août 2016.

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