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Critique : Stillwater

Après ses deux Oscars dont celui du Meilleur Film pour Spotlight, Tom McCarthy s’est fait discret : quelques épisodes de 13 Reasons Why, une petite prod familiale pour Disney+ intitulée Timmy Failure… Le revoici sur le devant de la scène avec Stillwater, et Matt Damon dans le rôle principal et sur la Canebière.

Stillwater est le nom d’une petite ville américaine dont est issu le héros. Gros bouc sur le visage, casquette sur la tête, Bill (Matt Damon, donc) va rendre visite à sa fille à Marseille. Elle est en prison pour un meurtre qu’elle n’a probablement pas commis. Sans parler un mot de français, il va relancer l’enquête sur place pour tenter de prouver l’innocence de sa fille.

Choc des cultures. Co-écrit avec Thomas Bidegain et Noé Debré, Stillwater dresse le portrait d’un col bleu américain, chaussures de sécurité, lunettes de sport et chemise à carreaux. Il possède une arme, n’a pas pu voter (pour Trump) car arrêté au moment des élections et et il travaille dans la construction. Un homme de peu qui va pourtant faire tout ce qu’il peut dans Marseille pour enquêter sur le meurtre pour lequel sa fille est en prison. Sa rencontre avec le personnage de Camille Cottin (formidable !) va lui permettre d’avancer. Mais ici, pas de clichés, ni de facilités. McCarthy évite autant que possible le Marseille de carte postale et les clichés sur la cité phocéenne, se contentant de raconter une histoire aussi simplement que possible. On a une impression de réalisme en voyant ce mec taiseux tenter de se faire comprendre au cœur de la ville.

Matt Damon calme son jeu pour livrer un personnage discret mais volontaire, qui n’hésite pas à sacrifier tout ce qu’il peut pour sauver sa fille. Mais dit comme ça, on imagine Stillwater comme un thriller. Ce n’est pas le cas. Tom McCarthy filme d’avantage un drame humain, doublé d’une enquête plutôt sage. Sa réalisation l’est tout au tant : sobre, sans fioriture, et parfois un peu trop. On aurait aimé un peu de folie dans la mise en scène. Mais comme elle ne vient jamais, on s’intéresse aux personnages et, petit à petit, à la relation entre Cottin et Damon, aidé par la jeune et formidable Lilou Siauvaud. Tout cela permet beaucoup d’empathie envers les personnages jusqu’à un dénouement inattendu.

Sage mais efficace, Stillwater est l’antithèse de Bac Nord. Les deux longs métrages filment Marseille mais l’un montre un univers tout pourri, où les banlieues sont gardées par des mecs masqués et armés et où les policiers sont de bons vieux ripoux quand l’autre montre le vrai visage de la ville méditerranéenne et ses policiers droits dans leurs bottes. Étonnant quand on sait que l’un est une production 100% française quand l’autre vient en partie d’un scénariste américain. Et si on ne ressent rien du tout pour les trois flics du film de Cédric Jimenez, on vibre au rythme des aventures de Bill, le personnage de Matt Damon.

Loin de Jason Bourne ou de Seul sur Mars, Matt Damon nous balade dans Marseille dans un film qui a un peu le cul entre deux chaises mais qui n’en n’est pas moins déplaisant.

Stillwater, de Tom McCarthy – Sortie le 22 septembre 2021

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