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Critique : Space Jam Nouvelle Ère

En 1996, Warner Bros sort Space Jam dans les salles américaines. Le film annonçait la rencontre choc entre Michael Jordan et les Looney Tunes dans un film hybride mi live mi animation dans lequel il était naturellement question de basket. La star de la NBA est alors au sommet : après une première retraite pour aller faire du base-ball, Jordan est de retour au sein des Chicago Bulls et fait des étincelles. Le film marque sa génération : les jeunes vont en salles pour voir les toons et en ressortent en voulant faire du basket et s’acheter de grosses Nike.

Pourtant, le film n’est jamais exceptionnel, surtout en le renvoyant dans les années 2020. Certes l’animation est chouette et le réalisateur Joe Pytka fait tout ce qu’il peut pour dynamiser une mise en scène un peu coincée par les personnages dessinés. Mais Jordan joue mal et certains arcs narratifs et personnages sont difficilement regardables aujourd’hui, la Palme revenant à Wayne Knight (Dennis Nedry dans Jurassic Park) qui joue un comique de service insupportable. Mais malgré ses défauts, Space Jam avait pour lui une certaine sincérité. S’ouvrant sur une très belle scène où Jordan enfant explique à son père qu’il veut faire du basket sa vie, le film s’offre de jolis moments et d’autres séquences très drôles grâce à l’utilisation bien fichue des Looney Tunes.

Vingt cinq ans après sa sortie, Space Jam reste donc le film d’une génération, honnête et proprement fabriqué. Tout ce que sa suite n’est pas.

En 2021, le monde a bien changé. Space Jam aussi. Ce second volet s’ouvre lui aussi sur une scène de flashback. On y découvre la star actuelle du basket, LeBron James, enfant aussi. Mais pas question de basket : il joue à Bugs Bunny sur Game Boy jusqu’à ce qu’on lui confisque sa console. Des années plus tard, le basketteur est présenté comme un mauvais père, qui force ses enfants à faire du sport alors qu’eux-même veulent tâter de la console.

S’ensuit une histoire invraisemblable et beaucoup trop ancrée dans les années 2020 pour vieillir correctement : un algorithme informatique, ayant les traits de Don Cheadle, enlève LeBron et son fils pour les propulser à l’intérieur des serveurs de Warner Bros, eux-même contenant l’intégralité des personnages du studio. Ce méchant numérique va convaincre le gamin de se rebeller contre son père et de l’affronter dans un match non pas de basket mais du jeu vidéo que celui-ci a conçu et qui est plus ou moins inspiré par le sport en question. Ou en résumé : un affrontement père-fils dans un jeu vidéo inspiré du basket, avec les Looney Tunes comme alliés et tout le catalogue WB dans le public.

La suite n’est qu’un prétexte à (mal) montrer l’ampleur du catalogue Warner, d’abord dans une série de courtes séquences vues sur les réseaux sociaux où les Looney Tunes ont été intégrés à des productions estampillées WB : dans Matrix, Fury Road ou Casablanca sans aucune raison valable à part peut-être une vanne ou deux. Ainsi, si Sam le Pirate apparait dans le film de Michael Curtiz, c’est parce qu’il s’appelle comme le pianiste qui joue pour Lauren Bacall. Vous l’avez ? C’est drôle, non ? A chaque fois que des scènes sont rejouées, comme LeBron James dans une bagnole de Mad Max, ca ne ressemble à rien.

Pire, pendant le (beaucoup trop) long match, les figurants sont aussi issus du catalogue Warner. On voit donc de loin les Pierrafeu ou les Cosmocats. Mais au premier rang, le réalisateur a trouvé que c’était une bonne idée d’y mettre de vrais acteurs en costumes. Évidemment, ce ne sont pas les acteurs d’origine et tout sonne donc comme du cosplay. Ou pour faire plus simple : on n’a d’avantage l’impression d’être au Comic Con ou à la Japan Expo que dans un film censé glorifier ces personnages. Quand Steven Spielberg a réalisé Ready Player One, chaque personnage, chaque référence était savamment utilisée (la fameuse moto issue d’Akira uniquement là pour focaliser le spectateur sur son pilote, pas sur l’engin). Ici, tout est gratuit et mal fait.

Le seul intérêt du film réside dans l’aspect visuel, Warner Bros Animation Group a fait un chouette travail sur les Looney Tunes. La toonification de LeBron James est une bonne idée, elle permet de planquer le fait que l’acteur joue très mal. A l’inverse, tout le monde passe en 3D réaliste pendant le dernier acte du film, une manière de ne pas se fouler, car il est aurait été bien plus complexe de montrer les Looney Tunes en animation traditionnelle.

Enfin, si vous veniez pour l’ambiance des cartoons ou pour voir LeBron James jouer à du vrai basket, passez votre chemin, il n’y a ni l’un ni l’autre dans le film. Les célèbres personnages animés ne sont que des sidekicks sans intérêt et le basketteur le plus célèbre de la planète galère dans un faux jeu vidéo.

Space Jam Nouvelle Ère donne l’impression d’avoir été écrit pour les ados de 2021, mais par de bons vieux boomers qui ne savent rien de cette génération. A la fin, on n’est pas sûrs de savoir à qui ce truc s’adresse mais ni à eux ni à nous.

Space Jam Nouvelle Ere, de Malcolm D. Lee – Sortie le 21 juillet 2021

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