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Critique : Sound of Noise
Il y a des films arrivant en salles à coté desquels nous serions sans doute passé, du moins avant la sortie, si nous n’avions pas été sollicités.
C’est un peu le cas de Sound of Noise, un film suédois à part, très musical et dont le principe peut laisser dubitatif. Heureusement, nous avons été approché par Touscoprod qui soutient la distribution française et qui a organisé une projection.
Voici donc notre verdict.
Sound of Noise – Sortie le 29 décembre 2010
Réalisé par Ola Simonsson, Johannes Stjarne Nilsson
Avec Bengt Nilsson, Sanna Persson, Magnus Börjeson
L’officier de police Amadeus Warnebring est né dans une illustre famille de musiciens. Ironie du sort, il déteste la musique.
Sa vie bascule le jour où un groupe de musiciens déjantés décide d’exécuter une œuvre musicale apocalyptique en utilisant la ville comme instrument de musique…
Il s’engage alors dans sa première enquête policière musicale…
Sound of Noise, c’est le projet ayant tout de son côté pour qu’on l’aime.
Un film porté à bout de bras par ses auteurs suédois depuis plus de 2 ans, ayant connu un travail de post production sur le son proprement colossal, un pitch aussi atypique que décalé et un concept foutrement amusant et source de délires apparemment infinis, le tout soutenu par une réputation qui fait son nid de festival en festival doucement mais sûrement.
Autant dire qu’on était curieux de voir la chose finie et ça tombe bien puisque pour clôturer l’année, le film débarque dans les salles pour faire péter les systèmes Dolby, DTS et autres…
Mais au final, Sound of Noise, ça envoi du lourd ou pas ?
Le long métrage d’Ola Simonsson et de Johannes Stjarne Nilsson (ça, c’est fait) tient à vrai dire sur une idée principale. On suit un groupe de batteur qui décide de mettre en place leur toute nouvelle œuvre musicale d’un genre quelque peu étrange, puisque celle-ci utilise comme instruments… la ville. Plus précisément, chacune des chansons de cette symphonie d’un nouveau genre va être interprétée dans un environnement précis, par exemple un bloc opératoire.
Une fois en place dans leur nouveau terrain de jeu, les musiciens en question vont donc se lancer dans leur morceau avec tout ce qui est à la portée de main, sachant que les instruments en question sont caractéristiques du lieu, comme le patient sur le billard.
Au nombre de 4, ces séquences complètement barrées représentent bel et bien l’attraction principale du film : véritables challenges orchestraux et de mise en scène, ces passages rivalisent d’ingéniosité et de précision sur le plan du montage visuel, sonore et du mixage pour créer des mélodies délirantes et entraînantes.
On comprend vite l’énorme préparation qu’a dû réclamer l’ensemble tant il est surprenant dans ses 4 variantes et basé sur une construction millimétrée et composée par une banque sonore d’une grande richesse, résultant d’un travail de recherche et d’expérimentation sur les sonorités et les bruitages dont on n’ose à peine imaginer la rigueur et la patience nécessaires pour en arriver là.
Ludiques, drôles et foutrement bien fichus, ces scènes représentent donc à elle seule l’accomplissement du film… mais aussi ses limites.
Car si malice il y a dans ces numéros musicaux assez uniques et de plus en plus fous, le reste du film semble être là pour meubler et si on trouve dans l’intrigue une autre idée amusante jouant sur le son et surtout le silence (on vous laisse la surprise…), l’histoire en elle-même ne casse pas vraiment la baraque…
Malgré les idées de caractérisation du héros, qui déteste la musique alors que toute sa famille en est passionnée, et des autres personnages qui constituent le gang de terroristes auditifs, le tout ne vit que pour servir les passages assimilables à du Stomp XXL.
Et certes, c’est bien rigolo de voir ces orchestrations folles mais en l’état, on est en droit de se demander si tout cela justifiait un film tant tout le reste se restreint à faire le pont en chaque passage, en tentant de divertir vainement.
Trop reposé sur son idée de base, on se dit vite qu’en l’état, les 4 fameuses séquences auraient fait d’excellents clips musicaux… Sauf qu’on est au cinéma.
Alors attention, les personnages portent quand même le reste du film et il faut remarquer que le tout dégage une ambiance particulière et une identité qui lui est propre, la nationalité du film y étant aussi pour beaucoup, mais le problème est que jamais aucun autre élément du film n’arrive à la hauteur des scènes de jeu et on gardera tout du long la désagréable impression que tout ce beau monde se tue à la tâche là où il ne constitue concrètement qu’un simple prétexte, esclave de la symphonie au cœur du film.
Sound of Noise ne fera pas donc pas tant de bruits que ça. Excellentes idées de clips brillamment mises en œuvre au sein d’un film ne servant qu’à promouvoir et meubler autour, le long métrage se révèle rigolo mais trop limité par son manque d’ambition une fois son attraction principale passée.
C’est d’autant plus dommage que la dite attraction est résolument géniale mais demeure la seule chose restant en tête après la vision du film. Bonne idée, mauvais support…