1724Vues 0commentaires
Si vous avez des phobies liées à la nuit, ce qui suit va vous intéresser ou vous faire peur. Peut-être vous réveillez-vous au moindre bruit dans votre logement, au moindre voisin qui se déplace au milieu de la nuit ? Peut-être aussi vérifiez-vous que tout est vraiment bien fermé (et plusieurs fois) avant d’aller rejoindre les bras de Morphée.
Cette peur est le point de départ de Sleep qui, comme son nom l’indique, va parler du sommeil d’un jeune couple coréen. Enceinte, elle va découvrir que son mari est atteint de somnambulisme, qu’il parle dans son sommeil, se lève et se livre à tout un tas d’activités nocturnes étranges. Mais ce qui semblait n’être qu’une phobie passagère va virer à l’angoisse quand ses actes vont devenir de plus en plus violents, et alors qu’elle vient d’accoucher. Que leur arrive-t-il réellement ?
En filmant un quasi huis clos entre (presque) deux personnages, le réalisateur Jason Yu nous renvoie à nos propres peurs dans un premier temps puis à nos interrogations. Dans son premier acte, le metteur en scène utilise les codes du film d’horreur et cherche le jumpscare avec des petites choses du quotidien. Pour mieux ensuite nous faire nous interroger sur ce qui arrive au mari somnambule. L’explication est-elle rationnelle ? Si oui, est-il vraiment responsable de ce qu’il fait ? A moins que l’approche soit fantastique ? Le scénario distille différentes pistes (le chien, la marabout), en appuyant sur certaines pour nous laisser le plus longtemps possible la liberté de choisir. Au point de s’identifier très fortement au personnage de la femme et à suivre son raisonnement, toujours fortement marqué par le réalisme malgré tout.
La photo de Sleep est chouette et les acteurs et actrices sont bons en particulier Lee Sun-kyun, décédé depuis et à qui le film est dédié. Mais ce sont bien les possibilités offertes par la narration qui sont intéressantes. A vous de voir si votre esprit est complètement cartésien ou pas trop, histoire de voir comment vous vous prendrez au jeu.
Il y a même quelque chose de Bong Joon Ho dans le cinéma de Jason Yu. Certes, l’écriture de Sleep est (vraiment) beaucoup plus sage et la fin beaucoup trop prévisible mais on ne peut s’empêcher de penser à Parasite en voyant la manière dont le réalisateur s’empare du quotidien pour nous faire peur.
Sans rien révolutionner et parfois un peu facile malgré tout, Sleep jongle habilement avec ses thèmes et sa narration pour captiver comme il faut le spectateur sans jamais l’endormir. On attend de voir désormais vers quoi ira Jason Yu.
Sleep, de Jason Yu – Sortie en salles le 21 février 2024