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On compte en général quatre ans pour produire un long métrage d’animation. Mais le premier est souvent le plus long. Sky Dome 2123 a pris sept ans à Sarolta Szabó et Tibor Bánóczki, sept longues années pendant lesquelles le monde a changé suffisamment pour leur faire dire que leur idée de départ se rapprochait un peu plus de la réalité. Plus on avance dans le futur plus on découvre que des cinéastes visionnaires avaient déjà tout prévu. Et pas seulement l’IA avec Terminator, puisque Sky Dome évoque le réchauffement climatique.
Nous sommes à Budapest 100 ans dans le futur. Ce qui reste de l’humanité survit sous un dôme, avec des règles strictes. La plus forte d’entre elles : les humains ne vivent jusqu’à 50 ans. Ensuite, ils se sacrifient pour devenir des arbres et subvenir aux besoins des générations suivantes. Suite à un drame familial, l’héroïne va décider de donner sa vie avant la date fatidique. Son mari décide alors de l’en empêcher, même s’il doit braver les règles en place.
Passons sur le point de départ un peu gênant de l’intrigue où le mari décide d’empêcher sa femme de force de se sacrifier. Sans cela, il n’y aurait pas d’intrigue. Dans son premier acte, une fois les bases posées, l’histoire va ressembler à des choses déjà vues : un sauvetage, opposé aux autorités. On n’est presque dans un épisode de The Bad Batch avec un peu de contexte. Ce n’est en réalité pas ce qui va nous intéresser.
Il y a en effet deux axes dans Sky Dome 2123. Le premier est l’univers. Sarolta Szabó et Tibor Bánóczki, qui ont écrit et réalisé, confient avoir consulter des scientifiques pour rendre l’environnement le plus crédible possible. Pourrait-on survivre sans faune ni flore ? Et si oui, comment ? La réponse fournie est suffisamment crédible pour qu’on se prenne aux jeu. Le second point est en réalité le deuxième acte du film. Une fois en fuite, les deux héros vont voyager aussi bien intérieurement qu’extérieurement pour mieux se redécouvrir. Le film devient une histoire de couple, belle et réussie, un sujet inédit dans le monde de l’animation.
L’animation justement est aussi surprenante : Sarolta Szabó et Tibor Bánóczki ont mélangé des décors 3D pour lesquels ils ont utilisé des photos, justifiant une volonté de lorgner vers le photoréalisme mais l’animation des personnages a été faite en 2D en utilisant la technique de rotoscopie, chère à Richard Linklater, qui consiste à faire jouer des acteurs dans des décors minimalistes puis à redessiner à la main sur les rushs de tournage. Étonnamment le mélange des techniques fonctionne pas mal.
Sky Dome 2123 est une proposition. C’est assez rare dans le monde de l’animation pour être souligné. Ce n’est pas le film de science-fiction/action auquel vous pouvez vous attendre, plutôt un drame romantico-ecolo. Rien que pour ça, le résultat mérite votre coup d’oeil.
Sky Dome 2123, de Sarolta Szabó et Tibor Bánóczki – Sortie en salles le 17 avril 2024