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Critique : Silent Voice

Un an après sa projection au Festival International du Film d’Animation d’Annecy, Silent Voice de Naoko Yamada sort ce mercredi 22 août dans les salles françaises. Pour l’occasion, le distributeur a même lancé une campagne de financement participatif pour produire plus de copies et permettre ainsi à l’histoire d’être vue par le plus grand nombre.

Ce 22 août, vous serez sûrement tenté par Jason Statham et son requin géant ou par le dernier Spike Lee. Pourtant, ne passez pas à coté de Silent Voice.

 

LA CRITIQUE

A Silent Voice (聲の形, Koe no katachi) est d’abord un manga. Shonen écrit et illustré par la dessinatrie Yoshitoki Ōima, il a été publié au Japon en 2014 sur sept tomes. C’est aussi une femme, Naoko Yamada, qui a pris la relève pour l’adaptation en anime, adaptation sortie dans les salles japonaises fin 2016. Il aura donc fallu deux ans et un passage par le Festival d’Annecy en 2017 pour que Silent Voice (qui a perdu son « A » pour la version française) trouve le chemin des salles. Et on ne peut que s’en réjouir tant c’est un film essentiel.

On pourrait croire, par son titre, que Silent Voice est l’histoire de la jeune Shōko Nishimiya, une écolière sourde qui débarque dans une classe déjà établie en cours d’année. Il n’en est rien. Si le sujet vous intéresse quand même, reportez-vous plutôt vers Jun La Voix du Coeur, le très beau film de Tatsuyuki Nagai sorti en DVD l’année dernière et qui évoque avec beaucoup d’émotion ce sujet-là (voir notre vidéo). Comme le laisse entendre la chanson d’ouverture, l’excellent My Generation du groupe The Who, Silent Voice est un portrait de la jeunesse, fort et émouvant.

Le film se déroule à deux époques, une première très courte puis une seconde plus longue. Dans la première, on fait non seulement la connaissance de le jeune Shoko, sourde donc, mais aussi de Shōya – un garçon présenté d’abord comme tous les garçons de son âge. Mais petit à petit, alors qu’il se met à la maltraiter sous prétexte qu’elle n’entend rien, on va découvrir que le « héros » du film est un parfait connard. Et la réalisatrice Naoko Yamada enchaine les scènes choc pour bien nous faire comprendre non seulement de l’enfoiré qu’il est mais aussi pour évoquer le harcèlement et la maltraitance des élèves par d’autres au sein des écoles. Comme quoi, qu’on soit en France ou au Japon, ce genre de sujet est malheureusement universel.

Le second acte se déroule quelques années plus tard, alors que tout le monde est entré au lycée. Les anciens collègues de classe se sont perdus de vue mais vont petit à petit se retrouver. Shoko est toujours la jeune fille introvertie qu’elle était, et même si elle est mieux entouré, elle a toujours autant de mal à trouver sa place à cause de sa surdité. Shōya, lui, est devenu asocial – au point que ça soit visible à l’écran, chaque personnage qu’il regarde étant marqué d’une croix à la place du visage. Mais quelque chose bout en lui. Il a appris la langue des signes pendant l’été, et on sent une envie de changement. La route sera longue et elle sera semée d’embuches.

Visuellement superbe avec ses plans contemplatifs très japonais et ses scènes gorgées de soleil, Silent Voice est une belle réussite technique. On sera forcément surpris de son rythme en dent de scie. Le film est très souvent lent mais c’est pour mieux enchérir ensuite avec un twist ou une scène puissante. Et on ne va pas se mentir : aucune pincette n’est prise pour vous raconter cette histoire d’adolescents mal dans leur peau et qui cherchent leur voie. Peut-être le film fera-t-il même rejaillir des souvenirs au tournant d’une scène choquante.

Incroyable histoire sur la jeunesse, parcours d’un garçon et d’une fille en quête de rédemption, Silent Voice est un film puissant. On comprend mieux pourquoi le distributeur français a tout fait pour le sortir en salles. Même s’il arrive arrive tardivement sur nos écrans, il n’est jamais trop tard pour évoquer ces sujets. C’est ce qu’on appelle un film important.

Silent Voice, de Naoko Yamada – Sortie en salles le 22 août 2018

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