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Critique : Seder-Masochism
Premier film en compétition au Festival d’Annecy, Seder Masochism
Ce long métrage est signée de la réalisatrice Nina Paley (dont le très complet blog est à voir ici) qui avait déjà été récompensée à Annecy il y a près de dix ans pour Sita chante le blues, film sous licence Creative Commons et donc visible librement ici. Elle s’attaque cette fois au patriarcat.
LA CRITIQUE
Le Seder est un rituel se pratiquant pendant la fête juive de Pessa’h, rappelant l’accès à la liberté -grâce a Moïse- après l’esclavage en Égypte. L’idée est noble, mais la réalisatrice Nina Paley y voit totalement autre chose, qu’elle choisit de raconter dans son nouveau long métrage quelques années après avoir réalisé un segment du Prophète de Roger Allers.
Seder-Masochism raconte donc l’Exode du peuple juif d’Égypte vers la Terre Sainte a travers différentes séquences bien connues mais pas seulement. Le film s’ouvre en effet sur une longue scène montrant le corps féminin entouré par un serpent. On y voit aussi la réalisatrice, représentée sous forme d’une chèvre s’adresser directement à Dieu.
A travers ce qui peut sembler étrange, et qui est difficile d’accès de prime à bord, du moins jusqu’à ce qu’on comprenne où elle veut en venir, la réalisatrice s’attaque à sa religion. L’Exode a libéré le peuple juif mais a aussi contribué à la naissance du patriarcat. Nina Paley tire à balles réelles non pas sur la croyance, mais sur les pratiques et les dictats qui en découlent. Selon son récit, ce n’est pas le Veau d’or qu’adoraient les Juifs quand Moïse est parti chercher les tables de la loi (pour ensuite les briser) mais bien la femme. Le prophète, redescendu, a remis les choses en place et la femme là où elle doit être…
Tout cela est raconté à travers des séquences animées rappelant le travail des Monty Pythons, notamment à travers l’utilisation et le détournement d’imagerie religieuse. Nina Paley utilise aussi des chansons connues, les paroles illustrant de manière décalée, ironique voir choquantes différentes scènes. On vous laisse imaginer, dans ce contexte patriarcal, ce que peut donner l’utilisation d’une chanson comme I Will Survive de Gloria Gaynor. Des extraits sont à voir ici.
On s’attendait à ce que Seder-Masochism soit un film trop étrange dans sa forme pour être accessible. C’est en réalité la première grosse surprise du festival, tant il est percutant et plus que jamais d’actualité. Il a un public tout trouvé. Il ne lui reste plus qu’une date de sortie française.
Seder-Masochism, de Nina Paley – Sortie prochaine