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Critique : Sans Issue
Parmi les sorties de demain 2 mai sur les écrans, voici sans Issue.
Le film de Mabrouk El Mechri réunit Bruce Willis, Sigourney Weaver et Henry Cavill dont chaque performance est observée à la loupe puisque le comédien va avoir la lourde tâche d’incarner Superman pour Zack Snyder.
D’ici-là, que vaut-il dans un blockbuster d’action ? Et que vaut le réalisateur de JCVD maintenant passé aux USA ?
Sans Issue – Sortie le 2 mai 2012
Réalisé par Mabrouk el Mechri
Avec Henry Cavill, Bruce Willis, Sigourney Weaver
Will Shaw, un étudiant américain, part en Espagne rejoindre sa famille pour une croisière pendant les vacances. Mais à son arrivée, il découvre un bateau vide et des traces de sang. Il est contacté par une mystérieuse organisation qui lui apprend que son père est en réalité un agent de la CIA. Celui-ci a disparu avec des documents importants. Will dispose de quelques jours pour le retrouver s’il veut sauver le reste de sa famille.
Après Louis Leterrier, Alexandre Aja ou encore Florent Emilio Siri, voici un nouveau réalisateur francophone passant de l’autre côté de l’Atlantique pour continuer sa carrière et faire du film d’action en la personne de Mabrouk El Mechri. Un nom qui peut être ne vous dit rien au premier abord, mais qui s’avère pour le moins intéressant à la vue de ces deux premiers films : Virgil et surtout l’OVNI JCVD, devant lequel il était difficile de rester impassible devant le fameux monologue de l’acteur belge. Avec un début de carrière comme celui-ci, on avait de quoi espérer pour la première excursion Hollywoodienne du monsieur, d’autant que ce dernier a carrément réussi à ramener le futur Superman (Henry Cavill), Bruce Willis et Sigourney Weaver en Espagne pour Sans Issue. A moins que comme le titre le laisse penser, tout ça soit un piège…

Hollywood est connu pour ses dérives implacables et ses costards cravates inflexibles, qui exigent à tort et à travers en empiétant souvent sur le projet artistique d’un réalisateur pour faire rentrer le film dans un schéma défini et précisément calculé, souvent au détriment de tout plaisir de visionnage et de la qualité. Avec les premiers films qui le caractérisent, on pouvait donc espérer que Mabrouk El Mechri passerait entre les mailles du filet d’autant que Sans Issue se passe dans le bassin méditerranéen et veut puiser son histoire au sein du folklore espagnol, en usant de l’architecture typique des lieux pour ses scènes d’actions par exemple. Pourtant, le démarrage du film reste ce que le cinéma américain d’action nous a délivré des centaines de fois : un homme part en vacances avec sa famille soudée sur le voilier des parents et part faire une course à la nage lors d’une escale pour finalement se retrouver seul lors du retour, le bateau ayant remplacé ses membres par des traces de sang. Devant une intervention pour le moins suspecte de la police, notre homme de tous les jours va alors se transformer en héros en deux secondes pour une course poursuite qui lèvera le voile sur de nombreux secrets familiaux et bien plus encore. Si j’insiste en amont sur le fait que les producteurs Hollywoodiens ont bouffés plus d’un projet (Kassovitz ou Leterrier peuvent en témoigner), c’est parce qu’il semble qu’une fois encore, nous sommes devant un spécimen de la sorte.
Que dis-je : une fois de plus, c’est même une certitude…
Amis du formatage, préparez vous à voir un nouveau cas d’école avec Sans Issue tant nous avons là à faire au petit blockbuster ultra calibré comme on en voit malheureusement trop souvent et qui fait rapidement preuve d’un manque d’identité, de considération, d’originalité… de tout.
Il suffit de voir combien le script devient vite aberrant pour s’en convaincre, tant le personnage principal qui s’avère tout de même très couillon va se retrouver malgré lui dans des situations toutes plus aberrantes les unes que les autres, comme ces éternelles fusillades dans lesquelles des professionnels surentrainés n’arrivent pas à abattre un boyscout malgré les 400 balles envoyés dans sa direction. Un scénario qui va offrir des rebondissements qui repoussent les limites de l’aberrant, se posant comme des modèles de coups de théâtre débiles et grossiers, tandis que les acteurs cabotinent tous et ne sont là que pour empocher leur chèque en se la coulant douce en Espagne, le gros du travail étant évidemment abattu par Bruce Willis & Sigourney Weaver qui expédient chacune de leurs prises en espérant pouvoir vite aller se la couler douce sur la plage. Henry Cavill fait une fois de plus pitié devant le manque de consistance absolu de son jeu, et même si le personnage sur le papier ne devait pas vraiment aider, on a peur devant le non-charisme du monsieur pour sa prochaine interprétation de l’homme d’acier. Enfin, comme si ce festival d’abnégation ne suffisait pas, la réalisation du tout est complètement aseptisée, ne faisant preuve d’aucun style, enchaînant les passages mal torchés et illisibles et n’étant même pas capable de rendre un tant soit peu trépidante la moindre action supposée spectaculaire. C’est peu dire que devant un résultat a ce point torché, on se demande qu’est ce qui a bien pu motiver tout ce beau monde.

Sans Issue, c’est un cas d’école comme on s’en coltine régulièrement, un film d’action fait sans passion, sans envie, sans idées et donc forcément, sans une once de plaisir ou d’intelligence.
Maintenant le spectacle au niveau zéro en se trimballant une montagne de casseroles, le long-métrage provoque un ennui prononcé et peut être même soporifique.
On espérait autre chose à Mabrouk El Mechri qu’une méthode anti-insomnies, et on ose croire qu’il a simplement été dépassé par la machine américaine. Dans quelques mois il reviendra en Europe dégouté de son expérience, comme beaucoup d’autres, et tout ça ne sera plus qu’un mauvais souvenir…