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Critique : Rush
Le nouveau film de Ron Howard sort cette semaine.
Ce touche à tout est capable de filmer des genres complétement différents, de vieux dans une piscine (Cocoon) à l’interview d’un président par un journaliste (Frost/Nixon) en passant par un huis clos dans l’espace (Apollo 13) et un film de pompiers (Backdraft).
Cette fois, il met en scène Daniel Brühl face à Chris « Thor Hemsworth, Niki Lauda face à James Hunt.
Attachez donc votre ceinture…
Ron Howard a une carrière pour le moins incertaine. En tête d’affiche durant des années, de Willow à Apollo 13 en passant par le Da Vinci Code et sa suite, il peut aussi faire des films plus modestes tels que Frost/Nixon voir Le Dilemme, passé inaperçu lors de sa sortie. En outre, cette carrière yoyo montre une capacité à s’épanouir dans plusieurs genres et une vraie versatilité, ce que Rush ne viendra pas contredire puisqu’il est ce coup-ci question d’une histoire vraie sous adrénaline : celle du duel mythique entre Niki Lauda et James Hunt, deux pilotes de F1 des années 70 dont la légende va marquer l’histoire autour d’un terrible accident…

On a de plus en plus peur en voyant l’avertissement « tiré/inspiré d’une histoire vraie », qui sonne désormais comme la preuve absolue que l’œuvre concernée va être bien. Rendez-vous compte, c’est une histoire vraie ! Non pas que tous les films auréolés de ce slogan soient mauvais, mais c’est souvent le signe d’une flemmardise certaine, comme en témoignent les nombreux biopics reposant essentiellement sur une performance d’acteur pour ne rien raconter de passionnant derrière.
Rush déroge à la règle et réunit tout ce qu’il faut pour faire honneur à la fameuse « histoire », en commençant tout d’abord par adopter un traitement visuel en accord parfait avec l’époque qui nous intéresse. Sans forcément parler de la reconstitution, montrant un gros travail sur les décors, les costumes et j’en passe mais sur la photographie du film, qui joue d’un grain prononcé pour mieux coller à son temps et avoir cette patte presque organique. Afin de mieux coller aux images d’époque et d’archives, la lumière est travaillée dans ce sens, jouant subtilement sur les ombres et les reliefs afin d’avoir ce caractère quasi authentique. Ce parti pris donne donc tout de suite vie à cette époque que Ron Howard semble tant chérir. Car à la base de Rush, et la raison pour sans doute laquelle le cinéaste a fait ce film, on trouve un fait divers explosif, une rivalité dingue entre deux hommes obsédés chacun à leur manière par la vélocité dingue de ces courses dans des cercueils ambulants.
A une époque où la technologie ne faisait pas tout, et où un bolide était simplement un moteur surpuissant dans une bien faible carrosserie, ces hommes étaient des têtes brulées et jouaient tout sur leur audace souvent extrême. C’est ce jeu constant avec la mort qui rendait la discipline si fascinante, les règles étant alors moins strictes, et le duo Niki Lauda/James Hunt en était le plus bel étendard tant leur rivalité les a mené loin. Un face à face hyper cinématographique qui ne demandait qu’à être porté au cinéma, la F1 n’ayant pas à faire ses preuves sur grand écran pour quiconque se souvient du Grand Prix de John Frankenheimer.
On pourrait presque voir là un remake réduit d’ailleurs, le film de 1966 suivant le parcours de 4 pilotes là où on en suit seulement 2 ici. Pour porter une telle incandescence dans les comportements, il fallait des acteurs capables de jouer, et avec de vraies gueules de bonhomme. On aurait pu douter de Chris Hemsworth dont l’interprétation monocorde de Thor nous use déjà, tout comme Daniel Brühl a rarement été convaincant depuis Goodbye Lenin. Pourtant, chacun dans leur domaine, les deux comédiens sont à la hauteur de leurs rôles, l’un jouant un playboy obsédé par l’ivresse des courses qui joue tout à l’instinct, l’autre un tacticien hors pair qui envisage presque la conduite comme une série de calculs. Surtout, il fallait quelqu’un derrière la caméra qui soit capable de coller le spectateur contre son siège en rendant intacte les folles sensations de ces courses pieds au plancher. Ron Howard a mis les formes pour ça, puisque son équipe a notamment privatisé le circuit du Mans et que le découpage du film a été pensé en amont pour restituer le dynamisme des courses. La mise en scène se veut au plus près du volant, et cherche l’immersion auprès du pilote, un choix louable qui est cependant un peu trop prononcé dans le film, certains dépassements ou autres actions spectaculaires n’étant pas totalement lisibles par moment à cause d’une caméra qui refuse de trop aérer ses cadres. Très propre sur sa mise en scène sans briller, Ron Howard compte cependant sur un montage léché qui fait le sel des courses, y étant pour beaucoup dans les effets de célérité et d’énergie procurés par ces scènes. Le travail apporté au son est particulièrement électrisant quand il s’agit de nous plonger au cœur de l’action, jonglant entre les fureurs mécaniques des moteurs et les respirations des conducteurs, avec Hans Zimmer qui nous ressort sa sauce habituelle derrière pour rythmer le tout à toute berzingue. Tout le long métrage est d’ailleurs de cet acabit : parfaitement situé sur le sujet et sachant quels moments de l’histoire privilégier, Rush déroule son programme sans temps mort et avec soin, même si il lui manque une petite étincelle de folie pour en faire une vraie bombe. En l’état, le résultat reste grisant à plusieurs reprises, et la rivalité de ces deux sportifs ne méritait pas moins.

Evitant les pièges inhérents à l’adaptation d’un fait réel, Rush fait le grand écart entre le blockbuster survitaminé et le film académique bavard pour trouver l’écrin idéal à cette histoire qui ne demandait qu’à être transposée sur grand écran. Entre son duo d’acteurs habités par leurs rôles, un récit passionnant et une réalisation peaufinée, Rush s’avère sans doute un peu trop propre par moment tout en étant ludique et impressionnant, prouvant à ceux qui en doutaient que Ron Howard en a encore sous le capot.
Rush – Sortie le 25 septembre 2013
Réalisé par Ron Howard
Avec Chris Hemsworth, Daniel Brühl, Olivia Wilde
RUSH retrace le passionnant et haletant combat entre deux des plus grands rivaux que l’histoire de la Formule 1 ait jamais connus, celui de James Hunt et Niki Lauda concourant pour les illustres écuries McLaren et Ferrari. Issu de la haute bourgeoisie, charismatique et beau garçon, tout oppose le play-boy anglais James Hunt à Niki Lauda, son adversaire autrichien, réservé et méthodique. RUSH suit la vie frénétique de ces deux pilotes, sur les circuits et en dehors, et retrace la rivalité depuis leurs tout débuts.
1 commentaire
par Olivier
Howard est capable du meilleur comme du pire, mais là les critiques sont presque unanime, c’est du meilleur