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Critique : Red Tails
Une première fois apparu sur les plannings de début 2012, Red Tails a vite disparu et n’est plus programmé en France. Il semble d’ailleurs ne pas avoir de distributeur ni même de sortie en DVD.
On a quand même voulu donner sa chance au film d’Anthony Hemingway, écrit par George Lucas. On était d’autant plus curieux que le film a connu de nombreux problèmes de production, Lucas allant jusqu’à s’occuper lui-même des reshoots. Et il se murmure qu’il aurait refait la plupart du boulot de son réalisateur commis d’office.
Mais que vaut donc le premier film de George Lucas post-Star Wars ?
Red Tails – Pas de date de sortie française
Réalisé par Anthony Hemingway
Avec Nate Parker, David Oyelowo, Terrence Howard
Durant la Seconde Guerre Mondiale, un programme de l’Air Force américaine, considéré comme expérimental, proposait de tester les capacités des pilotes noirs, alors perçus comme incapables de servir dans l’armée. Le 332e escadron, posté en Italie dans les dernières années de la guerre, se vit confier des missions de plus en plus importantes au fil de leurs succès militaires…
Si George Lucas sait quelque chose, c’est qu’il fut un temps où les épopées les plus nobles avaient leur place dans le cœur du public. Pour raviver cette flamme qu’il pensait visiblement perdue, il se mit en tête, il y a de cela 24 ans, de conter l’aventure d’hommes exceptionnels qui changèrent l’histoire au travers de leur courage, de leur dévotion, et de leurs compétences inégalées. Il entreprit de narrer les péripéties du 332e escadron et ses combats épiques contre les ennemis de l’Alliance.
Après 20 ans de recherche de fonds, Lucas se résigna à produire le film lui-même. Avec une soixantaine de millions de dollars investis, et son temps et son talent mis à la tâche dans la production et l’écriture du film, nous étions en droit d’avoir bon espoir quant à la teneur du produit final.
S’il y a une chose que l’on peut reconnaître dans Red Tails, c’est la volonté presque naïve de raconter une histoire travestie dans le but d’héroïser à outrance ses personnages. Si l’intention du projet était donc noble, son exécution ne peut être décrite autrement que par l’adjectif lamentable.
Cette médiocrité suffisante se révèle dès les premières minutes du film, qui dépeignent sans complexe des soldats américains blancs extrêmement incompétents, et des soldats nazis sadiques, maléfiques, et parfaitement monolithiques. Certes, l’on ne doute pas que ces deux types d’individus ont existé à profusion, seulement le script de Lucas admet sans rechigner qu’aucune nuance n’existait dans l’un ou l’autre des cas, et donc que tous les soldats blancs étaient ineptes à la guerre, et que tous les soldats allemands étaient des nazis heureux de se trouver du côté obscur de la Force.
Ce manichéisme se retrouve hélas tout le long du film, qui ne s’éloigne jamais de ces définitions biaisées et particulièrement dangereuses dans leur travestissement des faits historiques.
Cependant, la représentation des protagonistes n’est pas en reste d’invraisemblances à la limite du loufoque. Dans un système militaire où les hommes de couleur devaient se battre pour être reconnus, l’administration avait délibérément défini des normes d’acception absurdement élevées pour les candidats noirs, ce qui explique donc le niveau d’éducation, d’intelligence et de compétences remarquable des hommes qui composèrent le 332e escadron. Impossible donc, de ne pas être estomaqué par un traitement des personnages les faisant tous passer pour des guignols souffrant d’une instabilité psychologique qui les disqualifierait immédiatement de l’armée. Le scénario nous propose donc de découvrir, entre autres aberrations, un pilote alcoolique (!!!), une tête-brûlée incapable de suivre les ordres (!!!) ou encore un pilote autorisé à voler malgré une vision amoindrie (!!!).
Ces non-sens n’étant, selon Lucas, pas suffisants pour dégoûter un spectateur déjà désenchanté, le récit s’emmêle dans des rebondissements à peine survolés et une volonté de dramatisation outrancière qui a, au final, un effet de répulsion incomparable sur le public qui décroche un peu plus à chaque ellipse malheureuse de plusieurs mois d’histoire.
Derrière la caméra, Anthony Hemingway fait ses armes avec des batailles aériennes globalement plaisantes à regarder (du moins, tant qu’on ne se soucie pas du réalisme aérodynamique ou militaire). Il hésite cependant trop souvent a donner de l’ampleur à ses combats, qui se retrouvent handicapés par d’étranges plans resserrés et tremblotants sur les pilotes, atténuant ainsi la lisibilité d’ensemble.
Red Tails est d’autant plus décevant que les ingrédients du très grand film de guerre étaient là : un sujet prenant, une volonté d’exhaustivité louable, un souhait de véracité indispensable, etc. Hélas, Lucas et son équipe n’ont tenu aucun de ces partis pris, sacrifiés sur l’autel de la simplicité mélodramatique, et nous offrant finalement un métrage à l’image des films de propagande d’antan : incomplet, insatisfaisant et oubliable.
6 commentaire
par BobUN
Bof
par magic
y-a t-il une sortie cinéma prévue en France?
Malgré la critique j’ai envie d’aller le tester
par Marc
Non. Ni ciné ni DVD. On l’a vu en Irlande.
par D A R T H
les allemands monolithique stéréotypés…comme dans indiana Jones donc
note : j’ai vu le film, effectivement s’est une grosse déception
par KRINGER
Il y avait longtemps que je n’avais pas vu une tel bouse à 60 millions de dollars, un suplice jusqu’à la fin, sans parler de l’histoire d’amour (Lucas n’arrivera définitivement jamais à conter une histoire d’amour)
par thierry
Quelle purge, en effet!
Dés le générique rouge du début on sait que ça va pas: on dirait un titrage de travail temporairement exécuté sur final cut, et laissé ça par flemme, ou absence d’idées.
Les personnalités extrêmes ne m’ont pas gênées,(ça ressemble aux tête brûlées), mais tout le reste…
Dialogue lénifiant.
Rencontre amoureuse improbable.
Toutes les séquences se ressemblent, sont étalonnées de la même couleur.
On se dis que le départ en mission a l’aube va nous donner a voir au moins de belles couleur chaude.. que nenni!
Quand un scénario est aussi mauvais, il faut un gars comme Michael Bay pour le faire tenir debout.
Mais là, hélas, touts les talents étaient partis en vacances…
quel gâchis.