831Vues 0commentaires

Critique : Ralph 2.0
Sorti en novembre dernier aux USA, la suite des Mondes de Ralph arrive enfin en France, pile à temps pour les vacances de février.
Le film cartonne, avec des recettes estimées à un peu moins de 500 millions de dollar, soit un peu plus que le chiffre du premier volet. Mais succès du public rime-t-il avec qualité ?
LA CRITIQUE
En 2012, Disney parlait avec beaucoup de révérence de l’univers des jeux vidéo dans Les Mondes de Ralph, mettant en place un univers foisonnant de références et coloré à souhait. Le long métrage était malheureusement plombé par une intrigue très lambda et des personnages mal fichus (qui se souvient de Vaneloppe autrement que comme quelqu’un d’insupportable ?) et avec du recul il n’en restait finalement pas grand chose qu’un film faible pour la firme aux grandes oreilles. Ca n’a pas empêché le public de se déplacer en masse puisque Ralph La Casse a rapporté la coquette somme de 471 millions de dollars au box office mondial (pour un budget estimé à 165 millions). Il était donc naturel pour Disney de remettre le couvert. Pour un résultat aussi bancal que l’original.
L’histoire commence encore cette fois dans la salle d’arcade. Vaneloppe et Ralph se sont calmés, ils mènent une existence paisible la nuit, et le jour vont s’en donner à cœur joie dans leurs bornes respectives. Tout allait bien jusqu’au drame : le volant de la borne de Sugar Rush est cassé et le propriétaire, ne trouvant qu’un exemplaire de remplacement beaucoup trop cher sur eBay, envisage de se séparer du jeu. Heureusement, le même vieux monsieur a finalement installé le wifi dans son local. Ralph et son acolyte foncent donc sur la toile pour commander directement dans les « locaux virtuels » d’eBay la fameuse pièce.
A l’instar du volet initial, Ralph 2.0 pose des bases intéressantes. L’univers d’Internet est riche et vraiment bien pensé, aucun aspect n’étant mis de coté, des pop ups intempestifs au « Dark Net » en passant par les sites de fans et les réseaux sociaux. Le moteur de recherche façon Google est aussi hilarant que les rubriques commentaires des sites font flipper. On apprécie aussi l’interactivité avec le monde extérieur, peu présent dans le premier volet et d’avantage mis en avant ici (et même si certaines scènes ont été coupées entre le teaser et le montage final). Bref, il y a de belles trouvailles pour représenter l’immense richesse d’Internet à l’écran.
Ca a aussi été l’objet de toute la promo mais Disney se fait aussi plaisir grâce au portail américain Oh My Disney. Au delà des références inévitables à Marvel ou à Star Wars, la firme s’amuse avec ses personnages animés. On en avait déjà vu beaucoup dans les bandes-annonces mais la scène où toutes les princesses se rencontrent est une vraie réussite, et l’un des clous du spectacle (l’autre étant un très drôle numéro musical créé spécialement par le légendaire Alan Menken). Pas de caricature ni de remise en question mais un jeu intelligent avec les codes des princesses, qui sera réutilisé à bon escient dans le dernier acte.
Mais comme Les Mondes de Ralph 1ère partie, cette suite est plombée par une intrigue prévisible et sans grand intérêt. On sait que les deux héros meilleurs amis du monde retrouveront in extremis la pièce manquante à la toute fin du long métrage, et qu’ils passeront pour y parvenir par quelques épreuves, le tout avec des gags, des chutes, et des tunnels de dialogue sur l’amitié-blablabla entre deux personnages adoucis certes mais toujours un brin pénible à suivre. Certaines péripéties restent sympathique, comme la course dans un univers à mi-chemin entre Fast and Furious et Mad Max. Mais les deux héros sont tellement peu attachants et l’ensemble étant tellement sans enjeux qu’on ne peut que s’ennuyer.
C’est alors que survient un dernier acte totalement inattendu. Vous trouviez le personnage de Ralph balourd et pénible ? Les réalisateurs Rich Moore et Phil Johnston vont vous faire découvrir son coté obscur, grâce à un virus informatique. L’idée est parfaite, le visuel très bon et la référence à King Kong inattendue, d’autant plus que ce Ralph géant qui vient détruite Internet avec ses très grosses mains fait visuellement flipper. L’ensemble est d’autant plus étonnant de la part de Disney que cette dernière partie est un véritable avertissement aux jeunes filles, en mode « méfiez-vous ». Une personne trop gentille, trop proche, trop collante n’est pas forcément quelqu’un de juste agréable. Ca peut cacher quelque chose. Une ligne de dialogue entre deux personnages qui dit, en gros, qu' »elles se débrouilleront sans lui et que ce sera bien quand même » vient enfoncer le clou. On pense immédiatement aux ennuis de John Lasseter, patron de Walt Disney Studios mis à l’écart de la firme après du harcèlement sexuel avec ses employés. Même si le message n’est qu’esquissé, un film d’animation lambda se transforme d’un coup en premier Disney post mouvement MeToo. C’est d’autant plus inattendu qu’agréable de voir les équipes de Disney, désormais chapeautées par Jennifer Lee, évoquer le sujet.
Et même si au delà, cette suite des aventures de Ralph est un film bien oubliable.
Ralph 2.0, de Rich Moore et Phil Johnston – Sortie le 13 février 2019